| ![]() ![]() ![]() ![]() BASSE1, subst. fém. A.− [Dans une œuvre musicale] Partie d'un morceau qui fait entendre les sons les plus graves et sur laquelle s'établissent les accords d'harmonie. Synon. Basse harmonique : 1. ... il [le courrier mélomane] me présentait aussitôt sa polka... pour que j'en ecrivisse la basse et l'harmonie...
H. Berlioz, Souvenirs de voyages,1869, p. 231. 2. La Basse ne comportant d'ordinaire qu'une seule note exécutée par la main gauche, ...
H. Reber, Traité d'harmonie,1949, p. 9. 1. En partic. − Basse noble, basse profonde. Partie qui exécute les sons les plus graves (plus grave que la basse-taille* et la basse-contre*) : 3. ... s'arrêtant, redressant gravement la tête, prenant une note de basse profonde qu'il tâcha de rendre harmonieuse, il ajouta : « et c'est si loyal! »
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 255. ♦ P. métaph. : 4. ... des thèmes, pour lui [Byron] nouveaux, apparaissaient dans les vers qu'il écrivait alors. Au « vanité des vanités » qui formait la basse profonde de toute poésie byronienne se mêlaient des notes plus douces.
A. Maurois, Byron,t. 2, 1930, p. 83. 5. Un raidillon nous mène en moins de rien devant l'évêché, une bien jolie bâtisse du dix-huitième siècle, mélange de grès blond de Salamanque et d'une pierre bleutée qui fait une basse harmonique à cette chanson dorée.
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 262. − Basse chiffrée. ,,Au xviiiesiècle (...) on créa des procédés d'enseignement pour apprendre l'Art de composer, parmi lesquels on faisait usage de basses composées de notes au-dessus desquelles on plaçait des chiffres correspondant aux intervalles formant des accords que les élèves devaient écrire ou jouer sur l'orgue ou le clavecin`` (Rougnon 1935). ♦ P. métaph. : 6. ... les condors des Andes qui s'inscrivent comme des coulées de notes noires... entre les portées parallèles des Cordillières, dont les volcans enneigés sont les blanches en arpège ou les accords d'accompagnement, la basse chiffrée, le point d'orgue...
Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 155. − Basse continue. ,,Lorsque s'accomplit tant à l'église qu'à la chambre et au théâtre, l'avènement du style monodèque, on adopta la figuration de la partie d'A[ccompagnement] sur une seule portée de basse, chiffrée ou non, dite basse continue ou continuo, que l'accompagnateur développait selon des formules convenues, sur l'instrument qui lui était familier`` (M. Brenet, Dict. pratique et hist. de la musique, 1926, p. 26). Basse contrainte. ,,Partie de basse dans laquelle un sujet, borné à un petit nombre de mesures, se reproduit sans cesse, tandis que le compositeur s'est astreint à varier le chant et l'harmonie dans les parties supérieures`` (Bach.-Dez. 1882). Basse fondamentale. ,,Basse qu'on pourrait appeler théorique, parce qu'elle n'est formée que des sons fondamentaux de l'harmonie`` (Bach.-Dez. 1882). ♦ P. compar. : 7. .., dans une tête philosophique, il n'y a point, et il ne peut y avoir, de questions entièrement indépendantes et substantiellement isolées. On y trouve, au contraire, comme une basse continue, le sentiment, le son fondamental d'une dépendance latente, quoique plus ou moins prochaine, entre toutes les pensées qu'elle contient ou pourrait jamais contenir.
Valéry, Variété 3,1936, p. 140. 8. ... ces voix d'enfants, ces cris, ces chocs dans la maison de granit et de sapin près de la mer... Ces sursauts de l'ouïe dont le chant de cuisson et de frisson, le soyeux et homogène froissement forme la base, ou la basse continue, donne aussi l'idée, au possesseur de l'oreille philosophique, − sous l'apparence de vie, de vacarme et de jaillissement, − d'une dissipation, dépense.
Valéry, Tel quel II,1943, p. 23. 2. P. anal. Des basses sourdes, caverneuses : 9. ... au milieu de la canonnade sourde des vagues, sous un rayon de soleil passager, on entendit nasiller un disque et − sur la basse inégale du ressac, au milieu de la grande caisse de résonance des nuages et de l'eau − sans trace aucune de vulgarité.
Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 14. ♦ Un bruit de basse profonde (noble), qui fait entendre des sons très graves : 10. À force de pas et de glissements d'autos dans tous les quartiers s'était élevé un grondement de basse noble qui ondulait sur un mouvement de respiration logique, mais surhumaine. Il soutenait le ténor déchirant des tramways, frottant la courbe des rails dans les détours du boulevard...
J. Giono, L'Eau vive,1943, p. 316. B.− Voix de basse. Voix apte à chanter les parties basses : 11. En un clin d'œil nous arrivâmes à la brasserie où tous les soirs une société chorale d'Allemands graves vient prendre son bock et chante gratis, avec d'effroyables voix de basse et des hurlements qui se marient au bruit du Rhin, les chœurs de tous les opéras de Wagner, de Weber et de Gluck.
Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1869, p. 130. − Spéc. (Voix de) basse noble ou profonde, voix la plus grave. Basse chantante. ,,Voix de basse (...) (qui) ne le cède en rien aux voix aiguës pour le charme et la légèreté`` (Bach.-Dez. 1882). − P. méton. Celui qui a une voix de basse : 12. ... Remorini... belle basse, et qui a une voix très flexible, très travaillée, chose rare dans les basses...
Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 1, 1817, p. 19. C.− Instrument de musique exécutant les parties basses. − Basse de viole, basse de violon. Instruments à cordes, ancêtres du violoncelle. Basse à cordes. Violoncelle : 13. Quatre petits démons, sous un archet de fer, font ronfler et mugir quatre basses géantes. Un gras soprano tord ses mâchoires béantes.
T. Gautier, Albertus,1833, p. 181. Rem. Cf. Ténot 1967 : ,,basse, abréviation de contrebasse``. − ,,Instrument de cuivre usité dans les musiques d'harmonie et de fanfare`` (Rougnon 1935). − Les basses d'un instrument. Les grosses cordes. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. − Expr. fam. Doucement les basses. Expression qui sert à modérer les paroles ou l'action de quelqu'un : 14. aurélie − Écoute, je vais te dire la vérité.
le boulanger − Oh! Doucement les basses, mon petit cœur. C'est encore un truc comme les trucs de M. le Curé, ça : il faut regarder les choses en face... Un peu de vérité, je ne dis pas, mais beaucoup de vérité... Je me fais vieux, qu'est-ce que tu veux, une clarté un peu vive ça me gêne, ça me pique les yeux.
Giono, La Femme du boulanger,1943, III, 15, p. 343. Rem. 1. En arg. la basse, la terre (cf. Michel 1856, Larch. 1880, France 1907, La Rue 1954 et Esn. 1965). 2. Man. ,,Pente douce sur laquelle on dresse le cheval à galoper et à plier les jambes`` (Littré; attesté dans la plupart des dict. généraux). Prononc. − 1. Forme phon. : [bɑ:s]. 2. Homon. : basse2. Étymol. ET HIST. − [1512 déjà dans basse-contre*] 1. 1660 « la partie qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l'harmonie » (Oudin, Fr.-Esp.); 2. 1670 « voix d'homme la plus grave » (Molière, Bourg. gent. II, 1 dans Livet, Lex. de la lang. de Molière, Paris, Imprimerie Nationale, p. 220 : Il nous faudra trois voix : un dessus, une haute-contre et une basse, qui seront accompagnées d'une basse de viole); 3. 1670 basse de viole (Id., op. cit.); 1690 « se dit des instruments servant à jouer la partie basse » (Fur.).
Empr. à l'adj. ital. basso (fém. bassa) (EWFS2; Dauzat 1968; Bl.-W.5; DEI). L'ital. basso, adj. substantivé, terme de mus. désignant la partie d'un morceau la plus grave en harmonie, est attesté dep. 1561 (A. Citolini, La Tipocosmia, 491 dans Tomm.-Bell.) au sens de « corde au son grave » (Id., op. cit., 494, ibid.); dep. 1640 pour désigner l'instrument qui exécute la partie la plus grave (Doni Giovanbatista [1594-1647] I. IX., ibid.) et av. 1643 pour désigner la plus grave des voix masculines (Id., I, 284 dans Batt.), cf. basso continuo dep. 1640 (Id., 2, 34, 99 dans Tomm.-Bell.). STAT. − Voir stat. après basse2. BBG. − Duf. t. 2 1965, p. 362. − Pope 1961 [1952], § 570. − Rougnon 1935, p. 22, 134, 135, 198, 216. |