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ATTITUDE, subst. fém.
A.− Manière de tenir son corps, position que l'être animé lui donne, par ses propres réactions, sans contrainte extérieure :
1. Mathéus s'efforçait péniblement de l'écouter, et tout son corps avait pris une singulière attitude penchée de côté qui indiquait une attraction vers la jeune fille et un désir de fuir les insupportables ennuis de l'entretien. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 148.
2. Ainsi l'attitude verticale de l'homme, ... a soulagé les mâchoires d'une partie importante du travail qu'elles accomplissaient; ... E. Perrier, Traité de zool.,t. 4, 1932, p. 3391.
3. C'était un homme mince, d'une extrême souplesse. Allongé à demi dans son coin, il avait pris, d'instinct, l'attitude la plus harmonieuse. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 148.
SYNT. Attitude penchée, gauche, rigide, naturelle; garder, prendre, reprendre une attitude; rester dans une attitude; se placer, se tenir, se figer dans une attitude; retrouver une certaine attitude. − PARAD. L'attitude s'oppose à la posture qui est une manière momentanée de se tenir, plus ou moins forcée, bizarre, éloignée de la contenance habituelle et qqf. peu convenable. Elle se distingue de la pose qui est toujours forcée, artificielle (c'est l'attitude que prend le modèle qui pose); du port qui ne se dit guère que de la station debout et qui implique une idée de naturel et souvent de noblesse. Contenance, tenue, maintien et allure sont, à l'encontre de attitude, des subst. verbaux et supposent donc un comportement volontaire, alors que l'attitude est la position que l'on donne au corps par le jeu spontané des réactions propres, sans contrainte extérieure, mais aussi sans détermination prépondérante de la volonté. Par ailleurs, le maintien manifeste les habitudes de qqn, son comportement social, et le mot se prend gén. en bonne part; la tenue appelle un jugement de valeur (favorable ou défavorable); tenue se dit habituellement de la façon de se tenir, de se vêtir, de se comporter et non pas exclusivement de la position que l'on donne au corps; le mot contenance est vieillissant en dehors de certaines locutions; quant à allure (aller), il est bien plus proche de l'action que de la fixité.
Spéc., PSYCHO-PHYSIOL. Position du corps guidée et contrôlée par la sensibilité posturale et orientée en vue de la perception et de l'action (d'apr. Lafon 1963).
B.-A. Position que les sculpteurs, les peintres donnent à leurs figures :
4. La sainte Thérèse, telle que le peintre l'a représentée, s'affaissant, tombant, palpitant, à l'attente du dard dont l'amour divin va la percer, est une des plus heureuses trouvailles de la peinture moderne. − Les mains sont charmantes. − L'attitude, naturelle pourtant, est aussi poétique que possible. − Ce tableau respire une volupté excessive, et montre dans l'auteur un homme capable de très bien comprendre un sujet − « car sainte Thérèse était brûlante d'un si grand amour de Dieu, que la violence de ce feu lui faisait jeter des cris. Et cette douleur n'était pas corporelle, mais spirituelle, quoique le corps ne laissât pas d'y avoir beaucoup de part. » Baudelaire, Salon,1845, p. 35.
CHORÉGR. ,,Figure de danse dans laquelle le corps repose sur une seule jambe, tandis que l'autre est repliée à la hauteur des hanches, ...`` (Giteau 1970).
MÉD. VÉTÉR. Physionomie que présente un animal au repos ou en inaction et qui donne des indications sur son état de santé ou de maladie, de force ou de faiblesse et aussi sur son caractère doux ou violent, mou ou énergique.
B.− Manière de se tenir qui correspond à un état d'âme, une émotion, un sentiment :
5. ... il se levoit pour saluer Annette par un regard plein d'amour. Cette vue et l'influence de l'âme de cette jeune fille étoient pour lui un bonheur inimaginable. Il la contemploit faire de la dentelle en admirant cette attitude religieuse et cette tranquillité d'âme qui brillantoient une figure gracieuse, et, lorsque de douces paroles venoient errer sur ses lèvres, il atteignoit le comble du plaisir. Balzac, Annette et le criminel,t. 2, 1824, p. 114.
6. Il avait dans l'attitude, dans le geste, dans le mot, un certain dédain de la foule et un sentiment intérieur de supériorité de race et de fierté de naissance qui rappelait ces habitudes de familles nobles où l'on regarde du haut en bas. Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 314.
7. S'il [le jeune lieutenant] respirait la force et même la joie, par tous les traits de son visage martial, par toutes les attitudes de son corps entraîné, le principe de cette force et de cette joie résidait ailleurs que dans la santé. P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 41.
8. Bien au-delà de sa propre raison, à mille lieues de son corps chétif, qui même alors gardait son attitude humiliée, craintive, sa charité, elle seule, discernait, jugeait, agissait. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 347.
Péj. Manifestation extérieure de sentiments que l'on n'éprouve pas. Se composer une attitude :
9. Le rire de Maxime s'accentua, son ancien rire perlé de fille, dont il avait gardé le roucoulement équivoque, dans l'attitude correcte qu'il s'était faite de garçon rangé, désireux de ne pas gâter sa vie davantage. Il affectait la plus grande indulgence, pourvu que rien de lui ne fût menacé. Zola, L'Argent,1891, p. 130.
SYNT. C'est une attitude; prendre, se donner, affecter une attitude.
Vx. Être toujours en attitude. Prendre des poses trop affectées, des gestes trop étudiés.
Rem. Se dit surtout en parlant des acteurs.
C.− Au fig.
1. Disposition d'esprit, déterminée par l'expérience à l'égard d'une personne, d'un groupe social ou d'une chose abstraite (problème, idée, doctrine, etc.) et qui porte à agir de telle ou telle manière :
10. Le mal est que nous n'avons à Rome personne qui ait su prendre l'attitude qu'il faudrait avec le tas de voleurs et de coquins de toute sorte qui composent le gouvernement papal. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 2, 1870, p. 144.
11. L'attitude de révolte et de soumission choisie par le garçon, dictera plus tard son comportement dans la société. M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanalyse?1950, p. 65.
12. Différentes sortes d'attitudes. − Attitude individuelle : d'une personne envers un ou plusieurs objets (personne ou chose). On parle d'attitude envers soi-même lorsque le moi est considéré comme objet. Attitude sociale : d'une personne à l'égard de réalités sociales et culturelles. Attitudes collectives : partagées avec les membres d'un groupe, en face d'un problème collectif, ou d'une situation naissant des interactions individu-groupe. Ce terme peut également s'appliquer à l'attitude d'un groupe vis-à-vis d'un autre. Attitude commune : étendue à un assez grand nombre d'individus quelconques à l'égard d'un même objet. Lafon1963.
En partic., SOCIOL. ,,Position de tel individu, membre de tel groupe, en face de tel problème collectif`` (J. Maisonneuve, Psychol. soc., 1950, p. 9 ds Unesco 1956).
Mesure des attitudes. Mesures qui ont pour objet la prévision des comportements à l'aide de questionnaires, échelles de notations, interviews, tests projectifs, etc.
Rem. L'enquête d'attitudes cherche à saisir les façons de réagir des individus vis-à-vis de tel problème alors que le sondage d'opinion ou Gallup s'efforce de percevoir ce que pensent les individus (d'apr. Tez. 1968).
Attitude prospective. Cf. prospective.
2. P. ext. [En parlant d'un coll.] :
13. On était ainsi amené à envisager pour les armées alliées une action offensive, à concevoir pour elles non plus seulement l'attitude passive et de consolidation que les événements leur avaient imposée depuis le 21 mars, mais une conduite active. Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 39.
14. L'après-midi, à Downing Street, MM. Churchill et Eden, évidemment fort contrariés, m'exprimèrent les excuses du gouvernement britannique et sa promesse de réparer, vis-à-vis de Muselier, l'insulte qui lui avait été faite. Je dois dire que cette promesse fut tenue. Même, le changement d'attitude réciproque des Anglais et de l'amiral se révéla si complet qu'il parut bientôt excessif, comme on le verra par la suite. De Gaulle, Mémoires de Guerre,1954, p. 126.
PRONONC. : [atityd]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la dernière syll. du mot. Barbeau-Rodhe 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [tt] géminées : at/t/-. Fouché, Prononc. 1959, p. 320, écrit à ce sujet : ,,Il est préférable de ne pas prononcer [tt] dans (...) attitude.`` Enq. : /atityd/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1637 B.-A. (peint.) « situation, position du corps » (Poussin, Lett. à Stella ds Rob. : J'ai trouvé une certaine distribution pour le tableau de M. Chantelou et certaines attitudes naturelles, qui font voir dans le peuple juif la misère et la faim où il était réduit); 2. av. 1821 « situation dans laquelle on se trouve à l'égard de qqn; résolutions, dispositions où l'on paraît être » (Napoléon, Mémoires, t. 6, p. 320 ds Dict. hist. Ac. fr. : Nantes passa subitement de la grande frayeur à l'attitude d'une grande cité qui se lève contre la rébellion). 1 empr. à l'ital. attitudine « id. » (Kohlm. 29; Brunot t. 3, 220, t. 6, 698; Boulan Mots étr. p. 19) attesté av. 1519 (Léonard de Vinci [1452-1519] Scritti scelti, 229 ds Batt.). L'ital. lui-même est soit une réfection du lat. vulg. actitudo, -udinis (dér. de actitare, fréquentatif de agere) d'après le b. lat. aptitūdo (aptitude*) soit une réfection du b. lat. aptitūdo d'après actus (acte*) Batt.; DEI; 2 empr. à l'ital. attitudine « id. » (Bartolomeo da S.C. [1262-1347] 2-2-I, ibid.) lui-même empr. au b. lat. aptitudo (aptitude*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 5 250. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 413, b) 5 834; xxes. : a) 7 449, b) 11 810.
BBG. − Bastin 1970. − Battro 1966. − Baulig 1956. − Birou 1966. − Boulan 1934, p. 19. − Bruant 1901. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Galiana Astronaut. 1963. − Giteau 1970. − Hetman 1969. − Irep 1966. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Miq. 1967. − Moor 1966. − Mucch. Psychol. 1969. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Nysten 1814. − Piéron 1963. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pomm. 1969. − Psychol. 1969. − Sociol. 1970. − Tez. 1968. − Unesco 1956.