| BLIAUD, BLIAUT, subst. masc. HIST. Sorte de longue tunique de laine ou de soie portée au Moyen Âge par les femmes et les hommes. Un bliaud de pourpre jeté sur son armure (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 317).− Région. Espèce de tunique de travail, portée par les hommes : Le costume régional, avec sa touche bariolée, (...) sera toujours moins intéressant que le costume vraiment porté, pris dans la vie ... ces sabots, ces braies, ce bliaut, cette mante, c'est ce qu'on a trouvé de plus pratique pour la boue, les neiges, ...
Pourrat, La Porte du verger,Uzès, éd. de la Cigale, 1938, p. 142. Prononc. ET ORTH. : [blijo]. Seule transcr. mod. donnée par Pt Lar. 1968. Land. 1834 et DG notent : bli-ó sans yod de passage. Ac. Compl. 1842 distingue bliaud (terme militaire, vêtement en forme de blouse ou de justaucorps) et bliaux (robe, justaucorps, manteau); cf. aussi Lar. 19e. DG donne uniquement la forme bliaud. Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. (Lar. 20eet Lar. encyclop.), Rob. et Quillet 1965 admettent bliaut ou bliaud. Étymol. ET HIST. − Ca 1100 blialt « sorte de tunique, vêtement du dessus ajusté, commun aux deux sexes » (Roland, éd. Bédier, 282); ca 1150 bliaut (Thèbes, éd. L. Constans, Paris, 1890, 394); fin xiies. bliaud (Lai Désiré, éd. Fr. Michel, p. 31 dans Gdf.); seulement en a. fr.; repris au xviiies. comme terme d'archéol. dans Trév. 1752 sous la forme bliaux, pluriel.
Terme de l'aire gallo-romane (a. prov. blidal, Pt Levy; blizal, 1181, Rouergue dans Brunel t. 1, no192, 5; bliau, xiies. dans Rayn.) passé dans l'esp. (dès 1140 dans Cor.) cat. port. brial, le m. h. all. blîal, blîant « étoffe de soie brodé d'or » (Lexer30) et l'angl. blihant « sorte de tunique, riche étoffe dont elle est tissée » (ca 1314 dans NED, s.v. bleaunt). Orig. obsc. (FEW t. 21, p. 517). L'hyp. d'un étymon frq. *blîfald « manteau de couleur écarlate » (Gamillscheg dans Boletim de Filologia, t. 10, p. 191 et Gam. Rom.2t. 1, p. 317; EWFS2) composé de *bli- que l'on peut déduire de l'a. sax. blî « coloré, brillant » et de *-fald à rapprocher de l'a. h. all. fald « action de plier, pli », a. nord. faldr « extrémité d'un vêtement » [cf. a. prov. faudas « pan d'un habit », a. prov. fodil « tablier » issus du got. *falda « pli », FEW t. 15, 2, pp. 99-103] fait difficulté parce qu'elle ne peut expliquer l'a. prov. blidal, blizal. − L'étymon a. h. all. bridelt, part. passé de bridelen, britelen « *tisser » (R. Gardner dans Romance Studies, t. 12, 1950, p. 63) est à écarter parce que ce verbe n'est pas attesté en a. h. all. mais en m. h. all. et seulement au sens de « serrer la bride » [à rattacher au m. h. all. brîdel, v. bride]. BBG. − Gamillscheg (E.). Französische Etymologien. Boletim de Filologia. 1949, t. 10, pp. 191-193. − Gardner (R.). A Note on old French bliaut. In : [Mél. Dey (W. N.)], Chapel Hill, 1950, pp. 63-65. |