| BANANE, subst. fém. A.− Baie oblongue, fruit disposé en régime, de certaines espèces de bananiers, à peau jaune lorsqu'il est mûr, à pulpe comestible, farineuse et sucrée : 1. L'histoire de la famille des bananes est fort instructive. Toutes les variétés connues proviennent de rejets et non de graines; par conséquent, si nous trouvons la banane cultivée dans quelque partie du monde où il n'en existe pas d'espèce sauvage, c'est que les hommes ont dû planter là des rejets. Or la banane sauvage ne s'étend vers l'est que jusqu'à Tahiti et pourtant on la cultive des milliers de milles plus loin, à l'île de Pâques. Les Polynésiens ont donc dû l'apporter jusqu'à cet avant poste de leur civilisation. Par ailleurs les botanistes nous apprennent que les bananes sauvages africaines, avec leurs fruits non comestibles, leurs grandes graines et leur absence de rejets n'ont jamais pu devenir les bananes cultivées dont se nourrissent des millions de nègres. Les rejets doivent donc provenir de l'Asie méridionale où les bananes cultivées et leurs ancêtres sauvages poussaient peut-être les unes à côté des autres.
R. H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 48. ♦ Figue-banane. Variété plus fine et plus recherchée, de taille plus petite que la banane commune : 2. Il y a des bananes de saveurs très-variées. (...) L'espèce commune, appelée figue banane, est onctueuse, sucrée, farineuse, et offre une saveur mélangée de celles de la poire de bon-chrétien et de la pomme de reinette. (...) Les espèces de bananes sont très variées en saveurs. Elles sont d'autant meilleures qu'elles croissent plus près de l'équateur, sous l'influence directe du soleil. Il y en a de délicieuses aux Moluques, dont les unes sont aromatisées d'ambre et de cannelle, d'autres de fleurs d'orange.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 64. − Au fig. Peau de banane. Ce qui fait tomber : 3. ... il y a trop d'embûches, trop de gens sur votre chemin qui ont intérêt à glisser sous vos pas la peau de banane...
P. Vialar, La Mort est un commencement,La Carambouille, 1949, p. 166. − P. ell. (et toujours postposé), emploi adj. Qui est de la couleur de la banane : 4. Ce quartier de Grenade, (...) a gardé son aspect de bourg mauresque : craquelures de ruelles, (...) les maisons basses, d'un blanc crayeux, peintes et repeintes à la chaux, un cadre jaune, rose ou banane autour des portes et des fenêtres; les toits de tuiles ourlées ou coupées en terrasse...
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 111. B.− Spécialement 1. ÉLECTR. Fiche-banane. ,,Fiche mâle, d'usage courant dans les installations domestiques`` (Siz. 1968). 2. Argot a) Décoration militaire : 5. Les gaffes de Clairvaux l'avaient à la caille de voir les bananes de Gégène de la Maubert. Car, vu qu'il avait affluré sa Légion d'honneur à Verdun et qu'elle était fixée sur la lourde de sa cellote, ils étaient obligés de saluer en passant devant à chaque triage. Et comme ils y passaient une centaine de fois par jour...
Le Breton1960. Rem. Cf. également Esn. Poilu 1919, p. 61; G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956. − Plus spéc. Médaille militaire (cf. Esn. Poilu 1919, p. 61) : 6. − La médaille, affirma fièrement la mère de Bobèche, qu'ils appellent dans l'argot la banane.
F. Carco, L'Équipe,1919, p. 134. − [Dans l'armée d'Afrique et coloniale] Décoration coloniale et exotique (cf. G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956, s.v. bananes) à l'exclusion de la Médaille militaire (cf. G. Esnault, ibid.). b) Divers objets − ,,Grand hélicoptère à deux rotors`` (Rob. Suppl. 1970 qui l'atteste seul). − ,,Kayak fatigué, dont la carcasse se courbe (canoéistes, 1952)`` (Esn. 1966). − ,,Meuble déjeté (antiquaires, 1956)`` (Esn. 1966). Rem. Attesté également dans Rob. Suppl. 1970. − ,,Partie saillante verticale d'un pare-choc`` (Esn. 1966). PRONONC. : [banan]. Enq. : /banan/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1598 bot. Bannana (W. Lodewijcksz, Premier livre de l'histoire de la navigation aux Indes orientales par les Hollandois [texte fr. écrit par un Hollandais], fo10 vodans Arv., p. 81 : Nous avons trouvé [dans l'île de Sainte-Marie, près de Madagascar] grand nombre d'habitans sur le rivage, qui nous apportoient beaucoup de Limons et Palmitas [...] aussi des Bannanas, du laict et pressure); 1602 banane (A. Colin, Histoire des Drogues, p. 301 [trad. fr. d'un ouvrage lat. lui-même trad. du port., ici trad. d'un commentaire en lat. de L'Escluse], ibid., p. 82 : Elles sont ainsi [Bananas] appellées à Lisbonne, ou i'en ay veu quelques plantes, lesquelles toutesfois ne portoyent point de fruit, car on les appelle encores auiour d'huy Figuera Banana, cest à dire figuier portant Bananes).
Empr. au port. banana « id. », attesté dep. 1562 (Cartas avulsas, 338, Espiritu Santo dans Fried.), lui-même prob. empr. au bantou de Guinée. V. Fried; Dalg. t. 1, s.v. banana; Cor. t. 1 id.; Mach., id.; König, pp. 26-27; Arv., pp. 80-85; FEW t. 20, p. 86; R. Loewe, Z. vergl. Sprachforsch., t. 61 (1933), pp. 112-114; cf. Friederici, v. bbg.; M. Wis, Neophilol. Mitt., v. bbg. STAT. − Fréq. abs. littér. : 105. BBG. − Arv. 1963, pp. 80-85. − Friederici (G.). Lehnwörter exotischer Herkunft in europäischen Sprachen. Z. fr. Spr. Lit. 1934, t. 58, pp. 135-155. − Goug. Mots t. 1, 1962, p. 101. − König 1939, pp. 26-27. − Loewe (R.). Über einige europäische Wörter exotischer Herkunft. Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung. 1934, t. 61, pp. 112-114. − Wis (M.). « Fructus in quo Adam peccavit ». Über frühe Bezeichnungen der Banane in Europa. Neuphilol. Mitt. 1958, t. 59, pp. 1-34. − Wis (M.). Nochmals zur Banane. Neuphilol. Mitt. 1960, t. 61, pp. 58-62. |