| ARTISON, subst. masc. ZOOL. Insecte ou larve d'insecte (teigne, dermeste, psoque, etc.) qui, dans les habitations, ronge les matières végétales ou animales (bois, pelleteries, étoffes, etc.) : Ne dites donc pas, ces pelleteries, ces habits, ces livres sont rongés des artisons, sont artisonnés. − Ces pelleteries, ces habits, ces livres sont gâtés de la teigne.
J.-F. Michel, Dict. des expr. vicieuses,1807, p. 11. Rem. 1. Autres formes artoison, artuson. 2. On rencontre dans la docum. l'adj. artisonné (Id., ibid.). Rongé, détruit par les artisons. Livre artisonné; couverture, robe, fourrure artisonnée. PRONONC. ET ORTH. : [aʀtizɔ
̃]. On rencontre, antérieurement à Passy 1914, une forme artuson (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Besch. 1845), et même artoison (Besch. 1845). − Artisonné. Dernière transcription ds DG : àr-ti-zò-né. ÉTYMOL. ET HIST. − 1remoitié xiiies. [date indiquée par l'éditeur; ca 1100 d'apr. FEW XIII, I, 122a] zool. artoizon « insecte qui ronge le bois, les pelleteries et les étoffes » (Vocabulaire hébraïco-français [gloses aux livres sacrés] bibl. Bodléienne, ms. 135, ff. 286 à 292 ds Romanische Studien, I, 187 : Artoizon. Vermis vel tinea); 1276 artysun « id. » (Ch. Thurot, Extraits de divers manuscrits latins, p. 527, Glose Admirantes au Doctrinal d'Alexandre de Villedieu : artysun [tinea gallice]); 1393 artuison « id. » (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., I, 188 ds T.-L. : la tigne ou l'artuison nuit a la robe et le petit ver au bois); 1562 artison « id. » (Du Pinet, Pline, XI, 35 ds Gdf., s.v. artre : Une laine ou drap chargé de poudre engendre aisement des artres, artisons et autres vermines qui les mangent).
Mot se rattachant à l'a. prov. arta « id. » (Levy Prov. t. 1-2, 86b) prov. mod. arto, ardo (Mistral), de même prob. qu'au m. fr. artre (1562, Du Pinet, supra). Une dér. de artison à partir du m. fr. artre (FEW t. 131, p. 123b) se heurte à des difficultés chronologiques et morphologiques, une formation artre (arte) toison « insecte qui ronge les toisons » (Bugge ds Romania t. 4, p. 350) est peu vraisemblable. L'orig. de ces mots est obscure et controversée : le rattachement au lat. tarmes « termite, ver de viande » avec aphérèse du t initial (FEW loc. cit.) se heurte à des difficultés phonétiques. Il en va de même d'un croisement entre le lat. herpes « maladie de la peau » et le gaulois darbita, derbita (dartre*) (Jud ds Arch. St. n. Spr., t. 124, p. 404). STAT. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Bouillet 1859. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, pp. 350-351. − Mots rares 1965 (et s.v. artisonné). − Nysten 1814. − Privat-Foc. 1870. − Séguy 1967 (et s.v. artisonné). |