| ARGOUS(S)IER,(ARGOUSIER, ARGOUSSIER) subst. masc. Arbrisseau épineux de la famille des éléagnées, possédant un feuillage à reflets argentés et dont on se sert pour fixer les sables. Synon. sc. hippophaë rhamnoïdes; synon. pop. saule épineux, épine marine, griset(cf. Roll. Flore t. 9 1967, pp. 210-211) :1. Et la Durance, cette chèvre, − ardente à la course, farouche, vorace, − qui ronge en passant et cades et argousiers; − cette fille sémillante − qui vient du puits avec sa cruche, − et qui répand son onde − en jouant avec les gars qu'elle trouve par la route.
F. Mistral, Mireille,trad. de Mirèio, Avignon, J. Roumanille, 1859, p. 97. 2. Travaillant ce matin devant la triple fenêtre du salon, j'observe la singulière opération jardinière que les oiseaux, tant fauvettes que moineaux, font subir au buisson d'argousiers de mon petit jardin. Ils picorent et aveuglent les bourgeons naissants de chaque branche; mais chaque rameau, trop flexible, n'offre perchoir qu'à sa base, de sorte que les oiseaux ne peuvent facilement atteindre que les premiers bourgeons, ceux du bas, les plus proches du tronc. Ceux de l'extrémité de chaque tigelle sont par là même préservés; et c'est précisément vers ceux-ci que se précipite la sève; de sorte que l'arbuste se détasse et s'étende et s'élargisse le plus possible.
Gide, Journal,1922, p. 728. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀguzje]. 2. Hist. − Gattel 1841, Lar. 19e, Littré et DG enregistrent la forme mod. avec un seul s. Land. 1834 et Besch. 1845 écrivent le mot argoussier avec 2 s (transcrit : ar-gou-cié ds Land. 1834). Guérin 1892 emploie comme vedette parallèlement argousier ou argoussier. ÉTYMOL. ET HIST. − 1783 argoussier (Encyclop. Méth. ds DG); 1803 argousier (Boiste).
Orig. obsc. (FEW t. 21, p. 98b). Le mot semble localisé dans la région alpine : Italie du nord et domaine franco-provençal. Il est attesté dans cette aire − d'une part, par des formes en -rc- (Locarno arkọ́s masc. « aubépine »; Turin arcosse fém. « pinus mugus »; Haute-Savoie arcosses plur. « arbousier »; S.-Jean-de-Maurienne arcosses en 1585; dauph. arcoussa « arbousier »; grenoblois arcousse « épine », J. Hubschmid, Substratprobleme ds Vox rom., t. 19, p. 148) − d'autre part, par des formes en -rg- (dial. de Suisse romande, type argos « argousier », attesté ds le topon. Les Argosses dep. 1729, Pat. Suisse rom.; prov. mod. argousié, Mistral; les formes fr. citées supra s'inscrivent dans cette suite). J. Hubschmid, loc. cit., postule pour le type en -rc- une base préromane *arkossa, et pour le type en -rg- une variante arkokia. Les formes fr. représentent une normalisation p. anal. avec les noms d'arbres ou d'arbustes en -ier*.
L'hyp. d'un croisement de arbousier* avec le dial. argouié « houx », lui-même croisement du lat. acucula avec acrifolium (EWFS2) manque de vraisemblance; il est probable cependant que des confusions se sont établies entre arbousier et argousier : v. pour le Rouergue, Mistral, s.v. arbous « arbousier », var. argous et s.v. arbousso « arbousse », var. argousso. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Littré-Robin 1865. − Privat-Foc. 1870. |