| BIGLER, verbe. A.− Emploi intrans. Loucher. Rem. ,,Vieilli`` pour la plupart des dict. généraux. − P. métaph. : 1. Ils viennent trois fois par semaine pour se faire déboucher le gicleur ou redresser les phares qui biglent.
Giono, Les Grands chemins,1951, p. 187. B.− Emploi trans. ♦ Pop., arg. Regarder quelqu'un ou quelque chose avec curiosité, avec insistance, ou avec envie. Bigler une femme dans la rue, bigler une belle voiture, les moindres détails d'une scène : 2. Ils recommençaient à nous bigler... Ils posaient leurs loupes pour mieux voir... si on n'était pas des bandits... des escarpes en rupture de tôle!...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 185. ♦ Absol. : 3. Quand je remontais les boulevards, je le croisais, je l'apercevais de très loin... Il [Antoine] marchait pas comme les autres... Il s'intéressait à la foule... Il biglait dans tous les sens...
Céline, Mort à crédit,1936p. 196. − P. ext. V. synon. zieuter : 4. ...
Le jeune girafeau, cité première strophe,
Grimpé sur cette planche entreprend un péquin
Lequel, proclame-t-il, voulait sa catastrophe,
Pour sortir du pétrin bigle une place assise
Et s'y met.
Queneau, Exercices de style,1947, p. 102. PRONONC. : [bigle]. ÉTYMOL. ET HIST. − xvies. biscler intrans. « loucher » (P. Belon d'apr. DG); 1611 bisclant part. prés. (Cotgr.); 1642 (A. Oudin, Seconde part. des recherches ital. et fr., Paris); 1848 trans. (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4); d'où 1800 arg. bicler « regarder, voir » (Les Brigands Chauffeurs dans Sain. Sources Arg. t. 2, p. 90).
Empr. à un lat. pop. *bisŏcŭlare « loucher » (bis « deux fois, de travers » et *oculare « regarder » < oculus, œil*); forme bigler d'apr. bigle*. Dans l'hyp., moins vraisemblable, où bigle1* serait préexistant à bigler (EWFS2, v. bigle1), celui-ci en serait dérivé. STAT. − Fréq. abs. littér. : 22. BBG. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 90. − Pamart (P.). Mots de Chateaubriand. Vie Lang. 1969, no209, p. 456. |