| ![]() ![]() ![]() ![]() ASSISE1, subst. fém. A.− ARCHIT. Rang de pierres de taille, de moellons ou de briques disposés horizontalement sur le sol même ou sur un rang inférieur, pour élever un mur ou constituer les points d'appui d'un édifice. Première assise; trembler sur ses assises : 1. Je la [l'ame végétale] compare à un maçon servi par un apprenti qui lui apporte tous les matériaux dont il a besoin, tandis qu'il les dispose par assises et par chaînes pour élever son édifice.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 273. 2. À la fin du quinzième siècle, le formidable gibet, qui datait de 1328, était déjà fort décrépit. (...). Les assises de pierre de taille étaient toutes refendues à leur jointure, et l'herbe poussait sur cette plate-forme...
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 568. − ,,Partie servant à asseoir un élément de construction (...)`` (Barb.-Cad. 1963); cf. A. Lenoir, Archit. monastique, t. 2, 1856, p. 271). ♦ Assises réglées. Assises constituées de pierres de même hauteur correctement alternées (le milieu de chacune correspond exactement aux joints de l'assise inférieure et supérieure). Bâtir par assises réglées. B.− P. anal. : 3. Les falaises de la Normandie sont des couches alternatives de marne blanche et de cailloux noirs, posées par assises horizontales comme les pierres d'un monument...
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 232. 4. ... à peine étais-je assis, que, levant les yeux sur le monument qui me prêtait son ombre, je vis que ses murs, qui m'avaient paru bâtis de marbre ou de pierre blanche, étaient formés par des assises régulières de crânes humains.
Lamartine, Voyage en Orient,t. 2,1835, p. 453. − Emplois spéc. ♦ BIOL. (animale et végétale). Couche de cellules du même type juxtaposées. [Biol. animale] Assises épidermiques (cf. Roussy [F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 5, 1920-24, p. 152]) [Biol. végétale] Assise nourricière, génératrice, pilifère, sporifère. ♦ GÉOGR. Chacun des plans d'un terrain (montagne, rocher, etc.) disposé en gradins assez réguliers. ♦ GÉOL. Série de couches minérales sédimentaires, correspondant à un âge déterminé, successivement déposées par les eaux selon une disposition rappelant celle des assises d'une construction. Synon. couche, strate. Rem. Au plur. selon Quillet 1965. ♦ P. ET CH. ,,Corps de chaussée en matériaux compactés; à la différence du macadam dont la stabilité résulte de coincements, celle de l'assise provient de sa compacité; peut être naturelle (sables et graviers), concassée, ou semi-concassée`` (Plais.-Caill. 1958). Jeter les assises d'une route. C.− P. métaph. ou au fig. Chacun des éléments superposés, constitutifs d'un ensemble; élément fondamental sur lequel repose un système, une théorie, un raisonnement, une institution, etc.; élément initial, couche primitive servant de base à quelque chose. Les assises de l'État : 5. L'esthétique ainsi décrétée, d'abord et pendant fort longtemps, se développa in abstracto dans l'espace de la pensée pure, et fut construite par assises, à partir des matériaux bruts du langage commun, par le bizarre et industrieux animal dialectique qui les décompose de son mieux, en isole les éléments qu'il croit simples, et se dépense à édifier, en appareillant et contrastant les intelligibles, la demeure de la vie spéculative.
Valéry, Variété IV,1938, p. 242. 6. Quiconque est privé de certaines assises naturelles : une famille normale, une ambiance sociale suffisamment stable et lentement intégrée, cherchera toujours vainement une certaine solidité d'allure, un minimum d'assurance vitale. L'absence de métier elle aussi fait des incertains, des utopistes, des esprits faux et sans assiette.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 528. 7. On ne voit pas alors comment une psychologie unique pourrait servir d'assise à des sciences qui, pour prendre sur la réalité humaine des points de vue divers et parfois contradictoires, impliquent précisément la mise en œuvre de « psychologies » différentes.
J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 100. − Plus rare. Solidité d'assiette, fermeté, équilibre : 8. Ce livre, (...) m'a semblé avoir le défaut de montrer des individus qui ne sont pas le portrait de celui-ci ou de celui-là, mais des êtres fabriqués au moyen d'une macédoine de traits de caractère pris à l'un et à l'autre, et par là manquant de personnalité, de réalité, d'assise sur de vrais pieds humains.
E. et J. de Goncourt, Journal,1889, p. 1048. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Baulig 1956. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − George 1970. − Gruss 1952. − Jossier 1881. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Noël 1968. − Pierreh. 1926. − Plais.-Caill. 1958. − Viollet 1875. |