| AVENTURINE, subst. fém. et adj. A.− MINÉR. Variété de quartz ou de feldspath, avec inclusions de mica ou de fer oligiste, de couleur jaune, brun rougeâtre ou verte, d'aspect pailleté, utilisée comme pierre ornementale en joaillerie et en art d'ameublement. Aventurine jaune à pluie d'or ou aventurine orientale, pierre de soleil; aventurine verte à pluie d'argent ou pierre des amazones : 1. C'était une bague sans prix, mais qui lui venait, comme toutes ses bagues de reine, de Camaralzaman, son époux. Elle était ancienne et portait, sur des fils d'or pâle tressés, en chaton, une aventurine.
Gide, Le Voyage d'Urien,1893, p. 36. 2. Une autre variété de quartz micro-cristallin est l'aventurine, trop fantaisiste pour dépasser le niveau de la parure à bon marché, mais appréciée comme pierre décorative en général; son fond d'un chaud brun-rouge est parsemé de paillettes d'or d'un surprenant effet mais qui fait un peu pacotille, et qui sont en fait de fines lamelles de mica; Madagascar, la Sibérie, l'Inde et la Chine sont ses pays d'origine.
A. et N. Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 90. − P. méton. [En parlant des yeux surtout] (De la) couleur de l'aventurine : 3. Nane bâilla un peu. Et tandis que ses yeux d'aventurine, à leur tour, se tournaient vers l'eau, il vit, au fond de cette double nuit pleine d'étoiles, nager à la renverse un bel oiseau blanc.
Toulet, Almanach des trois impostures,1920, p. 14. 4. ... à la fin du repas, ces chasseurs apparaissaient avec des moustaches d'aventurine, criblées de points d'or sur leurs crins de jais.
J. de La Varende, Contes fervents,La Prisonnière, 1948, p. 48. Rem. 1. Cette couleur est définie diversement dans les textes techn. : ,,orangé`` selon E. Chevreul, Exposé d'un moyen de définir et de nommer les couleurs, 1861, p. 129; ,,couleur brune`` selon Larch. 1872, p. 51 (s.v. Bismarck); ,,vert tirant sur le jaune`` selon J. Adeline, Lexique des termes d'art, 1884. Dans les textes littér., aventurine semble désigner plutôt une nuance dorée, mordorée. 2. S'emploie plus rarement comme adj. inv. : perruque aventurine (Hugo, Le Rhin, 1842, p. 247). B.− TECHNOL. Pierre artificielle, composée avec du verre fondu, coloré et pailleté de cuivre, de fer, etc. : 5. Verre aventurine. − On désigne ainsi un verre amorphe, bien entendu, mais renfermant dans sa masse, des particules (oxydes ou sels) ayant subi un commencement de cristallisation. Sa fabrication a débuté dans l'île de Murano. On l'emploie comme pierre décorative. Il y a, sans doute, une certaine analogie avec les produits vitro-cristallins modernes. Voici la formule d'une aventurine verte : silice : 250; carbonate de sodium : 100; carbonate de calcium : 50; bichromate de potassium : 40.
C. Duval, Le Verre,1966, p. 91. PRONONC. : [avɑ
̃tyʀin]. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Subst. 1. av. 1680 minér. (Ronel, Mercure Indien ds Rich. : Aventurine ... Pierre precieuse qui se trouve dans la Bohême, et dans la Silesie, qui est d'une couleur jaunâtre, pleine de plusieurs points d'or qui lui donnent beaucoup de brillant); 2. 1690 technol. (Fur. : Adventurine ... est une sorte de verre mêlé avec de la limaille de cuivre qui y éclate comme de petits grains d'or); 1686, 3 janv., au sens 1 ou 2 (Mmede Maintenon, Lettres, éd. Langlois, t. 3, p. 145 ds Fr. Mod., t. 21, p. 222 : A peine eus-je le tems de regarder vos estrennes, le matin que vous me les envoyastes, bien loin d'avoir celuy de vous en remercier; mais en les considérant, j'ay trouvé qu'un chapelet, que je croyais de paste que font les religieuses, estoit de calambour, et un autre, que je ne voyois pas, est d'avanturine).
B.− Adj. 1789 « de couleur d'aventurine » (Nouvelles archives de l'art fr., éd. de la Soc. de l'hist. de l'art fr., Paris, J. Baur, [1916], p. 300 : L'intérieur dudit coffre est doublé en laque aventurine unie).
Dér. de aventure, étymol. 2; suff. -ine. Malgré la chronol. des attest. faisant apparaître l'aventurine naturelle avant l'aventurine artificielle, l'hyp. la plus répandue est la suivante : un ouvrier, ayant laissé tomber par hasard (par aventure) de la limaille de laiton dans une composition vitreuse en fusion, donna à l'heureux résultat le nom de pierre d'aventure ou aventurine, que les minéralogistes étendirent par la suite aux substances naturelles présentant le même aspect (Comm. t. 1, 1837, Chesn. 1857, Littré). On peut sans doute retenir de cette explication anecdotique qu'il s'agit d'une dénomination d'apr. le procédé de fabrication (cf. supra), dont le rapport avec le mot manque cependant de clarté en ce qui concerne le radical. STAT. − Fréq. abs. littér. : 11. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Duval 1959. − Encyclop. méthod. Mécan. t. 2 1783, p. 177. − Fromh.-King 1968. − Mots rares 1965. − Privat-Foc. 1870. |