| BAILLEUR, BAILLERESSE, subst. A.− Vx. Celui qui donne. Bailleur de coups, de conseils (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). 1. Fam. Bailleur de bourdes, de balivernes. ,,Celui qui a l'habitude de dire, de conter des choses fausses. ``(Ac. 1835, 78) Je ne crois pas un mot de ce qu'il dit, c'est un bailleur de bourdes (Ac.1835, 78). 2. JEUX. ,,Celui qui au jeu de paume sert la balle ou éteuf, par opposition à naquet, qui est le nom du marqueur`` (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). B.− Domaine du comm. et du dr. 1. Celui, celle qui donne à bail. Bailleur d'immeuble (Rob.). Le bailleur et le preneur : 1. Les contrats signés avec les métayers prenaient le nom, solennel presque, « d'actes de bourdalerie », de « bourdalé », métayer. Ils sont l'énumération minutieuse des droits et des devoirs réciproques du bailleur et du preneur dans l'exploitation de la terre dont ils vivent.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. IX. − Emploi adj. : 2. Attendu en définitive qu'en la cause, le droit de repentir, d'ailleurs exercé in extremis, ne peut plus être opposé à la locataire qui, par la manifestation persistante de la société bailleresse de sa volonté de refuser le renouvellement, a été amenée à acquérir un terrain en vue de la réinstallation de son exploitation...
T.G.I. Caen,2 mai 1967, p. 627. Rem. Pas d'attest. du fém. en dehors des emplois comm. et jur. Bailleresse est dit ,,maintenant presque inusité`` par Ac. 1835, et usité seulement au sens de « celle qui consent une location » ds Lar. 19e, Lar. encyclop. Il semble que, caractéristique de la lang. du dr., ce fém. arch. n'ait pu être étendu qu'à des domaines très voisins (bailleresse de fonds est noté ds Lav. Diffic. 1846), tout en éclipsant bailleuse dans tous les domaines (v. cependant bailleuse de fonds dans l'ex. 4 ci-dessous et ds Canada 1930). 2. Bailleur de fonds. Celui qui fournit de l'argent, comme prêteur ou commanditaire : 3. ... Mauserel lui-même, ce Mauserel que Gaure, un jour, avait vu disparaître avec la caisse du bureau d'espionnage, profitait adroitement du bon vent, trouvait des bailleurs de fonds et ouvrait, rue Nationale, à Lille, un comptoir de banque et de bourse.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 494. a) Au fém., rare, p. ext. : 4. amélie. − ... mon mari (...)
caliste. − ... tu as rencontré un homme pour qui le mariage n'était pas une spéculation. Il cherchait une compagne et non une bailleuse de fonds...
E. Augier, Ceinture dorée,1855, p. 341. b) Celui qui fournit des fonds sans espoir de remboursement, par libéralité ou calcul : 5. Par malheur le papa Jonquières (...) m'a déclaré que si je ne partais pas avec lui « tout est rompu, mon gendre » et (...) tu comprends que j'ai dû me rendre aux injonctions de mon bailleur de dot.
E. Augier, Jean de Thommeray,1874, p. 423. − P. ext., rare. Celui qui fournit à une entreprise le moyen de fonctionner : 6. Les journaux dits populaires se font une âpre concurrence pour la publicité indispensable à leur existence, et tombent de ce fait de plus en plus dans la dépendance des bailleurs de publicité.
La Civilisation écrite,1939, p. 3815. PRONONC. : [bajœ:ʀ], fém. [bajʀ
εs]. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− 1. a) 1321 dr. balleour « celui qui donne à bail » (A. Sarthe ds Gdf. Compl.); 1337 baylleor (Fontevr., Valette, A. M.-et-Loire, ibid.); 1690 bailleur (Fur.); b) 1835 comm. bailleur de fonds (Ac.); 2. a) xves. [date du ms.] « celui qui donne » (Gloss. lat.-fr., B.N. 1. 7679, fo257 vods Gdf. Compl. : Traditor, oris, balleur); d'où expressions figurées 1543 (R. Est., Thes., Palpo, ibid. : Bailleur de belles parolles, abuseur); 1694 « moqueur, trompeur » bailleur de bourdes (Ac.), cette expr. est notée comme ,,n'étant plus d'usage`` à partir de Besch. 1845; b) av. 1510 jeux « celui qui livre l'éteuf (au jeu de paume) » (Coquillart, p. 27 ds La Curne t. 2 : Au beau bailleur ferme nacquet Qui sache rachasser derrière).
B.− 1694 bailleresse subst. fém. (Ac. : Bailleresse. Celle qui baille à ferme, qui passe un bail. Et la dite bailleresse a affermé cette terre. Ce mot n'est bon qu'en stile de Notaire).
Dér. de bailler* étymol. 3; suff. -eur2*, -eresse*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 70. BBG. − Barb. Misc. 2, p. 95. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 8. − Lew. 1960, p. 134, 222, 359, 360. − Rigaud (A.). La Vraie cour des Miracles. Vie Lang. 1969, p. 160. |