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BASOCHE, subst. fém.
A.− HIST., DR. Ancienne association hiérarchisée des clercs de procureurs du Parlement de Paris et de certaines villes de province, ayant de nombreux privilèges, dont une juridiction particulière. Il y avait un roi, un chancelier de la basoche (Ac.1835-1932) :
1. Après le royaume des argotiers, venait l'empire de Galilée. (...) Enfin venait la basoche, avec ses mais couronnés de fleurs, ses robes noires, ... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 81.
SYNT. Basoche de la Chambre des comptes ou Haut et souverain empire de Galilée. Ancienne communauté des clercs de procureurs de la Chambre des comptes (attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., Quillet 1965). Basoche du Châtelet ou Communauté des clercs du Châtelet. Ancien corps des clercs de procureurs du Châtelet (attesté dans Besch. 1845, Lar. 19e, Lar. encyclop., Quillet 1965).
B.− P. ext., fam. ou péj.
1. Ensemble des hommes de loi, de justice :
2. Le juriste fait prime [à San-Francisco]. On s'arrache tout ce qui de près ou de loin touche à la basoche. Cendrars, L'Or,1925, p. 202.
2. Ensemble de traits particuliers à cette catégorie de personnes :
3. Avec moins de basoche, son ton serait d'un joli dandysme, mais, la jeunesse et la fleur du succès fanées, (...), on ne lui verra plus que des manières d'entremetteur. Barrès, Leurs figures,1901, p. 280.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. basochard, adj. masc., fam. ou péj. (E. Estaunié, Les Choses voient, 1913, p. 10; suff. -ard*). Relatif au corps des hommes de loi. Tiers [État] parlementaire ou basochard (Id., ibid.).
Prononc. ET ORTH. : [bazɔ ʃ]. Barbeau-Rodhe 1930 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ɑ ˑ] post. mi-long. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20eenregistrent parallèlement basoche et bazoche.
Étymol. ET HIST. − [1144 basocham, forme latinisée, en topon. (Eure-et-Loir); d'autres ex. au xiies. dans Dauzat-Rost. Lieux 1963]; début xiiies. « basilique » (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 7676 dans T.-L. : Une autre iglise refonderent Au mur, ou le cors saint porterent, Qu'il ont la Besoiche apelee. Iqui fut jadis grant et lee La sale Valentinïen), hapax d'auteur; sens demeuré dans les topon. de même forme (Gdf.); 2. xves. « communauté des clercs du Parlement de Paris » (d'apr. le dér. basochien* attesté en 1480); 1519 (Jean Bouchet, Épitaphe de Pierre Blanchet dans Recueil de Farces, Soties et Moralités, Préface, p. 7, éd. P.L. Jacob, 1882 : Luy, jeune estant, il suyvoit le Palais Et composoit souvent rondeaux et laiz; Faisoit jouer sur eschaffaulx Bazoche, Et y jouoit par grant art sans reproche); 1611 basoche (Cotgr.); 1878 p. ext. (Ac. : Il se dit aussi familièrement des gens de justice et de palais. Il appartient à la basoche. Les habitudes de la basoche). Du lat. basilica (basilique*) « édifice public couvert où se rendait la justice (et dont certaines parties pouvaient servir de marché couvert) », « église ou chapelle chrétienne », avec évolution phonét. partic. : on attendrait *baseuche (cf. La Bazeuge Haute-Vienne). Le topon. est partic. attesté dans le Centre et la partie ouest de la lang. d'oïl jusque dans l'Aisne. Le sens du topon. se rattache soit au sens d'église ou de monument érigé en mémoire d'un martyr, bien attesté en lat. chrét. et médiév. (Nierm. s.v.), soit dans des cas partic. à celui de marché couvert; s'il est probable que le subst., en tant que nom commun, est de même orig., son cheminement est obscur; s'agit-il d'une reviviscence sav. du sens de « tribunal » qu'avait le mot en lat. class., ou de l'ext. aux clercs d'une cour de justice d'un terme appliqué à l'ensemble des ecclésiastiques attachés à une église?
STAT. − Fréq. abs. littér. : 46.
BBG. − Pamart (P.). La Parole est d'argent, mais le silence est d'or. Vie Lang. 1971, p. 140. − Pope 1961 [1952], § 352, 502. − Rog. 1965, p. 106.