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ARRHES, subst. fém. plur.
A.− DR. ,,Somme d'argent, ou toute autre chose mobilière, remise, au moment de la conclusion d'un contrat, par l'une des parties à l'autre, soit : 1opour permettre aux parties, qui n'ont pas entendu se lier définitivement par le contrat, de retirer mutuellement leur adhésion (moyen de dédit) (...); 2opour marquer, au contraire, la conclusion ferme du contrat (moyen de preuve) (...).`` (Cap. 1936) :
1. 1590. Si la promesse de vendre a été faite avec des arrhes, chacun des contractans est maître de s'en départir, celui qui les a données, en les perdant, et celui qui les a reçues, en restituant le double. Code civil,1804, p. 293.
P. ext. Synon. de acompte (cf. acompte, notamment rem. finale) :
2. ... nous pouvons enlever les huit cents milles qui nous séparent de Shangaï. − Et vous pourriez partir? ... − Dans une heure. Le temps d'acheter des vivres et d'appareiller. − Affaire convenue... Vous êtes le patron du bateau? − Oui, John Bunsby, patron de la Tankadère. − Voulez-vous des arrhes? − Si cela ne désoblige pas votre honneur. − Voici deux cents livres à-compte... Monsieur, ajouta Phileas Fogg en se retournant vers Fix, si vous voulez profiter... Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 111.
B.− Au fig. Assurance, gage :
3. Lorsqu'on est jeune, en bonne santé, lorsque surtout on a le goût et l'habitude des voyages à pied, ce n'est point une aussi triste condition qu'on le pense que de poursuivre sa route en affrontant la tempête. On est mouillé; l'eau, comme dit Panurge, entre par le collet et ressort par les talons, mais ce sont là les arrhes du vif plaisir qui nous attend : celui d'atteindre le gîte, celui de dépouiller ses vêtements humides, celui de présenter à la claire flamme du foyer ses membres roidis, celui enfin de venir asseoir sa fatigue et restaurer ses forces autour d'une table bien servie. Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 397.
4. En regardant la croix, le tertre et les fleurs, nous songeons tous deux à ce mystère : petite fille qui était de son sang, issue de lui [Yves], qui avait ses yeux, et alors... probablement aussi une âme pareille, et qui est déjà rendue au sol breton. C'est comme si quelque chose de lui-même s'en était déjà retourné à la terre; c'est comme des arrhes qu'il aurait déjà données à la poussière éternelle... Loti, Mon frère Yves,1883, p. 408.
Spéc., RELIG. Arrhes du Saint-Esprit. ,,Les dons du Saint-Esprit (de prophétie, de miracles, etc.) accordés aux apôtres et aux prédicateurs de l'Évangile en confirmation de leur mission... le Saint-Esprit en nous comme à-compte de l'héritage éternel. 2 Cor. 1; Eph. 1`` (Marcel 1938) :
5. ... il [le catéchumène] recevoit dans le sacrement de confirmation, l'esprit de crainte divine, l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de doctrine et de piété. L'évêque prononçoit à haute voix les paroles de l'apôtre : Dieu le père vous a marqué de son sceau. Jésus-Christ, notre Seigneur, vous a confirmé; il a donné à votre cœur les arrhes du Saint-Esprit. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 42.
Rem. 1. L'emploi, rare, au sing. est vx. Attesté ds Besch. 1845, Guérin 1892 et DG. 2. Littré Suppl. 1877 rappelle que ,,Arrhes a été fait du masculin`` [au début du xviiies.]; Guérin 1892 : ,,on le fait quelquefois du masculin``.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [a:ʀ]. 2. Homon. are (mesure agraire), are(s) ou (nt) du verbe arer (mar.), ars (d'un cheval), art, Aar (rivière de Suisse), hard (outil de gantier), hart (lien d'osier, corde). 3. Hist. − Fér. Crit. t. 1 1787 note que r se prononce ,,forte``. Littré fait au sujet du mot les rem. suiv. : ,,Arrhes n'a présentement plus de singulier; il en avait un autrefois. La prononciation errhes a duré jusque dans le xviies., et Bouhours remarque qu'on dit arrhes au figuré, et errhes au propre : donner des errhes au coche. Comme on voit, errhe était un archaïsme`` (cf. aussi DG ,,Souvent écrit arres, erres au Moyen-Âge et jusqu'au xviiies.``).
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1165 erre « argent donné pour la garantie d'un marché » (G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 3225 ds T.-L. : Seignor, or ne vos esmaiiez Des robes...; Ce sont erres que je vos doing; Ja mes de rien n'avroiz besoing. Que vos n'aiiez tot sanz dangier); d'où 1185 « assurance, gage » (Proverbe au vilain, éd. A. Tobler, 53, 1, ibid. : D'aquester orent erres, Qui de fieus et de terres Firent departement); av. 1544 arrhe (Marot, Epistres, 61 ds Hug.); au sing. jusqu'à Trév. 1771. Empr. au lat. arra « gage », Pline, Nat., 33, 28 ds TLL s.v., 632, 29; forme arrha, St Augustin, Serm., 372, 2, ibid., 632, 77; le lat. est une réduction du gr. α ̓ ρ ρ α ϐ ω ́ ν « arrhes », Isée, 71, 20 ds Bailly; à rapprocher de l'hébreu ērābōn; cf. Chantraine, Dict. étymol. de la lang. grecque s.v. α ̓ ρ ρ α ϐ ω ́ ν.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 28.
BBG. − Allmen 1956. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Barr. Suppl. 1967. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Cap. 1936. − Cohen (Marcel). A propos de gage, caution ds les lang. sémitiques. Cr. du Groupe ling. d'ét. Chamito-sémitiques. 1957/60, t. 8, pp. 13-16. − Comm. t. 1 1837. − Dupin-Lab. 1846. − Foi t. 1 1968. − Gottsch. Redens. 1930, p. 417. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 17. − Kuhn 1931, p. 57. − Lar. comm. 1939. − Lar. mén. 1926. − Lavedan 1964. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Marcel 1938. − Math. 1967. − Noter-Léc. 1912. − Pujol 1970. − Réau-Rond. 1951. − Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Ét. sém. et onomasiol. Paris, 1962, p. 432. − Romeuf t. 1 1956.