| ASPHODÈLE, subst. masc. BOT. Plante vivace de la famille des liliacées, poussant de préférence dans les régions méridionales, dont les fleurs en grappes ont un caractère ornemental et dont le bulbe est employé contre la gale. Lis-asphodèle (cf. Ac. 1798 et Nysten 1814-20); asphodèle blanc (vulgairement appelé bâton blanc, bâton royal); asphodèle jaune (appelé vulgairement bâton ou verge de Jacob) : 1. Parmi les plantes, la mauve rampante avec ses fleurs rayées de pourpre, et l'asphodèle avec sa longue tige garnie de belles fleurs blanches ou jaunes, se plaisent à croître sur les tertres funèbres. La blanche ne vient guère que dans les parties méridionales de la France et de l'Europe, où de tout temps elle s'harmonise, ainsi que la jaune, avec la mauve.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 101. Rem. Dans les vers célèbres de Booz endormi (La Légende des siècles) V. Hugo emploie asphodèle au sing. comme s'il s'agissait d'un nom de matière : 2. Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
Hugo, La Légende des siècles,Booz endormi, t. 1,1859, p. 86. ♦ Asphodèle rameux. Asphodèle à ,,racines charnues et nourrissantes dont on peut faire une sorte de pain`` (Ac. 1835, 1878) : 3. Sur les plateaux, le long des pentes, des asphodèles croissaient en abondance; non point cet asphodèle rameux des garrigues du Gard ou des abords sacrés de Syracuse, mais portant sur une tige unique ses fleurs, à la façon des tritomas.
Gide, Journal,1905, p. 149. Rem. Tous les dict. de la période notent asphodèle comme masc. On trouve cependant un certain nombre d'emplois fém. (ex. 1 et Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Cybèle, 1852, p. 126; Toulet, Les Contrerimes, Ô jour qui meurs, 1920, p. 83; Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 63, etc.). A. Gide emploie indifféremment les deux genres (ex. 3 et Carnets d'Égypte, 1939, p. 1077). PRONONC. : [asfɔdεl]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1553 (Rabelais, I, 13 ds Rob. : Et ne pensez pas que la béatitude des héros et semi-dieux, qui sont par les champs Élyséens, soit en leurs asphodèle, ou ambroisie ou nectar, comme disent ces vieilles ici).
Empr. au lat. asphodelus (gr. α
̓
σ
φ
ο
́
δ
ε
λ
ο
ς), (Pline, Nat., 21, 109 ds TLL s.v., 829, 18 : Theophrastus et... Pythagoras caulem eius... anthericum vocavere, radicem vero, id est bulbos, asphodelum nostri illud albucum vocant et asphodelum hastulam regiam); cf. xv-xvies. forme affrodille, aphrodile (Gdf.; Hug.); v. André Bot. 1956, s.v. STAT. − Fréq. abs. littér. : 69. BBG. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870. − Verpoorten (J.-M.). Les Noms gr. et lat. de l'asphodèle. Antiq. class. 1962, t. 31, pp. 111-129. |