| BATAILLER, verbe intrans. A.− Vx. Donner, livrer bataille : 1. Il est certain que chez Napoléon, la passion de légiférer fut égale au moins à celle de batailler : ...
P.-J. Proudhon, La Guerre et la paix,1861, p. 42. Rem. Ce sens est déclaré ,,vx`` par l'Ac. 1798 ainsi que par la plupart des dictionnaires. − P. ext. En venir aux mains, se battre pour des raisons insignifiantes : 2. Nicolas travaillait dans la forêt comme bûcheron, c'était un ouvrier; malheureusement il aimait à riboter et à batailler le dimanche dans les auberges.
Erckman-Chatrian, Histoire d'un paysan,1870, p. 81. − Au fig., cour. Disputer avec tenacité (pour convaincre qqn ou pour vaincre ses réticences) : 3. Du reste, il lui fallut batailler contre ses parents, qui s'entêtaient à prévoir les mauvais côtés de l'entreprise.
Zola, La Joie de vivre,1884, p. 860. ♦ Absolu : 4. Oh! ne pleure pas, va! ça n'arrangera rien. Bois ton thé. Que ce soit fini! voilà deux heures que nous perdons à batailler, à discuter.
Géraldy, Toi et moi,1913, p. 120. B.− S'opposer à une attaque : 5. Il y a dans ma race, non pas l'esprit d'attaque, (...) mais la fermeté réfléchie, persévérante et opportune. (...), le Lorrain avait fondé sa race; par les armes, il essaye héroïquement de la protéger. (...). Comment eût-il développé ces dons d'ironie, ce réalisme humain si noble qu'il nous fit entrevoir? Il bataillait sans trêve à côté de son duc.
Barrès, Un Homme libre,1889, p. 122. − P. métaph. : 6. La ferme est vaste, un vieux bâtiment dans une cour à pommiers, entourée de quatre rangs de hêtres qui bataillent toute l'année contre le vent de mer.
Maupassant, Contes et nouvelles,Les Bécasses, 1885, p. 205. − P. ext. [l'adversaire est une pers.] : 7. Je voudrais que toutes ces affaires fussent finies, parce qu'elles nous irritent, (...), parce qu'au lieu de batailler avec les autres nous nous querellons entre nous.
Becque, Les Corbeaux,1882, p. 166. − Au fig. [L'adversaire est une abstraction, un projet ou un état de fait] :
8. Il m'a fallu batailler trois ans pour obtenir que cesse l'épandage, aux portes du village, (...), des matières déversées avec générosité par cette construction parasitaire.
Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 168. ♦ Emploi pronom. : 9. ... et ce n'est pas seulement une formule, il aime vraiment rendre service; il est toujours prêt à se batailler contre l'injustice, et à redresser des torts.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 134. Prononc. : [batɑje], (je) bataille [batɑ:j]. En ce qui concerne une prononc. avec l mouillé, même indications que pour bataille. Enq. : /bataj/ (il) bataille. Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1130 « livrer bataille » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 610 dans T.-L. : Vei la bel chevalier ... S'ëust son per ou dëust bataillier, Fiers fust ancui l'estors al comencier), qualifié de ,,vieux`` dep. Ac. 1694; 2. 1275 fig. « lutter pour obtenir les faveurs d'une femme » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8560 : S'el rest bele, tuit i aqueurent, [...] Tuit i luitent, tuit i bataillent, Tuit a li servir s'estudient); 1690 (Fur. : Batailler. Qui ne se dit qu'en cette phrase figurée. Il m'a bien fallu batailler avant que d'obtenir telle chose, c'est à dire, avoir bien des contestations).
Dér. de bataille*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 72. |