| BENJOIN, subst. masc. Substance résineuse aromatique d'odeur vanillée, obtenue par incision du tronc du styrax tonkinensis et utilisée notamment en parfumerie (comme fixateur) et en médecine (pour le traitement de certaines affections respiratoires) : 1. Le Benjoin, comme le camphre se rencontre dans les forêts de Bornéo en quantité considérable. On l'exporte principalement à Java; il s'en consomme beaucoup dans les temples d'idoles où il sert comme l'encens à parfumer.
Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud,t. 7, 1844, p. 119. 2. Et comme tout en moi te chérit et t'admire,
Tout se fera Benjoin, Encens, Bliban, Myrrhe,
...
Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 95. 3. J'attendais le bonheur que les petites filles
Rêvent si fortement,
Quand l'odeur du benjoin et de vertes vanilles
Évoque un jeune amant
...
A. de Noailles, Les Éblouissements,1907, p. 34. − Spéc. Réaction du benjoin colloïdal. ,,Réaction de floculation d'une suspension colloïdale de benjoin par le liquide céphalo-rachidien, utilisée comme moyen de diagnostic de la syphilis et des méningites`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Prononc. : [bε
̃
ʒwε
̃]. La prononc. de en en [ε
̃] est confirmée expressément par Rouss.-Lacl. 1927, Buben 1935 et Grammont Prononc. 1958. Étymol. et Hist. 1479 benjuyn « substance résineuse aromatique » (Comptes du Roi René, éd. Arnaud d'Agnel, II, 376 dans IGLF Techn. : pour sept pièces de drap de soye du Caire, muscq, benjuyn); 1538 benioin (R. Estienne, Dictionarium Latinogallicum, p. 412). Empr. au cat. benjuí « id. » attesté dep. 1430 (ds Diccionari Aguiló d'apr. Cor. t. 1, s.v. benjuí), lui-même empr. à l'ar. lubān-ǧāwi « encens de Java » avec déglutination de la syll. initiale lu confondue avec l'art. cat. lo (v. Cor., loc. cit.; FEW t. 19, s.v. lubān-ǧāwi; Bl.-W.5); ce fait est confirmé par la localisation géogr. de la 1reattest., les rapports entre l'Aragon et le royaume d'Anjou ayant été étroits. Il a existé en outre (attestée en 1515) une forme bengin, de même orig. ar., entrée en France en passant par le détour du port. et de l'ital. Le lat. bot. benzoe, proposé comme étymon du fr. par Dauzat 1968, est au contraire une latinisation de benjoin (v. FEW, loc. cit.). Fréq. abs. littér. : 46. BBG. − Arv. 1963, pp. 88-89. |