| BELVÉDÈRE, subst. masc. ARCHIT. Petit pavillon ou terrasse au sommet d'un édifice, d'une maison, ou sur une éminence et d'où la vue s'étend au loin : 1. Baccarat monta au belvédère, donnant toujours la main à la petite juive. Ce belvédère, assez spacieux, se composait d'une petite salle vitrée, dans laquelle se trouvaient des sièges de jardin en fer ouvragé.
Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 76. SYNT. Le belvédère de la chapelle du Vatican, du Jardin des Plantes; l'Apollon du Belvédère; habiter un charmant belvédère. ♦ P. compar. : 2. ... il loua, rue des Orties, en haut de la butte des moulins, dans une maison à six étages, une étroite chambre meublée, une sorte de belvédère, d'où l'on voyait la mer sans bornes des toitures, depuis les Tuileries jusqu'à la Bastille.
Zola, La Débâcle,1892, p. 580. − P. ext. Plate-forme naturelle située sur un lieu élevé, qui constitue un point de vue remarquable pour découvrir un paysage : 3. De-là il nous conduisait sur un promontoire très-élevé et d'un accès difficile, couvert de beaux cèdres, d'où l'on découvroit presque toute l'étendue de cette vallée; c'étoit ce qu'il appeloit en souriant son belvédère.
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 41. 4. De Vézelay, belvédère naturel, on voit à une lieue vers l'est le paysage, tout bourguignon jusque-là, changer d'aspect. Le Morvan s'annonce comme une croupe à peine accentuée en saillie, mais qui contraste par son uniformité, sa tonalité sombre avec le pays calcaire.
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 112. − P. métaph. : 5. [À Juste Olivier :] Peisse est un bon esprit, mais pessimiste, instruit mais exclusif, trop chagrin pour sourire aux arts; c'est un bon esprit de rez-de-chaussée; il n'a jamais eu de belvédère. Bon critique d'ailleurs et judicieux écrivain.
Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 5, 1818-69, p. 574. 6. Je songe devant la vie de Vauban (une de ces vies des grands hommes dont Péguy voulait, mieux que des romans, faire les belvédères et les sommets de ses cahiers) à des bastions, qui n'auraient pas valu la peine d'être élevés si ce n'était pour préparer un homme libre et un homme juste.
Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 231. Rem. En bot., le mot désigne une plante de la famille des Rosacées. Synon. belle-à-voir. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bεlvedε:ʀ] 2. Forme graph. − Ac. 1798-1878 admet belvéder ou belvédère (Ac. souligne que pour belvéder on fait sentir l'r); cf. aussi Besch 1845, Lar. 19e(Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906 et Lar. 20e) ainsi que Guérin 1892, DG et Quillet 1965. Ac. 1932 emploie uniquement la forme belvédère; cf. aussi Rob. (Pt Rob.), Lar. encyclop. (Pt Lar. 1968) et Dub. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 donnent la forme belveder sans accent aigu sur le 2ee; ils soulignent à ce sujet : ,,Selon l'étymologie, le 2ee devrait avoir un accent aigu``. Land. 1834 note uniquement la forme belvéder avec e, un accent aigu sur le 2ee. Noter que la forme belvédère qui désigne une plante est traitée séparément de belvédère (archit.) dans Besch. 1845, Lar. 19e(et Nouv. Lar. ill.); elle est traitée s.v. belvédère (archit.) dans Ac. 1932 et Rob. qui mentionnent à son sujet la forme belle-à-voir. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1512 « pavillon construit dans un lieu d'où la vue est agréable, ou au sommet d'un édifice d'où la vue est étendue » (J. Le Maire, Illustrations, 1, 33 dans Quem. : Le palais du pape qu'on dit maintenant belvedère en italien); 2. 1536 bot. « sorte de plante, dite aussi belle-à-voir [kochia scoparia] » (Rabelais, Lettre à Monseigneur de Maillezais [écrite à Rome 15 févr.], éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 360 : On vend bien icy encores d'aultres granes, comme d'Oeillets d'Alexandrie, de violes matronales, d'une herbe dont ils tiennent en esté leurs chambres fraisches, qu'ils appellent Belvedere).
1 ital. belvedere (Brunot t. 2, p. 209; Sar., p. 20; Wind, p. 120 et 148; Nyrop t. 1, § 43), attesté dep. le xvies. (DEI), cf. Panzini, Dizionario moderno delle parole che non si trovano nei dizionari comuni, 1reéd. 1905 dans Batt. : Belvedere (o Bellavista o Bellosguardo) è bella nostra parola antica [...]. La voce belvedere è stata trasportata anche in francese e in altre lingue in significato press'a poco consimile, o di terrazza, o di edificio staccato in bella postura. 2 ital. belvedere (Sar., op. cit., Wind, op. cit., Sain. Lang. Rab., p. 148) attesté av. 1540 (DEI). L'ital. belvedere est composé de l'adj. bel « beau » et du verbe vedere « voir ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 126. |