| BIEN-PENSANT, ANTE, adj. et subst. A.− Adjectif 1. Qui a la pensée juste. ,,On dit d'Un homme qui a de bons sentimens, c'est un homme bien pensant. Tous les hommes instruits et bien pensans, sont d'avis qu'on vous nomme à cette place`` (Ac.1798, s.v. pensant). 2. Iron. ou péj. Qui pense « comme il faut », c'est-à-dire en conformité avec un système traditionnel de caractère religieux, social, politique : 1. La lettre portait le timbre de la rue Bonaparte. Ne seraient-ce pas des élèves de l'école des Beaux-Arts, bien-pensants?
E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 417. 2. ... qu'une certaine force d'âme, capable de grandeur dans le mal, est de plus riche promesse pour le bien que la sérénité bien-pensante des médiocres.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 687. SYNT. Un homme, un sénateur bien-pensant; l'élite, la société bien-pensante; les écrivains, les journaux, les salons bien-pensants; un air bien-pensant. B.− Emploi subst., souvent au plur. Celui qui est bien-pensant (supra A 2) : 3. Or, Waldeck-Rousseau, (...) grand bourgeois libéral et magnifique de la meilleure espèce parlementaire, ne pouvait guère passer pour un démagogue, un chambardeur, aux yeux des Bien-Pensants.
Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, p. 357. − Plus rare. Celui qui pense « bien », c'est-à-dire selon les normes de la société de son temps, du régime politique de son pays. Anton. déviant : 4. Les « bien-pensants » seuls auront droit à l'expression de leur pensée. Quant aux autres, qu'ils se taisent, ou sinon... c'est sans doute grâce à un totalitarisme anti-nazi que l'on pourra triompher du nazisme; mais demain c'est contre ce nouveau conformisme qu'il importera de lutter.
Gide, Journal,1945, p. 282. 1reattest. 1798 (Ac.); composé de bien* et de pensant, part. prés. de penser*. − [bjε
̃pɑ
̃sɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. − Fréq. abs. littér. : 22. BBG. − Darm. Vie 1932, pp. 69-70. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 59. |