| ![]() ![]() ![]() ![]() BARGE3, subst. fém. A.− Région. Une barge. Beaucoup, en grand nombre. Des pommes, y en a une barge cette année (Canada1930). B.− Région. du Centre et de l'Ouest. 1. Gros tas de foin, de paille, de blé (cf. Littré, Guérin 1892). 2. Tas de menu bois, de fagots (cf. Littré) : À mesure que grandissaient la haie double du petit chemin (...), et le frêne tout rond qui couvre encore la barge de bois, (...), Gilbert Cloquet ralentissait le pas.
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 380. 3. Grenier à foin situé au-dessus de l'étable (cf. Littré). Prononc. : [baʀ
ʒ]. Étymol. ET HIST. − 1453 « meule de paille, de foin » (Lettre de rémission, Reg. 184, ch. 344 dans Du Cange, s.v. berga : Perrin Adam descendit de dessus le pailler ou Barge des pailles d'icellui lieu où il estoit tenant en sa main une fourche); 1605 « tas de bois » (Le Loyer, Hist. des Spectres, IV, 11 dans Hug. : Et ont les Borussiens opinion que ces Esprits habitent ès lieux les plus abjects et escartez de la maison, comme ès barges et buchers de bois); se maintient surtout dans l'Ouest et le Centre où il sert aussi parfois à désigner un hangar à bois ou un grenier à foin.
Issu d'un *barga, prob. d'orig. gaul. L'hyp. de cette orig. s'appuie sur les éléments suiv. fournis par Jud dans Romania, t. 46, pp. 468-475 : 1. La répartition géogr. du mot dans l'aire romane : Rhétie et Italie du Nord où le mot est attesté au sens de « hutte » et de « meule »; France, principalement dial. de l'Ouest où barge présente le sens de « meule »; Espagne et Portugal où le mot est relevé au sens de « hutte couverte de paille, chaumière », v. aussi REW3, no958. 2. L'existence du topon. Barga, attesté en Émilie dans la Tabula Veleiana, 103-112 apr. J.-C., qui suggère une base celt. *wraga (cf. skr. vraja-h « parc à mouton, étable », m.irl. fraig « paroi », irl. mod. fraigh « paroi tressée, toit, parc à moutons »), d'où un gaul. *braga, *barga (par métathèse). Le passage de la notion de « treillis, paroi tressée » à « fenil, grange » et « meule » n'offre pas de difficulté : cf. l'a.b.frq. *hurd « claie, treillis », d'où hourd* « construction (faite avec des claies) », dial. (Charleville) our « fenil », même dial. « masse de chanvre placée sur l'échafaudage » (FEW t. 16, p. 269a); sur l'orig. celt., v. aussi Cor., s.v. varga.
Le rapprochement de *barga avec le gaul. *barros « touffe » par l'intermédiaire d'un dér. gaul. *barrieu (Ettmayer dans Indog. Forsch., t. 33, 6 d'apr. Jud, loc. cit.) est rendu impossible par l'attest. du topon. Barga au iies. L'hyp. d'une orig. germ. (Holthausen dans Z. rom. Philol., t. 39, p. 492; Brüch, ibid., t. 36, p. 579) n'est pas à retenir du fait que le mot n'a comme représentant dans l'aire germ. que le suisse all. bargen et le m.b.all. barch, qui sont au contraire d'orig. romane (REW3). Une identification de barge « meule » avec barge « bateau » en raison d'une prétendue identité de forme (Horning dans Z. rom. Philol., t. 27, p. 151) est invraisemblable. |