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ATELIER, subst. masc.
Lieu où s'exécutent des travaux manuels, où se pratiquent des activités manuelles d'art ou de loisirs; p. ext. lieu où s'élabore une œuvre.
A.− Local professionnel d'un artisan :
1. L'étroit boyau des rues où nous sommes engagés au milieu d'une foule obscure n'est éclairé que par les boutiques qui le bordent, ouvertes tout entières comme de profonds hangars. Ce sont des ateliers de menuiserie, de gravure, des échoppes de tailleurs, de cordonniers et de marchands de fourrures; ... Claudel, Connaissance de l'Est,1907, p. 31.
En partic. ,,Local dans lequel on élève des vers à soie et que, dans le midi de la France, on appelle magnanerie`` (Lar. 19e-Lar. encyclop.).
Arg. Chambre de prostituée (Bruant 1901, p. 94; L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 18).
P. méton., TECHNOL. Objet sur ou avec lequel se fait une opération. ,,Quelquefois la machine dont un ouvrier a besoin pour travailler. Un tour est l'atelier d'un tourneur`` (Besch. 1845). ,,Châssis de bois de sapin sur lequel on étend les cordes à boyau`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Atelier de dorage. ,,Cour, terrain où l'on porte les carreaux brunis pour les faire sécher`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Atelier de vers à soie. ,,Claies d'osier surmontées de petites branches d'arbres où l'on nourrit les vers à soie, où ils font leurs œufs et filent leurs cocons`` (Besch. 1845).
B.− Lieu où des ouvriers exécutent en commun des travaux similaires ou connexes.
1. Local où plusieurs ouvriers sont rassemblés pour travailler; secteur d'une entreprise où s'exécutent les tâches matérielles de fabrication et de réparation, par opposition aux bureaux, aux entrepôts, etc. Camarade d'atelier. Ateliers dangereux, insalubres ou incommodes (Besch. 1845, Lar. 19e, etc.). Règlement d'atelier (Rob., Lar. encyclop.) :
2. Les petites entreprises ont été, dans beaucoup de cas, détruites par la concurrence comme le prévoyait Marx. Mais la complexité de la production a fait proliférer, autour des grandes entreprises, une multitude de petites manufactures. En 1938, Ford pouvait annoncer que cinq mille deux cents ateliers indépendants travaillaient pour lui. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 263.
Ateliers de famille. ,,Établissements où ne sont employés que les membres de la famille, sous l'autorité du père, de la mère ou du tuteur`` (Barr. 1967).
Au plur., emphatiquement :
3. Une salière sortie des ateliers de Benvenuto Cellini le reportait au sein de la Renaissance, ... Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 20.
P. anal. ou métaph. :
4. ... les étrangers (...) éprouvent tout d'abord un mouvement de dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissances... Balzac, La Fille aux yeux d'or,1835, p. 322.
5. Le rédacteur en chef avait raison : rien n'est plus aisé que de se gâter la main. Je fis donc comme les autres, j'ouvris un atelier de feuilletons à prix fixe, ... Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 67.
6. De divers côtés, par amas irréguliers, comme des points d'ossification, de petits centres de densité ont apparu de bonne heure. Combinant leurs aptitudes, transmettant un patrimoine d'expériences, ils furent d'humbles ateliers de civilisation. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 46.
2. P. méton.
a) Ensemble du personnel travaillant dans un atelier, et constituant de ce fait un groupe social. Chef d'atelier :
7. Avec des mots, elle faisait voir la tourbe des brocheurs s'agitant, dessinait d'un coup d'adjectif la silhouette du contre-maître, la figure du patron, faisait assister à leurs débats, à leurs colères, montrait tout l'atelier, l'oreille au guet, s'éjouissant et se rigolant à ces éclats. Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 221.
b) Le travail de l'atelier :
8. Quand ces ouvriers n'étaient pas tenus par une heure stricte d'atelier, par un appel d'usine au sifflet tenace, on ne pouvait s'imaginer combien ils avaient de temps à perdre, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1282.
Manquer l'atelier. Être absent de l'atelier, du travail de l'atelier (cf. manquer la classe).
3. Spécialement
a) Atelier de charité. Atelier institué temporairement par l'État, dans les moments de disette ou de chômage; synon. atelier public(cf. Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 464; Flaubert, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 31).Ateliers nationaux. Ateliers publics créés pendant la révolution de 1848 (cf. Bainville, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 186).Atelier protégé. Établissement occupant des déficients physiques ou mentaux incapables d'exercer une activité professionnelle dans le secteur normal; synon. atelier d'assistance par le travail(cf. Moor 1966).Atelier éducatif. ,,Lieu où se pratique une activité manuelle de loisirs. Par extension, activité manuelle elle-même`` (Lafon 1963). Ateliers de jeunesse (L'Œuvre, 5 nov. 1941). Atelier monétaire. Hôtel des Monnaies (Lar. 19e-Lar. encyclop.).
b) AGRIC. ,,Dans quelques endroits on appelait atelier les basses-cours, les hangars où travaillaient les garçons de ferme, les charpentiers, forgerons, etc.; les lieux où on attelait les chevaux, d'où est venue son application aux lieux où sont rassemblés des ouvriers livrés à la même occupation`` (Besch. 1845).
c) MILIT. Atelier de corps, atelier à cartouches, atelier de construction. Atelier de travaux publics (Guérin 1892).
d) Domaine de carr., constr., mines, etc.Chantier :
9. Les paniers à patins sont, pour la desserte d'un atelier, plus indépendants que les wagonnets; (...) Ils sont encore fort employés dans de nombreuses exploitations [minières]. J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 676.
P. méton. Personnes travaillant à un chantier. Atelier de terrassiers (Besch. 1845).
Homme d'atelier. ,,Se dit, dans les carrières des environs de Paris, des ouvriers chargés des travaux accessoires, comme de tourner la roue d'extraction, de creuser les galeries, de construire les supports, etc.`` (Lar. 19e).
CH. DE FER. Ateliers de substitution. ,,Brigades d'ouvriers chargés de remplacer les portions usées d'une voie ferrée, sans pour cela interrompre le service, ou du moins nuire à sa régularité`` (Lar. 19e). Atelier de ballastage, de pose (cf. Ch. Bricka, Cours de ch. de fer, t. 1, 1894, p. 370).
e) FORTIFICATIONS
,,Excavation de fossé`` (Besch. 1845, Littré).
P. méton. ,,Équipe de travailleurs chargée des travaux de terrassement`` (Lar. encyclop.).
,,Chaque espace de deux mètres, distance à laquelle sont placés les travailleurs de chaque rang`` (Lar. 19e).
Entendre bien l'atelier. Savoir conduire avec habileté les travaux d'attaque et de défense.
f) PRÉHIST. ,,Emplacement jonché de débris de débitage et de façonnage de la pierre`` (Bréz. 1969).
g) TECHNOL. ,,Dans l'exploitation du bois de flottage, nom donné à l'espace qu'occupe sur le port chaque ouvrier tireur, qui est également désigné par ce nom`` (Mém. de la Soc. centrale d'agric., 1876, p. 260 ds Littré).
4. P. anal. et symbolisme, FRANC-MAÇONNERIE. Loge de francs-maçons réunis sous un vocable distinctif.
a) Local où se réunissent les membres de cette loge :
10. Le monde afflua dans les vingt-quatre ateliers de Paris; on y étouffait à retirer les perruques; et la maréchaussée pouvait malaisément faire circuler les carrosses devant la porte des Amis Réunis, aux abords de la loge de la Sourdière. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 340.
b) Ensemble des membres de cette loge :
11. Le bisaïeul se dressa : − Bonaparte a trahi son serment, que nous avons reçu dans les loges de Valence et de Malte. Le monde maçonnique sera relevé de ses obligations envers lui... Je l'affirme : encore un peu de temps, et les ateliers de toute l'Europe refuseront leur concours aux armées impériales. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902p. 49.
c) ,,Réunion, séance de francs-maçons (...) On dit mieux tenue, dans ce dernier sens`` (Lar. 19e).
C.− BEAUX-ARTS
1. Local aménagé où travaille un artiste. Atelier de peintre, de sculpteur :
12. Il me vient l'idée, la conviction que l'atelier de Rembrandt était au midi et que par un système quelconque, des rideaux par exemple, il dirigeait le jour sur son modèle, il l'amassait sur ce qu'il voulait, il le dardait à sa volonté; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1037.
Charge, scène d'atelier. ,,Croquis que les artistes ont coutume de faire sur les murs de leur atelier`` (Besch. 1845).
Jour, lumière d'atelier. ,,Jour, lumière résultant des combinaisons de l'artiste qui dispose dans son atelier les jours, et par conséquent les effets de lumière qu'il veut donner à un tableau`` (Besch. 1845).
CIN., PHOT. Atelier de photographie, atelier photographique, atelier de prises de vue, atelier de pose (synon. studio). Atelier -théâtre. ,,Autre syn. longtemps usité de studio`` (Giraud 1956).
2. Lieu où plusieurs élèves travaillent sous la direction d'un artiste. Camarade d'atelier; p. méton. groupe d'élèves travaillant dans un tel atelier :
13. Elle plaisantait finement de mille choses, et eût été vraiment agréable si elle n'eût pas affecté d'une façon agaçante le jargon des cénacles et des ateliers. Proust, Le Côté de Guermantes1, 1920, p. 167.
14. Auguste Préault formé dans l'atelier de David d'Angers est le type du romantique truculent. L. Réau, L'Art romant.,1930, p. 205.
Chef d'atelier. ,,Professeur à l'École des Beaux-Arts`` (Hugues, Expressions d'atelier).
SYNT. Style, langage, argot d'atelier (cf. Baudelaire, Salon, 1845, p. 5; J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884). (Pour symboliser la bohême artistique). Blague, fête, esprit, vie d'atelier.
3. Péj., en constr. d'appos. Qui sent la règle conventionnelle enseignée à l'atelier :
15. J'ai été voir le dessin de Gros (...) un peu atelier. Draperies arrangées, effet connu; le noir sur le devant, etc. E. Delacroix, Journal1, 1852, p. 111.
PRONONC. ET ORTH. : [atəlje]. Rouss.-Lacl. 1927, p. 150, note ,,atlyé, dans le peuple atelyé``. Enq. : /atəlje/. ,,Atelier, dans l'écriture maçonnique, s'écrit : At∴, avec les trois points abréviatifs ordinaires, disposés en triangle`` (Lar. 19e).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1332 astelier « tas de bois » (Prisie des for. de J. de Rourg., Arch. P 226, CXVIII ds Gdf. : Pour amendes, esploiz, pesson, asteliers et tieuleries) − 1648, ibid.; d'où 2. a) 1362 atelier « lieu où un artisan travaille (le bois) » (Grenier, 311, pièce 92, B.N. ds Gdf. Compl. : Ledit Symon avoit tenu atelier de tonnelerie); 1403 « id. (en gén.) » (Compte de Nevers, CC 12, fo20 vo, ibid.); b) 1835 atelier de charité (Ac.); 1845 « tout lieu où on élabore » (Besch. : Ma fille est une savante, qui fait de ma maison un atelier de philosophie); rapproché de atteler par fausse étymol. a désigné la « basse-cour » 1690 (Fur. : [...] en quelques lieux on a donné le nom d'atteliers aux basse-cours des grandes maisons de campagne, à cause que c'étoit le lieu où on atteloit les chevaux et les bœufs aux charruës, chariots et charettes, et où logeait aussi les Forgerons, Selliers et Charrons, et autres ouvriers necessaires pour faire valoir les terres : d'où il a été transporté aux autres lieux où plusieurs autres ouvriers travaillent ensemble); encore ds Trév., Besch. 1845 et Lar. 19e; p. méton. attelier « ensemble d'hommes travaillant dans un même local » (Fur.); 1718 attelier (Ac. : Il se prend aussi collectivement, Pour tous les ouvriers qui travaillent sous un mesme maistre); 3. a) 1563 B.-A. hastelier « lieu où travaille un artiste » (Palissy, Recepte ds Gdf. Compl. : Et avoyent conclu en leur maison de ville de jeter mon hastelier a bas lequel a esté partie erigé a vos despens); b) 1808 « réunion de travailleurs, d'artistes » (Boiste) 4. a) 1866 spéc. franc-maçonnerie (Lar. 19e: Atelier. Loge, local dans lequel ont lieu les réunions symboliques); b) 1866 id. (Ibid. : Atelier. Compagnie de francs-maçons). Dér. de l'a. fr. astelle (attelle*); suff. -ier*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 369. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 018, b) 5 660; xxes. : a) 4 148, b) 2 824.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Bréz. 1969. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Chabat 1881. − Comm. t. 1 1837. − Éd. 1913. − Esn. 1966. − Fén. 1970. − Fromh.-King 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − George 1970. − Giraud 1956. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 228. − Guilb. Aviat. 1965. − Hetman 1969. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Jourdain (É.). Le Vocab. du parler créole de la Martinique. Paris, 1956, p. 293. − Kuhn 1931, p. 156. − Lafon 1969. − Lar. comm. 1930. − Lar. mén. 1926. − Le Roux 1752. − March. 1970. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Moor 1966. − Noël 1968. − Poignon 1967. − Rolland-Coul. 1969. − Romeuf t. 1 1956. − Sill. 1965. − Spr. 1967. − St-Edme t. 2 1825. − Voyenne 1967. − Will. 1831.