| AS, subst. masc. A.− MÉTROL. ANC. Unité quelconque et plus particulièrement unité de poids ou de monnaie, que l'on peut diviser en douze parties ou onces, chez les Romains. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. − Spéc. Pièce de monnaie romaine, en cuivre. B.− P. ext., JEUX 1. Figure, point unique que l'on rencontre sur une carte, un côté de dé ou une moitié de domino. As de carreau, de cœur, de pique, de trèfle : 1. Son cœur délaissé, abandonné, isolé, plus seul qu'un as de cœur au milieu d'une carte à jouer.
J. Renard, Journal,1887, p. 4. − P. anal. En as de pique. En forme d'as de pique : 2. Ils revinrent au village, dont on voyait là-bas, dans le creux du vallon, les tours coiffées en as de pique; ...
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent,1911, p. 1374. 2. Carte, côté de dé, moitié de domino possédant une figure ou un point unique. As d'atout, brelan d'as, double as : 3. Que serait-ce si (...) si vous entendiez le domino monotone retomber sur la table de marbre, et l'esprit et la gaîté étouffés entre un double as et un sonnet...
Balzac,
Œuvres diverses,t. 2,1850, p. 55. C.− Lang. cour. et arg. 1. Lang. cour. Personne qui, par sa valeur, détient le premier rang dans le domaine militaire, notamment dans l'aviation de chasse. L'as des as. (Ac. 1932). − Dans le domaine du sp.L'as du volant. − P. ext. Personne généralement du sexe masculin excellant dans un domaine. C'est un as (Ac.1932) : 4. − Tu tombes à pic, Lucie, reprit Mimar. Tous les copains sont présents : voilà Pluche, un Marseillais; le père Louis, Kenel, Pélican, l'as des pêcheurs à la ligne; Bernard, Maltaverne, la crème des sergents de ville.
Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 181. 5. − ... Tu sais donc pas que mon patron, Romain Ségétan, c'est l'as des as, le roi des Sorciers... Tous les savants du monde en bavent, y compris ton Américo.
L. Daudet, Les Bacchantes,1931, p. 76. Rem. Attesté ds les dict. gén. du xxes. dep. Ac. 1932. 2. Lang. fam. et arg. a) As de pique. − Lang. pop. Croupion d'une volaille. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. ♦ Péj., vx. Homme laid, sot. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. − Arg. milit. ,,Écusson en drap noir apposé au collet de la capote des soldats du bataillon d'Afrique`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, L'Arg. anc. et mod., 1878, p. 16). ♦ Fam. Être fichu, ficelé, foutu comme l'as de pique. Être mal habillé (comme un soldat en campagne?) : 6. Quel avorton, quel mal bâti [que mon fils]! (...) Il est fichu comme l'as de pique.
J. Richepin, Césarine,1888, p. 31. b) Autres expr. [Le suj. désigne une pers.] ♦ Être à l'as, être aux as, être plein aux as. Être riche : 7. Contrairement à Max Jacob, dont la vraie force était la pauvreté, notre Monocolard était plein aux as.
Cendrars, La Main coupée,1946, p. 205. ♦ N'avoir plus d'as dans son jeu. Être sans ressource, sans moyen d'action : 8. − Au secret depuis quatre jours, je ne savais pas Théodore si près de l'abbaye... dit Jacques Collin. J'étais venu pour sauver un pauvre petit qui s'est pendu là, hier, à quatre heures, et me voici devant un autre malheur. Je n'ai plus d'as dans mon jeu! ...
Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 544. c) Arg. milit. As de carreau. Ancien sac de fantassin, de forme carrée et de couleur rouge. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. PRONONC. : [ɑ:s]. Pour la prononc. par [ɑ] post. long dans le mot et pour la prononc. de s final, cf. la finale -as. Pt Lar. 1968 est le seul dict. à transcrire le mot avec [a] ant. Passy 1914 donne la possibilité d'une prononc. avec [a]. Littré signale que ,,quelques-uns [...] disent : l'â de cœur, l'â de pique, contre l'usage le plus général``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1174 « face du dé à jouer marquée d'un seul point » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. C. Hippeau, 5840 ds T.-L. : Ne getai pas mes dez sur as, Quant jo tornai a sa meisun); turner ambes as « tourner, jeter les 2 as dans un seul coup de dé » [signe de mauvaise chance] voir ambesas; 2. 1559 antiq. « unité de monnaie chez les Romains » (Amyot, Cam., 22 ds Littré : Il fu condemné par contumace en l'amende de mille asses de monnoy romaine); 3. 1611 « carte à jouer marquée d'un seul point » (Cotgr.); 4. 1929 « personne de valeur », supra ex. 4.
Empr. au sens 2 au lat. as « unité de monnaie », attesté dep. Caton, cité par Sénèque, Epist., 94, 27 ds TLL s.v., 745, 42; pour la valeur exacte, v. Der kleine Pauly, 1964, s.v. as; sens 1, prob. en raison de l'emploi de cette monnaie pour le jeu de dés; sens 3, p. anal. avec 1, la carte étant aussi marquée d'un seul point; 4 d'apr. la valeur attribuée à l'as dans le jeu de carte. STAT. − Fréq. abs. littér. : 5. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. Suppl. 1967. − Baudhuin 1968. − Beer 1939. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 44. − Dheilly 1964. − Duch. 1967, § 35, 51. − Esn. 1966. − France 1907. − France Suppl. 1907. − Gall. 1955, p. 186. − Gottsch. Redens. 1930, p. 293. − Goug. Lang. pop. 1929, p. VI, 90. − Grand. 1962. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Lavedan 1964. − Le Roux 1752. − Marcel 1938. − Mots rares 1965. − Perraud 1963. − Piéron 1963. − Pierreh. 1926. − Plais.-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. − Rougnon 1935. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Manouche 1963. − Sc. 1962. − Soé-Dup. 1906. |