| BALLET, subst. masc. A.− CHORÉGR. Danse figurée exécutée par plusieurs danseurs sur une scène : 1. Quant aux comédies, elles restent bannies du répertoire jusqu'au milieu du dix-septième siècle, comme la danse ou le ballet qui floriront par la suite.
Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 33. 2. Le maître de ballet est le technicien chargé de l'enseignement et de la réalisation des œuvres de danse par les corps de ballet.
M. Bourgat, Techn. de la danse,1959, p. 38. SYNT. Figure, musique, air de ballet; ballet d'action, de cour; ballet-féerie; comédie-ballet, opéra-ballet. ♦ P. méton. Troupe de danseurs et de danseuses. (Attesté dans Dub.). ♦ P. métaph. : 3. ... couloirs enchantés de Cordoue, ballet des tramways tintants sur la Puerta del Sol...
Larbaud, Jaune, bleu, blanc,1927, p. 204. 4. Voici qu'en Italie une collection, (...) de romans célèbres revêt chaque volume d'un tableau de maître, attractif mais choisi sur un rapport parfois lointain. L'étalage se mue en spectacle : moulages de mains, mises en scène de cadres et d'objets, pour mieux accrocher l'œil, se combinent avec le ballet automatique des pages qui pivotent, du « best-seller » qui tourne sur lui-même, avec les illustrations lumineuses d'un écran dépoli.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 11. − P. anal. [En parlant d'animaux] :
5. Je me suis arrêté quelquefois avec plaisir à voir des moucherons, après la pluie, danser en rond des espèces de ballets. Ils se divisent en quadrilles, qui s'élèvent, s'abaissent, circulent et s'entrelacent sans se confondre. Les chœurs de danse de nos opéras n'ont rien de plus compliqué et de plus gracieux.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 153. 6. On eût dit des gouttes de lumière sautillant, voletant (...). C'étaient des lucioles, ces mouches ardentes dansant dans l'air parfumé un étrange ballet de feu.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1265. − P. ext. Ballet-pantomime ou, plus cour., ballet. Pièce musicale où l'action est mimée par les danseurs : 7. ... tandis que le Ballet gagne en luxe de décor et d'orchestre ce qu'il perd en musicalité vraie, les airs de danse non dansés se font plus intimes et plus modestes.
V. d'Indy, Cours de composition musicale,t. 2, 1897-1900, p. 104. 8. En 1898, le 12 mai, il faisait représenter à l'Olympia un ballet-pantomime en un acte et trois tableaux, Barbe-Bleue, dont Richard O' Monroy lui avait fourni le scénario.
L. Schneider, Les Maîtres de l'opérette fr.,Lecocq, 1924, p. 234. ♦ P. euphém. Ballets-roses (s'il s'agit de filles), ballets-bleus (s'il s'agit de garçons). Réunions clandestines d'enfants ou d'adolescents pour satisfaire la perversion de personnes d'un certain âge. B.− Au fig. 1. Divertissement, délassement : 9. « Que le plaisir ne soit autre chose que le ballet des esprits ». (Pascal)
F. Boillot, Les Métaph. fournies à la lang. fr. par l'art littéraire. 2. Jeu acrobatique de l'esprit : 10. Je relis La guerre de Troie n'aura pas lieu (...). L'on s'étonnera bientôt qu'il y ait eu un public pour donner assentiment, et même se pâmer, à ce ballet de sophismes, à cette danse sur les pointes de paradoxes exaspérants.
Gide, Journal,1943, p. 162. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [balε]. Enq. : /bale, (D)/. 2. Homon. : balai, balais (sorte de rubis). Fér. 1768 signale : ,,On écrit deux ll et on n'en prononce qu'une.`` Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. balet avec un seul l. Littré souligne ,,le t se lie dans le langage soutenu : un ballet à l'opéra, dites un ba-lè-t à l'opéra; au pluriel, l's se lie : les ballets à l'opéra, dites : les ba-lè-z à l'opéra``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1598 (P. Marnix, Différends de la religion, 2, 22, Quinet dans Quem. : En entremeslés comme en un ballet ou festin de toutes sortes de dames bien parées).
Empr. à l'ital. balletto (Kohlm., p. 30; Sar., p. 11; Wind, p. 167) attesté dep. le xvies. au sens de « petit bal » (Firenzuola [1493-1543] 429 dans Batt.), de « action scénique, danse mimée qui accompagne la musique » (Id., 699, ibid.); « la musique elle-même » d'apr. Batt. L'ital. balleto est dér. de ballo « bal » déverbal de ballare « danser » et corresp. à bal*; suff. dimin. -etto. STAT. − Fréq. abs. littér. : 372. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 563; xxes. : a) 247, b) 782. BBG. − Duch. 1967, § 70. − Gottsch. Redens. 1930, p. 289. − Sar. 1920, p. 11. |