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BAIE1, subst. fém.
GÉOGR. Petit golfe à l'entrée resserrée servant d'abri pour les bateaux. Petite baie :
1. Dans plusieurs endroits, il [Surville] perdait de vue la côte, et n'apercevait aucune terre au-delà dans ces intervalles. Il en conclut, avec fondement, que ces ouvertures ou lacunes indiquent ou des baies, des golfes très-profonds, ou des canaux qui, divisant ces terres en plusieurs îles, en forment un archipel. Voyage de La Pérouse,t. 1, 1797, p. 116.
2. La côte n'offrait aucun abri. Nulle baie, nulle anse, nul port. Pas même une crique. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 249.
Rare. Golfe de dimensions importantes. Baie d'Hudson.
SYNT. Baie large et profonde, très ouverte; l'arc, l'embouchure d'une baie; entrer dans une baie.
Rem. Baie, anse, calanque, crique. ,,On appelle baie la partie concave d'une côte, ayant plus ou moins la forme d'une poche ouverte sur le large. Par rapport aux mots ayant un sens propre, baie s'emploie pour qualifier une étendue de mer relativement importante, mais plus petite que celle qui forme un golfe. Une anse est une petite baie. Le mot crique désigne une petite anse très abritée. Dans la région marseillaise et en Corse, on appelle calanque des anses difficilement accessibles par terre et qui s'enfoncent entre les falaises, donnant ainsi un bon abri aux barques de pêche`` (Le Clère 1960).
Au fig., rare :
3. L'amour qu'il [Pierre] éprouvait pour Sabine était ses vacances. Il avait eu dans son passé beaucoup de tempêtes, et maintenant il entrait dans la baie d'un plaisir qui durait, se renouvelait et ne le blessait pas. A. de Noailles, La Nouvelle espérance,1903, p. 171.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [bε]. Enq. : /be, D/. 2. Homon. : bai, bey.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. [Ca 1360 Baie nom propre relatif à l'île de Noirmoutier et à la baie de Bourgneuf (Froissart, Chroniques ds L. Lacroix, La Baye de Bretagne, p. 105, cité par M. Metzeltin, Vox rom., t. 26, p. 266 : le port et hâvre nommés la Baie sont les plus beaux ports de mer de notre pais)]; 2. 1422 bee « petit golfe » (Courcy, Hist. de Grece, Ars. 3689, fo116cds Gdf. : Telement exploiterent que en la bee du fleuve de Albule furent arrivez); 1465 id. (Compt. de l'aumosn. de S. Berthomé, fo115 ro, Bibl. La Rochelle ds Gdf. Compl.); 1483 baye (P. Garcie dit Ferrande, Le Grant Routtier ds Hispanic Review, t. 12, pp. 11-28 : la baye des Dugnes [Dunkerque]). Orig. incertaine. Toutes les étymol. proposées présentent de graves difficultés. L'esp. bahía (Dauzat68) de même que le port. baía (REW3) sont attestés beaucoup plus tard que le mot fr. (xves.), et feraient difficulté du point de vue géogr. Le b. lat. baia « port » (DG) que l'on trouve chez Isidore de Séville, Orig., 14, 8, 40 est sans doute le nom du port de Baiae en Campanie, qu'Isidore aurait pris pour un nom commun, et ne semble pas avoir laissé de traces en lat. médiév. L'a. fris. *baga « courbe » (H. et R. Kahane, Hispanic Review, t. 12, pp. 11-28) est tout à fait hypothétique et aurait dû pénétrer en France entre le veet le ixes. par l'intermédiaire de l'a. b. frq. : or aucune trace en lat. médiév. M. Metzeltin ds Vox rom., t. 26, pp. 249-276, a proposé comme étymon le lat. abbatia « abbaye », qui aurait désigné d'abord Noirmoutier et la baie de Bourgneuf, lieu célèbre à la fois pour son abbaye et pour ses salines; la forme s'expliquerait par une séparation erronée de l'article, l'abaie étant devenue la baie. L'hyp. achoppe contre une difficulté phonét. (baie suppose l'accent sur la syllabe initiale, alors que dans abbatia c'est l'i qui porte l'accent); en outre, aucune forme fr. ne confirme cette hyp. et les formes rom. citées (ital. labaia, abaia, ital. cat. badia etc.) sont trop tardives pour ne pas pouvoir être des fautes de copistes ou le résultat de contaminations. L'hyp. la plus satisfaisante serait celle proposée d'abord par Diez3, développée par Baist, Z. rom. Philol., t. 32, pp. 31-33 et reprise par Bl.-W.5et Cor. t. 1, s.v. bahía : baie déverbal de l'a. fr. ba(i)er, beer « être ouvert » (v. bayer et beer; baie2), une baie étant une côte formant comme une bouche ouverte sur la mer. La Baie de Bourgneuf étant très connue pour ses salines, il y aurait eu contamination du m. fr. baee « grenier à sel, saline » de même orig. (cf. attest. de 1364 ds Mand. et act. div. de Charles V, Delisle, p. 12, acte 21), ce qui expliquerait que le m. angl. bay, empr. au fr., ait les sens de « golfe » et de « saline » (cf. NED t. 1, s.v. bays sb.2et ODEE, s.v. bay-salt). Le prov. baia et l'esp. bahía seraient également empr. au fr., le port. baía et l'ital. baia étant empr. à l'esp. Le cat. badia serait empr. au fr. avec contamination du cat. badiu « ouvert, béant » (cf. Alc.-Moll.).
BBG. − Goug. Mots t. 2 pp. 88-89. − Kahane (H. R.). Romanic baia « bay ». Hispanic Review. 1944, t. 12, pp. 11-28. − Kidman (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 15es. Paris, 1969, pp. 46-50. − Metzeltin (M.). Eine neue romanische Etymologie von fr. baie. Vox rom. 1967, t. 26, pp. 249-276.