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ARÇON, subst. masc.
I.− SELLERIE, ÉQUIT.
A.− Chacune des deux pièces de bois cintrées qui forment le corps de la selle d'un cheval. Arçon de la selle, arçon de devant (ou pommeau), arçon de derrière (ou troussequin) :
1. Le seigneur d'Himbercourt fut aussi blessé et pris. Rien n'ébranla le courage du duc. Un coup de lance traversa l'arçon de sa selle; un autre dérangea son armure. Un homme d'armes dauphinois le saisit vigoureusement pour l'entraîner à terre; il piqua son cheval, et s'arracha de cette étreinte. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 343.
2. Or, il pique des deux, et, dressé sur l'arçon, Fait à Rui De Vivar âprement la leçon, D'un geste violent et bref, à pleine gorge, Et l'œil plus allumé qu'un charbon dans la forge : − À bas! à bas, Don Rui! c'est votre tour. Leconte de Lisle, Poèmes barbares,L'Accident de don Inigo, 1878, p. 289.
P. métaph. :
3. Alors cette île ennemie, dont les petits à-coups terribles n'avaient pu me désarçonner, accrochée que j'étais à tous ses arçons, aux lianes, aux racines, voulut se venger dès le lendemain en m'humiliant, ... Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 108.
Rem. Qqf., arçon désigne uniquement le pommeau ou même les fontes (poches de cuir) de la selle (cf. Nouv. Lar. ill.).
Pistolet d'arçon. Pistolet placé dans les fontes du pommeau :
4. ... deux pistolets d'arçon, à crosse recourbée, garnissaient sa ceinture [d'un homme] où pendait une poire à poudre... A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 192.
SYNT. Pistolets (placés) aux arçons (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 106); petite carabine d'arçon (Ponson du Terrail, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 568).
B.− Loc. diverses (arçon est gén. au plur).
1. Être ferme sur (ou dans) ses arçons. Se tenir bien en selle sans risquer d'être désarçonné.
Au fig. et fam. Avoir des opinions, des principes bien arrêtés et les défendre énergiquement.
2. Perdre, vider les arçons. Être désarçonné, faire une chute de cheval :
5. Alvar de Luna était un cavalier de renom, natif de Zamora (...), Jamais cavalier des Espagnes ne lui fit perdre les arçons. Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 65.
Au fig. et fam. Perdre le fil d'une discussion, ne plus savoir quel parti prendre.
3. Se remettre sur (ou dans) ses arçons. Remonter en selle.
Au fig. et fam. Reprendre des forces après une maladie ou un accident.
C.− Argot (des voleurs). Signal, signe de reconnaissance qui consiste soit à cracher par terre soit à figurer avec le pouce, sur la joue droite, la forme d'un C. Faire l'arçon. Avertir d'un danger.
II.− Autres domaines techn.
A.− MUS., vx. Archet très recourbé :
6. À cette époque [xiesiècle] apparaît l'arçon, l'« archet », dont cet antique instrument [la rota] est doté, ... A. Gastoué, Primitifs de la mus. fr.,1922, p. 96.
B.− SP. (En gymnastique). Cheval d'arçon. Appareil cylindrique, sur quatre pieds, généralement en cuir, servant aux exercices de saut et de voltige (cf. Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 310).
Rem. Attesté ds Quillet 1965 et Pt Rob. (sous l'orth. cheval d'arçons).
C.− TECHNOLOGIE
1. INDUSTR. TEXT. Instrument en forme d'archet servant à tous les artisans travaillant la laine, le poil ou le coton pour battre, carder, épurer ces matières. Arçon de chapelier, de bourrelier, de drapier... ,,Les chapeliers battent avec un arçon le poil qui sert à fabriquer les feutres.`` (Ac.1835-1932).
2. Sorte d'archet utilisé par les marbriers et les ouvriers stucateurs (cf. archet B 7 c).
Rem. Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.
3. ,,Petit archet composé d'une tige d'acier et d'une corde ou boyau enroulée autour d'une bobine et reliée à la boîte du foret; le mouvement de va et vient imprimé à cette bobine fait tourner le foret.`` (E. Robinot, Vérification, métré et pratique des trav. du bât., t. 3, 1928, p. 44).
D.− VITIC. Sarment de vigne recourbé en arc dans le but d'augmenter la production de raisins. Synon. arcure, (cf. aussi archet B 8).
PRONONC. : [aʀsɔ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 « l'une des deux pièces courbées qui forment le corps de la selle » (Roland, éd. Bédier, 1228 : L'escut li freint e l'osberc li derumpt, El cors li met les pans del gunfanun, Pleine sa hauste l'abat mort des arçuns); 2. ca. 1180 « petit arc » (Chr. de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 2822 : Yvains s'en va jusqu'au garçon cui il voloit tolir l'arçon Et les saietes qu'il tenoit) − xives. ds Gdf.; 3. xiies. mus. « archet » (Alexandre, fo75a, Michelant ds Gdf. : L'uns tint une viele, l'arçons ert de safir), seulement en a. fr.; d'où 1399 mét. « instrument en forme d'archer pour battre la laine, etc. » (Arch. JJ 154, pièce 443 ds Gdf. : Le dit Guillaume decoppa par grant despit a Cyrot arçonneur la corde de son arçon). Du lat. vulg. *arcione(m), acc. de *arcio, -onis, dimin. de arcus « arc ». V. arc.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 75.
BBG. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − Delamaire (J.). Môniers et moulins à eau. Vie Lang. 1971, p. 12. − Esn. 1966. − Fén. 1970. − France 1907. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens 1930, p. 307. − Laborde 1872 (s.v. arçonnières). − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Le Roux 1752. − Mots rares 1965. − Pope 1961 [1952], § 306. − Rog. 1965, p. 96.