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ARQUEBUSE, subst. fém.
A.− ARM. (hist.). Arme portative, de taille et de poids variables, dont le projectile était à l'origine propulsé par un système analogue à celui de l'arbalète, puis par l'explosion d'une charge de poudre allumée au moyen d'une mèche ou par une roue dentée frottant sur de la pyrite :
1. ... voilà mes croquants en marche − imaginez, i-ma-gi-nez, vous dis-je! − armés de fleurets, d'arquebuses, de machines à rouet, que sais-je? de rapières et de colichemardes, grand-père en tête, vers le chef-lieu : la vengeance poursuivant le crime. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 199.
2. Dans la chaîne féodale, après le trébuchet et l'arquebuse, les techniques militaires s'enrichissent finalement des armes à feu. Traité de sociol.,t. 2, 1968, p. 130.
SYNT. 1. Témoignant du perfectionnement de l'arme. Arquebuses à croc (Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 39) ,,Grosse et lourde arquebuse qu'on tirait en l'appuyant sur un instrument appelé Fourchette : cette arme servait surtout pour tirer de derrière les murailles d'une place.`` (Ac. 1835); arquebuse à mèche (Balzac, La Peau de chagrin, 1831, p. 21); − à rouet ,,Arquebuse légère qui était employée dans la guerre de campagne, et que portèrent d'abord les arquebusiers à cheval.`` (Ac. 1835); − rayée (J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 286) ,,Arquebuse dont le canon est rayé en dedans.`` (Ac. 1835); − à serpentin (Chesn. 1857); − à vent ,,Arquebuse chargée avec de l'air comprimé.`` (Besch. 1845); − butière ,,Arquebuse à rouet employée pour le tir à la cible, même après l'adoption du fusil à silex.`` (Littré). 2. Autres. Balle d'arquebuse; la mèche de son arquebuse; le rouet de l'arquebuse; à une portée d'arquebuse; ajuster son arquebuse; amorcer l'arquebuse; armer son arquebuse; porter l'arquebuse en travers de l'arçon; jeu de l'arquebuse ,,Divertissement de bourgeois qui s'assemblent à de certains jours pour tirer de l'arquebuse ou plutôt du fusil : on le dit aussi du lieu où ils s'assemblent.`` (Ac. 1835).
Spéc. [Dans les compagnies bourgeoises] Les arquebuses de la garde bourgeoise (Sardou, Patrie,1869, I, tabl. 1, 1, p. 4);tir à l'arquebuse (G. Sand, Les Beaux Messieurs du Bois-Doré,t. 1,1858, p. 8);les chevaliers de l'arquebuse (Lar. 19e);les rois de l'arquebuse (Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 265).
Rem. En arg. on relève les expr. ,,faire péter l'arquebuse, travailler énergiquement, s'en faire péter l'arquebuse, manger plus qu'à satiété`` (Esn. 1966).
B.− Eau d'arquebuse ou absol. arquebuse au xxes.
1. PHARM. Eau vulnéraire appelée d'abord eau d'arquebusade*, utilisée dans le traitement des blessures faites par les coups de feu :
3. Déjà, elle ne perdait plus une seconde. Elle envoya le Barthaut à sa sœur, de l'autre côté des étangs, mit dans un panier de l'onguent vulnéraire, de l'eau d'arquebuse, du linge, et partit avec la Fanchon, sans même prendre le temps de changer ses souliers plats. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 229.
2. P. ext. Liqueur alcoolisée composée de plantes aromatiques encore en usage dans certaines provinces. Les vingt-huit herbes qu'il faut pour fabriquer l'eau d'arquebuse (Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes,1930, p. 17);frères maristes qui « fabriquent de l'eau d'arquebuse » (Huysmans, À rebours,1884, p. 286):
4. ... et des pipelettes du quartier qui sirotaient debout leur crème de cassis ou sifflaient leur arquebuse, vulnéraires alcoolisés, ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 311.
5. Je dis à la mère Moreau de nous servir également un doigt d'arquebuse. Cette distillation pharmaceutique était diaboliquement pailletée d'or et avait un arrière-goût de camphre. Cendrars, Bourlinguer,1948p. 312.
Rem. Le sens n'est pas mentionné ds les dict. de l'Ac. et les dict. gén., mais est attesté ds Mont. 1967 et Ac. Gastr. 1962. Il figure gén. sous la vedette arquebusade.
PRONONC. ET ORTH. : [aʀkəby:z]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit arquebûse pour souligner la durée longue de la dernière syllabe. Ac. Compl. 1842 mentionne encore l'anc. forme arquebouse.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1452 a. fribourgeois hakenbuchs masc. « arme à feu que l'on faisait partir à l'aide d'une mèche ou d'un rouet se bandant avec une clé » (Missival, la, 350, Arch. Fribourg ds Pat. Suisse rom. I, s.v. arquebuse : Dues hakenbuchsen peisent i quintal) − 1579 id. hagkenbuchs masc. (Büchi, Freiburger Akten zur Geschichte der Burgunderkriege [1474-81], Freiburger Geschichtsblätter, 16, 1, 141 ds Tappolet, II, p. 73). II.− A. 1. 1475 hacquebusie (La Fons, Artillerie de Lille, 27 ds Barb. Misc., t. 8, no1); 1475 haquebusche (Id., ibid.); 1478 haquebusse (Id., ibid.); 2. 1478 harquebuche (Garnier, Artillerie de Dijon, 34 ibid.); 1478 arquebuche (Compt de l'artillerie, A. mun. Dijon, II, aff. milit. ds Gdf. Compl.); B. 1. a) 1475 haquebuse (Lettre du Comte de Chimay, in G. Chastellain, Œuvr., éd. Kervyn, VIII, 266 ds Barb. loc. cit.); b) 1475 arquebuse (La Fons, Artillerie de Lille, 27, Gay t. 1, p. 73, ibid. : Au meme, pour une arquebuse de fer, 4 1. 16 s.); Trév. 1771 note : ,,On ne s'en sert plus aujourd'hui``; 2. a) 1470 hacquebute (Wavrin, Anch. Cron. d'Anglet., I, 314, Soc. de l'Hist. de Fr. ds Gdf.); cf. Du Fail, Contes d'Eutrapel, 22 éd. Courbet, II, 31-32 ds Hug. : Dedans et en la grand' fenestre sur la cheminee, trois hacquebutes [c'est pitié, il faut à ceste heure dire harquebuses]; b) 1521 harquebute (Négoc. France-Autriche, II, 506 ds Barb. loc. cit.) − xvies. ds Hug.; 3. 1481 haquebouthe (L. de La Trémoille, Arch. d'un serviteur de Louis XI, 131, ibid.), attest. isolée; C. 1. a) 1530 hacquebuz (Jean de Serre, Venue de la royne Alienor, Poés. fr. des xveet xvies., XI, 247 ds Gdf.), attest. isolée; b) 1552 harquebuz (Négoc. du Levant, II, 227 ds Barb. loc. cit.); seulement au xvies., Hug.; 2. a) 1527 hacquebouze (Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 64 ds Hug.), seulement au xvies.; b) 1534 arquebouze (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, I, p. 136). I (Fribourg) empr. à l'all. Hakenbüchse, de même sens, (m. h. all. Hakenbühse, Lexer30), composé de l'all. Haken « crochet » (racine indo-européenne *keg-, *kek- « cheville, crochet », Kluge20; IEW, I, 537) et Büchse « arme à feu » (lat. buxis, gr. π υ ξ ι ́ ς, v. boîte). II (Flandre, Bourgogne) empr. au néerl. haakbus, Gallas (m. néerl. haecbus(se), hakebus(se), Verdam), de même orig. que l'all. A 1 est un empr. direct; A 2 a été altéré sous l'influence de arc; altération de même orig. en harque-, arque pour B 1 b, B 2 b, C 1 b, C 2 b; les finales en -buse (B 1 a et b) représentent des altérations par attraction de buse*, nom d'oiseau (cf. faucon, émerillon, termes d'artillerie); les finales en -bute (B 2 a et b), et en boute (B 3) sont des altérations par attraction de buter* et bouter*, mots appartenant à la même sphère sémantique; v. aussi Behrens D., p. 48; Wind, p. 124; Valkh., p. 157; Gesch., p. 142. L'ital. archibugio (xves., Lorenzo di Medici ds Batt.) est empr. − soit à l'all. ou au néerl. (Migl.-Duro) − soit, plus prob. au m. fr. (DEI; Devoto); il a à son tour influencé les formes fr. au xvies., d'où C dont 1 a subi l'infl. de la lang. écrite, 2 de la lang. parlée. À rapprocher de haquebuse, arquebuse, le liég. hake « grande arquebuse » (Haust) empr. à l'all. Haken.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 106.
BBG. − Ac.-Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Barb. Misc. 8 1928-32, pp. 371-381. − Baudr. Chasses 1834. − Behrens D. 1923, pp. 48-49. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Burn. 1970. − Chesn. 1857. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Jal 1848. − Lammens 1890, pp. 25-27. − Leloir 1961. − Lep. 1948. − Mellot (J.). « Sagesse d'un Louis Racine je t'envie... ». Vie Lang. 1969, no212, p. 645. − Mont. 1967. − Pope 1961 [1952] § 57. − Wind 1928, p. 124.