| ASSENTIMENT, subst. masc. A.− PHILOS. Acte de l'esprit par lequel on donne son adhésion à une idée, à une opinion que l'on reconnaît pour vraie. Synon. croyance : 1. L'inférence, dit Newman, a des degrés, mais l'assentiment n'en a pas. Le contenu du jugement peut avoir bien des origines; mais l'assentiment, en quoi consiste la croyance, est purement personnel. Sans doute l'affirmation n'a pas sa valeur uniquement en elle-même; celle-ci dépend avant tout du mouvement de pensée qui la sous-tend. Mais le grand mérite de la Grammaire de l'Assentiment est d'avoir montré qu'il y a entre l'inférence et l'assentiment une différence de nature, une hétérogénéité radicale; l'assentiment n'est pas seulement la conséquence d'une inférence, il est autre qu'elle. Entre les raisons sur lesquelles s'appuie la croyance et la croyance elle-même, il y a un saut, en quoi consiste précisément l'engagement de la personne.
J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 100. − Cour. Affirmation que l'on est du sentiment de quelqu'un, que l'on partage son avis, sa manière de voir : 2. Lanoue m'écoutait avec une complaisance attentive et murmurait à chacune de mes phrases : « Je suis parfaitement de ton avis ». Cet assentiment obstiné ne tardait pas à me donner de l'impatience.
G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 182. − P. ext. Adhésion (à une forme d'art, à un genre, à une œuvre, etc.) : 3. Je ne puis admettre que deux écoles : ou bien la volupté pratiquée comme un art, avec des esclaves spécialisées et tout ce qu'on lit dans Suétone; ou bien le mariage, la réalisation parfaite de cette promesse que la nature m'a faite, la nuit où je me suis éveillé dans la honte à la puberté. Mais l'adultère, cette demi-mesure, cette littérature bourgeoise... Le monde entier peut y aller, il ne m'aura pas. (Je me demande pourquoi je n'ai pas formulé plus tôt ces protestations : l'assentiment que je donnais aux histoires et aux romans d'adultère n'a jamais été sincère : même, je me cachais mal mon dégoût.)
Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 287. 4. L'ordre dans lequel les pensées nous sont présentées, toute la composition même du livre n'ont d'autre objet que de gagner, sans jamais le forcer, notre assentiment.
Du Bos, Journal,1922, p. 60. B.− Consentement (à une décision, à un acte, etc.) accompagné de l'adhésion aux motifs qui y engagent. Synon. accord, approbation : 5. Il hésita, pâlit, regarda autour de lui d'un air ombrageux; mais alors il vit tous les fronts s'incliner et toutes les mains s'étendre en signe d'assentiment; Trenmor avait laissé voir ses traits.
G. Sand, Lélia,1839, p. 416. 6. ... dans les premiers siècles, le vote des centuries dans l'élection du magistrat n'était, nous l'avons vu, qu'une pure formalité. Dans le vrai, le consul de chaque année était créé par le consul de l'année précédente, qui lui transmettait les auspices, après avoir pris l'assentiment des dieux.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 419. Rem. 1. Assentiment/consentement. Au sens A, l'assentiment n'est qu'un acte de l'esprit et non un acte de volonté propre à déterminer la conduite d'autrui. Consentement signifie, au contraire, ,,acquiescement à l'exécution de quelque chose`` (Sardou 1877). Par le consentement, ,,on veut avec (cum) d'autres personnes; on veut que ce qu'elles veulent se fasse`` (Ibid.) ou du moins on ne s'y oppose pas. En ce sens ,,assentiment semble dire moins que consentement : il est moins volontaire et ne conditionne pas l'action`` (Foulq.-St-Jean 1962). Au sens B, assentiment dit plus que consentement : il suppose non seulement qu'on n'empêche pas l'action d'autrui, mais encore que l'on y adhère, que l'on approuve les mobiles. ,,On peut donner son consentement à une chose sans y donner son assentiment, c'est-à-dire qu'on peut consentir qu'elle se fasse sans adopter les motifs qui engagent à la faire`` (Bonnaire 1835). 2. En vén., vx, synon. de assentement (cf. assentir2dér.). Cf. Baudr. Chasses 1834, Besch. 1845 (s.v. assentement), Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et DG. PRONONC. ET ORTH. : [asɑ
̃timɑ
̃]. Ac. enregistre assentiment. Barbeau-Rodhe 1930 note une durée mi-longue pour la 2esyll. du mot. Besch. 1845 enregistre, en plus de assentiment, l'anc. forme assentement avec la mention ,,vieux mot``. Littré signale pour assentement : ,,Il a été dit aussi pour assentiment`` (cf. Littré, s.v. assentement ou assentiment). Littré donne la possibilité d'une prononc. par [ss] géminées : a-ssan-ti-man. ÉTYMOL. ET HIST. − 1181 assentiment (Statuts d'Hôtels-Dieu, 12 [Le Grand], Delb. ds Quem. : Et la seconde fois establi, par l'assentiment des freres, que por les malades de l'Ospital de Jerusalem soient louez iiii mieges sages) − 1416 ds Gdf. Compl.; forme reprise dep. Ac. 1798; 1212 assentement (Charte messine, Bibl. Ec. des Ch., 1880, p. 393 ds Gdf. Compl. : Par commun assentement) − 1611, Cotgr., forme reprise ds Trév. 1752 qui qualifie le mot de ,,vieux``; encore citée par Littré.
Dér. de assentir1*; suff. -ment1*; forme assentiment d'apr. sentir, sentiment. STAT. − Fréq. abs. littér. : 446. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 583, b) 523; xxes. : a) 445, b) 850. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Dupin-Lab. 1846. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Goblot 1920. − Lacr. 1963. − Lal. 1968. − Miq. 1967. − Noter-Léc. 1912. − Piguet 1960. − Spr. 1967. |