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APPROPRIATION, subst. fém.
A.− [L'idée dominante est celle d'adaptation] Action d'adapter quelque chose à un usage déterminé.
1. Vx. Action de rendre propre. Appropriation d'une chambre.
Rem. Emploi attesté ds Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. qui notent qu'il est peu usité.
2. [Suivi d'un compl. d'obj. second. introd. par à] Action d'approprier, d'adapter quelque chose à une destination précise :
1. Reculez donc tant que vous le voudrez et élargissez l'horizon; remontez aux antiquités, aux origines (...) mais que, par quelque endroit essentiel, par quelque courant principal de l'inspiration, il y ait nouveauté, et application, appropriation des choses passées au temps présent, à l'âge du monde où vous êtes venu... Sainte-Beuve, Étude sur Virgile,1857, p. 82.
2. Le roman de Grecque [par Juliette Lamber] observe avec le plus grand soin la forme antique et offre une intéressante tentative d'appropriation du style homérique à un récit moderne. Lemaître, Les Contemporains,1885, p. 153.
Rem. Appropriation est souvent suivi d'un subst. introd. par de qui serait le compl. d'obj. dir. du verbe correspondant.
[Sans compl. second. exprimé] :
3. ... on le vit travailler à meubler, tapisser et aménager sa demeure. On admira l'appropriation des tentures et la commodité de chaque objet. Gide, Le Prométhée mal enchaîné,1899, p. 337.
P. ext. Convenance :
4. Ce qui fait un chef-d'œuvre, c'est une appropriation ou un appariement heureux entre le sujet et l'auteur. Gide, Journal,1905, p. 178.
Spéc., ZOOTECHNIE. ,,L'art d'adapter, de rendre les races d'animaux domestiques propres à une destination bien définie`` (E. Gayot ds Guérin 1892) :
5. Le moment où le transport par animaux se substitue au transport par hommes, est décisif dans l'évolution des sociétés. La charrue, le chariot supposent l'emploi de la force animale. Il n'y a aucune raison de croire, − tout au contraire, − que l'appropriation de certains animaux à nos besoins de culture et de transport ait été l'œuvre d'une seule et même contrée particulière. Vidal de La Blache, Principes de géogr. humaine,1921, p. 287.
B.− [L'idée dominante est celle de propriété]
1. [Avec un compl. prép. de indiquant l'obj. de l'appropriation] Action de s'approprier une chose, d'en faire sa propriété :
6. Pour d'autres encore, les conflits de classes imposeront la relève des bourgeoisies et mettront un terme à l'appropriation privée des moyens de production. F. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 337.
Spéc. Acte de l'esprit qui s'approprie, qui fait siennes les connaissances qu'il acquiert. Synon. assimilation :
7. Il n'y a pas chez lui la fantaisie abracadabrante d'un poète haschiché ou la retrouvaille psychologique d'un voyant dans les humanités mortes. En un mot, il n'y a pas d'invention personnelle, mais une appropriation intelligente, réfléchie. E. et J. de Goncourt, Journal,1871, p. 845.
2. [En parlant d'une chose] Fait qu'une chose devient ou est devenue propriété de quelqu'un :
8. Parmi les agens naturels, les uns sont susceptibles d'appropriation, c'est-à-dire de devenir la propriété de ceux qui s'en emparent, comme un champ, un cours d'eau;... Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 74.
P. ext. Chose qu'on s'est appropriée :
9. ... les réserves, les secrets, c'est comme toute appropriation : arrive un moment où ça n'a plus de sens... Il faut bien qu'on parte dépouillé et nu... Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 458.
PRONONC. : [apʀ ɔpʀiasjɔ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xives. apropriacion « action naturelle par laquelle les aliments pénètrent dans l'organisme » (Somme Maître Gautier, fo37 rods Gdf. Compl. : Apropriacion de digestion), attest. isolée; spéc. 1762 chim. (Ac. : Appropriation ... est l'état où sont mis deux corps qui ne peuvent s'unir ensemble que par le concours d'un troisième corps, qui dispose les deux premiers à s'unir); 2. 1521 rhét. « adaptation, transposition de mots » (Fabri, Rhet., 1. II, fo45 rods Gdf. Compl. : Malle appropriation de termes), repris en 1826 par Mozin-Biber; 3. 1636 « action de s'attribuer des biens » (Monet, Invantaire des deux lang. fr. et lat.); 1690 (Fur. : Appropriation ... Action par laquelle on s'approprie. Les ambitieux et les avares ne cherchent qu'à se faire l'appropriation du bien d'autruy); 1751 dr. eccl. (Encyclop.); 4. 1866 « action de rendre propre, net » (Lar. 19e: L'appropriation de mon cabinet ne m'a pas demandé moins de deux heures). 1. empr. au b. lat. appropriatio, terme méd. « assimilation par l'organisme » (ves. Caelius Aurelianus, Chron., 2, 13, 151 ds TLL s.v., 316, 51); 3 empr. au lat. médiév. de même sens (1253 Chartae Pommeranenses, A, I, 490 ds Mittellat. W. s.v., 819, 10); 2 et 4 par attraction de l'adj. propre*, respectivement au sens de « qui convient à » et de « net ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 125.
BBG. − Bél. 1957. − Birou 1966. − Bouyer 1963. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Dul. 1968. − Éd. 1913. − Foi t. 1 1968. − Lal. 1968. − Nysten 1814. − Romeuf t. 1 1956.