| ARONDE, subst. fém. A.− Vx. Ancien nom de l'hirondelle : 1. Du seuil voici que vous suivez le paraphe noir des arondes
...
Aragon, Le Roman inachevé,La Beauté du diable, 1956, p. 13. Rem. Lar. 19eobserve que l'« on se sert encore [du mot] dans quelques départements pour désigner l'hirondelle de cheminée. » B.− P. anal. (À) queue d'aronde. Qui a la forme d'une queue d'hirondelle : 2. ... elle aidait son amant à se parer, rôdait autour de lui, admirant sa cravate blanche et son habit à queue d'aronde, considérant avec respect son chapeau à claque, ...
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 257. − Spécialement 1. ARCHIT. Sorte de crampon ou d'agrafe en métal, en pierre ou en bois ayant la forme en double d'une queue d'hirondelle et servant à relier deux pièces de charpente ou deux pierres ou à en maintenir l'écartement : 3. ... toute la stabilité de la structure romaine en grand appareil consiste dans la jonction exacte des lits et joints. Non contents de l'emploi de ce procédé, les Romains croyaient encore devoir maintenir les assises entre elles au moyen de goujons ou de queues d'aronde de métal, fer ou bronze, afin d'empêcher leur glissement.
Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit.,t. 2, 1872, p. 29. 2. MENUIS. ,,Pièce de bois taillée à un bout en forme de queue d'hirondelle et qu'on assemble avec une autre au moyen d'une entaille de la même forme`` (Ac. 1835-1932). ♦ Assemblage à queue d'aronde. Assemblage de deux pièces de bois, entaillées chacune en forme de queue d'hirondelle : 4. [L'] Assemblage à queue d'aronde (...) est utilisé principalement pour assembler deux pièces de bois relativement larges et minces, formant un angle. Cet assemblage a été beaucoup utilisé pour les coffres et actuellement, il sert pour les tiroirs. Plusieurs parties saillantes en forme de trapèze − dites tenons ou queues mâles − s'engagent dans des entailles − mortaises ou queues femelles − de même forme et de même dimension, exécutées dans la pièce de bois adverse. La forme de trapèze rappelle la forme des queues d'hirondelles, d'où son nom de queue d'hironde, devenu par déformation queue d'aronde.
Viaux, Le Meuble en France,1962, p. 7. 3. ZOOLOGIE a) ,,Espèce de poisson volant`` (Ac. 1835-1932). Rem. Ac. Compl. 1842 précise qu'il s'agit de ,,l'ancien nom du poisson volant``. b) Genre de mollusques acéphales testacés. L'aronde aux perles ou aronde perlière est appelée aujourd'hui avicule perlière : 5. La charnière des coquilles offre tant de différences, que les naturalistes en ont tiré les caractères des genres. En effet, les huîtres, les placunes, les pélérines, les arondes, etc. n'ont point de dents du tout à leur charnière.
Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, p. 415. PRONONC. ET ORTH. : [aʀ
ɔ
̃:d]. Land. 1834 emploie comme vedette : aronde, arondelle ou harouelle. Tous les dict. signalent que les formes aronde et arondelle sont les formes anc. de hirondelle et renvoient à ce mot. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 « hirondelle » (Roland, éd. Bédier, 1535 : Plus est isnels qu'esprever ne arunde) − 1611, Cotgr.; ne survit en ce sens que dans les dial. (FEW t. 4, s.v. hirundo); d'où xves. a queue d'aronde « coupe de charpente qui sert à la jonction des parties, et qui a la forme d'une queue d'hirondelle » (Cart. de Flines, p. 915 ds Gdf. Compl. : Tout ledit bacq assamblet a queue d'aronde); 1690 (Fur. : On dit aussi en terme de Fortifications, qu'un ouvrage a cornes est fait a queuë d'aronde, quand il est étroit par la gorge et plus ouvert vers les faces); 2. a) 1805 zool. « mollusque acéphale testacé », supra; b) 1835 ichtyol. (Ac. : Aronde. C'est aussi le nom d'une espèce de poisson volant).
Empr. au lat. hirundo, dep. Plaute au sens de « hirondelle », Rud., 604 ds TLL s.v., 2830, 12; au sens 2 b, Pline, Nat., 9, 82. Pour le passage (sans doute favorisé par la disparition de harundo « roseau ») de hir- à ar-, cf. Bourc.-Bourc. § 94.
DÉR. Arondelle 1. 1169 arondele « hirondelle » (Wace, Rou, éd. H. Andresen, III, 7200 ds T.-L.; Molt plus tost vont que arondeles); − 1611, Cotgr., v. hirondelle; 2. 1690 mar. (Fur. : On appelle Arondelles de Mer, des vaisseaux mediocres et legers, comme les Brigantins, Pinasses, Pinquets, etc.); 1787 pêche (Encyclop. méthod. poissons, s.v. arondelle : On appelle ainsi une corde garnie de lignes latérales avec des hains, et que l'on fixe sur le sable par de petits piquets); 3. zool. 1838 (Ac. Compl. 1842 : Arondelle. Ancien nom du poisson volant). STAT. − Fréq. abs. littér. : 18. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Pêches 1827. − Bouillet 1859. − Chabat t. 1 1875. − Chass. 1970. − Chesn. 1857. − Dumas 1965 [1873]. − France Suppl. 1907. − Gaudin (M.). Parasitisme. Vie Lang. 1969. no213, p. 702. − Gruss 1952. − Jal t. 1 1970. − Jossier 1881. − Kemna 1901, p 61. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Noël 1968. − Poignon 1967. − Privat-Foc. 1870. − Viollet 1875. − Will. 1831. |