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BALÈVRE, subst. fém.
A.− Vx. et inus. Lèvre inférieure.
Au plur., péj. Grosses lèvres.
B.− P. anal., TECHNOL.
1. MAÇONNERIE
a) ,,Excédent d'une arête en pierre sur celle de la pierre contiguë`` (Noël 1968).
b) ,,Irrégularités que l'opération du ravalement fait disparaître`` (Jossier 1881) :
1. [Le] Ragréage [est une] opération consistant à recouper les balèvres du mortier aux joints de plancher du coffrage et à reboucher les manques de béton... E. Robinot, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment,I, 1924, p. 182.
c) P. ext. Petites saillies qui se présentent lorsqu'une pièce de charpente, de menuiserie ou de serrurerie ont été mal dressées.
2. FOND. ,,Bavures qui existent sur un moulage au point de jonction des différentes pièces du moule`` (J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884). Limer, meuler les balèvres :
2. Quand le fondeur a terminé sa délicate besogne... le sculpteur voit son œuvre transformée en bronze... Il ne reste plus au statuaire qu'à réparer le bronze... c'est-à-dire à faire disparaître la trace des tuyaux, à rabattre ces rugosités que les fondeurs appellent des balèvres, en un mot, à polir, à finir. Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 358.
PRONONC. : [balε:vʀ ̥].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1remoitié xiies. « (grosse) lèvre » (Antioche, éd. P. Paris, II, 51 dans T.-L. : Si n'en i avoit nul, n'ëust les poins coupés, Ou n'ait un oil perdu ou ambedeus crevés, Del nes et des balevres qu'il n'i soit eströés), se trouve surtout sous les formes balievre, baulevre, baulievre, baulivre (xiies., Destruction Rome, ibid.), jusqu'au xvies., Montaigne dans Hug.; 1704 technol. archit. (Trév.); 1771 fond. (ibid.). Composé de lèvre* et d'un élément ba- qui peut-être : − soit issu d'un a.b.frq. *balu « mauvais » (a.h.all. balo « pernicies, nequitia » dans Graff t. 3, col. 92) avec évolution phonét. de -l/l- en -ul- (cf. *spalla [lat. spatula] > épaule) pour le type baulèvre, et en -l- (par réduction des consonnes géminées à la consonne simple) pour le type balèvre (v. FEW t. 5, p. 108), − soit issu du préf. bes- (lat. bis) où e est devenu -a- devant la consonne labiale (cf. *bǐláncea > balance, *zēlósu > jaloux). Cette hyp. suppose que balèvre s'employait d'abord au plur. et désignait la paire des deux lèvres (cf. ex. du xiies.), et rend mal compte du passage au sens péj. Le sens mod. « lèvre inférieure » s'explique sans doute (outre la réf. à la réalité) par l'infl. de l'adj. bas. L'hyp. d'un étymon frq. *bal-leffur « vilaine lèvre, lèvre pendante » (EWFS2) fait difficulté, aucune forme balefre ne semblant relevée en a.fr.; v. aussi Gam. Rom.1t. 1, p. 250.