| BICÉPHALE, adj. [En parlant de monstres, d'animaux légendaires, ou de leurs représentations] Qui a deux têtes : 1. Ô blasphème de l'art! ô surprise fatale!
La femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par le haut se termine en monstre bicéphale.
Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 37. A.− En part. 1. HÉRALDIQUE : 2. Casques, cimiers, fleurons, bannières triomphales,
Les lions couronnés, les vautours bicéphales,
...
Tout ce que le blason a de formes étranges,
Tourbillonne autour d'eux [les convives]...
Hugo, Les Chants du crépuscule,1835, pp. 39-40. 3. À Saint-Pétersbourg, ce sont trois espèces de fléchettes disposées en sautoir, complétées elles aussi par un millésime qui remplace l'aigle bicéphale du xviiiesiècle.
S. Grandjean, L'Orfèvr. du XIXes. en Europe,1962, p. 38. 2. MÉD. Tumeur bicéphale. ,,Tumeur du crâne atteignant le volume de la tête, qui fait sembler double cette dernière`` (Littré-Robin 1865). − Emploi subst. Un bicéphale. ,,Monstre à deux têtes`` : 4. Les forces physiques, loin de se recruter insensiblement par quatre repas égaux (...) sont révolutionnées brutalement et sans périodicité (...); alors de là naissent des générations poitrinaires, des bicéphales, des acéphales et bon nombre de gastrites...
Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 43. Rem. En tératologie, on emploie auj. de préférence le terme dicéphale. B.− Au fig. Dont le pouvoir, l'autorité est exercée en même temps par deux chefs, etc. : 5. Le pouvoir exécutif est bicéphale : il existe un chef de l'état, qui est distinct du chef du gouvernement.
G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 168. 6. ... la carence du système bicéphale, étalée devant les renseignés et provoquant, à l'étranger, un débordement de sarcasmes, soulevait dans tous les milieux français l'inquiétude et l'irritation.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 114. Rem. On rencontre dans la docum. a) Le subst. fém. bicéphalie. État de ce qui est bicéphale. ,,Tant que dura la bicéphalie du comité de la libération, cet état de choses subsista avec tous les inconvénients que comportait la dualité entre l'équipe d'information et d'action qui m'était attachée et celle qui servait Girault`` (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 167). b) Le subst. masc. bicéphalisme. Caractère d'un pouvoir, d'une organisation bicéphale (cf. Goldschmidt, L'Aventure atomique, 1962, p. 76). PRONONC. : [bisefal]. ÉTYMOL. ET HIST. − A.− Adj. 1. 1835 « à deux têtes », supra ex. 2; 2. 1835 fig. « qui présente une dualité » (Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum, p. 10), surtout empl. en parlant d'une institution gouvernementale. B.− Subst. 1845 tératologie (Besch.).
Composé de bi-* et de l'élément suff. -céphale*; cf. 1803 angl. bicephalous adj., tératologie (NED). STAT. − Fréq. abs. littér. : 10. |