| BAGNARD, ARDE, subst. A.− Forçat : 1. L'excès d'activité peut d'ailleurs être éprouvé comme une contrainte : le travail forcé du bagnard, de l'esclave ou du travailleur exploité, le surmenage par nécessité sociale ou morale font apparaître le repos comme un bien suprêmement enviable; ...
Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 108. Rem. Ex. unique de fém. : ,,J'explique à Mona le mode de vie en Centrale, avec l'air docte et fatal des vieilles bagnardes`` (A. Sarrazin, La Cavale, Paris, Pauvert, 1965, p. 64). B.− Au fig. Personne dont la situation est particulièrement pénible, qui accomplit un travail particulièrement dur. Travail de bagnard : 2. ... pour la plupart, ces malheureux n'ont même pas le soupçon de l'injustice sociale dont ils sont les victimes! On se demande vraiment où ils puisent la force de subir, comme une chose naturelle, leur effroyable vie de bagnards! J'ai pu m'évader de cet enfer, moi, parce que j'avais la chance de connaître plusieurs langues, parce que j'étais capable de bâcler un article de journal... Mais les autres? Ils continuent là-bas leur besogne de forçats!
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 369. Rem. Ex. unique d'emploi adj. : 3. Il [mon oncle] reparlait encore d'un emploi... Ça le minait un peu comment j'allais me démerder? ... Il se demandait peut-être en douce dans le tréfonds de sa gentillesse si j'en sortirais jamais de mes néfastes instincts... de mes dispositions bagnardes? ...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 688. PRONONC. : [baɳa:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1831, août (J. Michelet, Journal : Un bagnard nous offre un cahier de lettres et dessins amoureux, piqués avec l'épingle).
Dér. de bagne*; suff. -ard*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 44. |