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AUTODAFÉ, subst. masc.
A.− Cérémonie expiatoire au cours de laquelle étaient lues et exécutées les sentences prononcées par l'Inquisition (princ. en Espagne et dans l'empire espagnol de la fin du xves. au début du xixes. mais surtout au xvies.), qui, le plus souvent, condamnait à périr par le feu les hérétiques, les juifs et plus généralement toute personne déclarée coupable d'avoir enfreint les lois religieuses :
1. Cette guerre [la croisade des Albigeois] vit naître l'Inquisition, et se distingua par ses auto-da-fés. Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 316.
2. ... lui [Charles-Quint] qui a éprouvé les inconvénients de n'avoir pas étouffé en Allemagne le Luthérianisme au berceau, il n'a de cesse qu'on ne fasse leur procès aux hérétiques d'Espagne et qu'on ne les brûle. Il a ainsi sa part jusque dans les auto-da-fé qui n'eurent lieu qu'après sa mort. Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 3, 1863-69, p. 212.
3. Notez qu'il n'y a pas de juifs dans toute l'Espagne, sinon une paire de banquiers à Madrid. « Nous leur faisons peur, » disent en riant les Espagnols, qui sont de bonnes gens et très doux. Mais c'est vrai : l'Inquisition et les autodafés ont laissé chez les israélites une réelle répugnance à passer la Bidassoa. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1902-04, p. 319.
B.− P. ext. Toute destruction par le feu faite de propos délibéré (en partic. de livres jugés dangereux) :
4. ... Vous prîtes possession du château (...) Vous fîtes un immense auto-da-fé de nos titres et de nos archives. G. Sand, Consuelo,t. 1, 1842-43, p. 245.
5. Plutarque a menti, la destruction des capitales antiques est l'œuvre des militaires et l'autodafé des livres dans les temps historiques est le produit de l'officialité, de l'intolérance, de l'intransigeance, du fanatisme, quel que soit le régime ou l'idéologie de l'état moderne qui veut ça, et non de la barbarie. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 323.
PRONONC. ET ORTH. : [ɔtɔdafe] ou [otɔ-]. Également [oˑtɔ-] (Passy 1914) et [oto-] (Dub.) a) Attesté sous la graph. auto-da-fé ds Ac. 1798, 1835, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré (cf. aussi ex. 1, 2, 4). Attesté sous la graph. autodafé ds Ac. 1878, 1932, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG, Pt Lar. 1906, Rob., Lar. encyclop., Quillet 1965, Dub. et Lar. Lang. fr. (cf. aussi ex. 3, 5). b) L'expr. auto-da-fé ,,tirée d'une langue étrangère ne prend point de s au pluriel`` (Lav. Diffic. 1846). (Cf. aussi ex. 2; cf. toutefois l'ex. 1). Sous la forme francisée, autodafé prend normalement s au plur. (cf. ex. 3).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1714 auto-da-fé « lecture et exécution publique de la sentence par laquelle l'Inquisition condamnait les hérétiques au supplice du feu » (Lesage, Gil Blas, XII, 1 ds Rob. : Seigneur cavalier, vous venez apparemment dans cette ville pour voir l'auguste cérémonie de l'auto-da-fé [...] Vous verrez, reprit-il, une des plus belles processions qui aient jamais été faites : il y a, dit-on, plus de cent prisonniers parmi lesquels on en compte plus de dix qui doivent être brûlés); 1759 autodafé « id. » (Voltaire, Candide, VI, ibid). Empr. à l'esp. auto de fe « id. » (Brunot, t. 6, 2, II, 1240; Rupp., p. 84; en raison du texte d'où est tirée la 1reattest., influencé par plusieurs romans esp.) croisé avec le port. auto da fe « id. », tous deux signifiant proprement « acte de foi » (acte* et foi*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 36.
BBG. − Bach.-Dez. 1882 (s.v. auto-da-fé). − Foi t. 1 1968. − Marcel 1938. − Pol. 1868. − St-Edme t. 2 1825 (s.v. auto-da-fé). − Tondr.-Vill. 1968.