| ![]() ![]() ![]() ![]() BARDER3, verbe intrans. A.− Pop. [En parlant du travail] Ça barde. Cela devient très pénible : 1. ... le dur service avait repris, le bon temps était fini, cela bardait comme au bagne et les nouveaux officiers nous faisaient baver pour avoir les hommes bien en main.
Cendrars, L'Homme foudroyé,1945, p. 18. − Au fig. [En parlant d'une dispute trop vive, etc.] :
2. C'est elle qui excitait c'vieux nœud contre nous : sans elle, il était plus bête que méchant, mais du coup qu'elle était là, i' d'venait plus méchant qu'bête. Alors, tu parles si ça bardait...
Barbusse, Le Feu,1916, p. 262. − [Avec une idée d'appréhension ou de menace] Ça va barder : 3. Fuzet, lui, est coffré : on l'accuse d'être l'auteur des mains sanglantes, tu sais, l'affiche contre l'État-Major... Ça va barder, faut s'y attendre, mes petits.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 545. B.− Arg. des casernes. Faire un travail pénible, trimer. Nous allons barder; il va nous faire barder (Sold. ds Esn.1966). − Région. Aller vite (cf. étymol.). Rem. On rencontre dans la docum. la loc. adv. à toute barde (où barder est sans doute un subst. déverbal) : à toute vitesse, à toute allure : 4. ... Et cette recharge demande l'arrivée des gaigousses, apportées à toute barde par les mousses dans leur seau de cuir...
J. de La Varende, Jean Bart pour de vrai,1957, p. 121. ÉTYMOL. ET HIST. − A.− 1751 « charger » (Encyclop. t. 2 : Barder, c'est [...] l'action de charger une pierre sur un chariot, sur un bar [...] pour la mener du chantier au pié du tas). B.− 1846 « être lourd » arg. dans Esn., supra barder2II; 1901 arg. (Rossignol, Dict. d'arg., arg.-fr. et fr.-arg., p. 11 : C'est probablement de barda [= havresac du troupier que vient le mot barder...] Barder, être lourd. − « J'ai coltiné toute la journée des colis qui bardaient »). C.− 1889 arg. mil. « travailler dur » dans Esn. supra barder3B; d'où 1894 « devenir pénible » (Sold. dans Esn. : ça barde pour ton matricule). D. 1908 dial. ang. mar. (Verr.-On., p. 74 : Barder [...] Drosser, affaler [...] Le vent les a bardés contre la pile du pont); 1920 arg. parisien (Sain. Lang. par., p. 169 : Barder [...] Courir vite − du cheval −, aller de côté et d'autre − d'une voiture rapide); 1925 (G. Collinet, Recueil des régionalismes de la haute montagne : Barder. Une voiture barde lorsque les roues glissent de côté sans tourner. La voiture barde lorsqu'elle est trop chargée).
A est dér. de bard*; dés. -er. D paraît dér. d'un type *barrum « boue » bien représenté en prov. dep. ca 1190 (v. Levy; Mistral et FEW t. 1, p. 263) le sens originel étant alors « glisser (comme dans la boue) »; cf. embardée. B et C se rattachent soit à A (« charger », « être lourd », « peiner ») soit à D (« patiner », « peiner », « être lourd »); mais il est possible que A et D aient déjà été confondus au xixes. comme le reflète l'ex. de 1925 cité sous D. STAT. − Fréq. abs. littér. : 18. |