| BANLIEUE, subst. fém. A.− Vx. Circonscription territoriale qui s'étendait à une lieue hors de la ville et dans laquelle un juge pouvait exercer sa juridiction. B.− P. ext., cour. 1. Territoire et ensemble des localités qui environnent une grande ville. Banlieue industrielle; banlieue de Paris; la population des banlieues : 1. La campagne, le faubourg et la banlieue se mêlaient sur les deux rives. Des lignes de peupliers se montraient entre les maisons espacées comme au bout d'une ville qui finit.
E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 11. 2. ... une cendre crépusculaire, noyant les façades, semblait tomber déjà sur l'éventail élargi des voies (...) au lointain, se croisaient sans cesse les départs et les arrivées de la banlieue et de la ceinture.
Zola, La Bête humaine,1890, p. 16. 3. Le train passa les immédiates banlieues, prit la demi-vitesse qui avait si longtemps signifié la libération des voyages, et tentait de la signifier encore, mêlée au frais de la nuit.
Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 372. 4. Les banlieues sont aménagées sans plan et sans liaison normale avec la ville. Les banlieues sont les descendantes dégénérées des faubourgs.
Le Corbusier, La Charte d'Athènes,1957, p. 24. SYNT. Banlieue ouvrière, résidentielle; la banlieue rouge; la banlieue parisienne; la banlieue de Rouen (Ac. 1798-1932). ♦ La grande, l'extrême banlieue. La banlieue éloignée : 5. Ils avaient été en avril, en mai, le reconnaître loin de Paris, dans ces départements pacifiques de la grande banlieue où les saisons éclatent et s'effondrent librement.
Nizan, La Conspiration,1938, p. 130. ♦ Train de banlieue. Train qui dessert les localités de la banlieue : 6. Nous prenons un train de banlieue
Qui nous brouette à quèques lieu's
Dans le vrai pays du petit bleu,
...
Verlaine, Premiers vers,1858-66, p. 12. − P. métaph. a) [L'idée dominante est celle de proximité] La petite banlieue de la terre (Guilb. Aviat.1965). b) [L'idée dominante est celle de situation périphérique] :
7. Il faut qu'on me répète vingt fois (...) comment M. Alfred Cohen s'est installé, par alliance, dans l'extrême banlieue de la famille.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 21. 2. P. méton. Une banlieue. Une localité de la banlieue : 8. Il traversait maintenant une petite banlieue ouvrière, avec des manufactures ici et là. L'une d'elles était éclairée, il y ronronnait des machines.
Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 179. C.− Emploi adj., fam., péj. Dépourvu de la distinction, du bon goût prêté à ce qui vient de la ville. Synon. banlieusard.Un accent tout à fait banlieue (L. Paillet, Voleurs et volés,1855, p. 70): 9. − Martin, disais-je à l'un, vous avez là un pantalon qui est légèrement banlieue; tâchez de vous culotter autrement à la prochaine garde, mon camarade.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 174. PRONONC. : [bɑ
̃ljø]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1185 dr. féod. « espace (d'environ une lieue) autour d'une ville, dans lequel l'autorité faisait proclamer les bans et avait juridiction » (Beauvillé, Recueil de doc. inédits concernant la Picardie, 1860-82, t. 4, p. 21 : Dedens le banlieue n'estra rechus campions loueis contre home de le kemuigne); 2. 1710 empl. fig. et iron. (La Fontaine, La Coupe enchantée, sc. 17 dans DG : L'on approche votre domaine [votre femme] de plus près que de la banlieue), très rare; 1718 au propre « campagne qui forme les alentours d'une ville » (Ac.).
Composé de ban* étymol. 1 b et 2, et de lieue* sur le modèle du lat. médiév. : dès 1069 lat. médiév. bannileuga au sens 1, attesté à Toul (Waitz, Urk. deutsch. Verf. gesch. no2 dans Nierm.), puis en territoire fr., en 1080 (Métais, Cart. de la Trinité de Vendôme, I, no295, ibid.) et qui est encore fréquemment attesté aux xie-xiiies. sous les formes bannileuca, banleuca, banleugium (Du Cange, s.v. bannum 3); cf. m. h. all. banmile, composé de l'a. h. all. ban (ban*) et mile (all. Meile « lieue »). STAT. − Fréq. abs. littér. : 666. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 154, b) 968; xxes. : a) 1 251, b) 1 429. |