| APPRENDRE, verbe trans. I.− Emploi trans. A.− [Avec l'idée dominante d'enseign. ou de formation] Recevoir, donner un enseignement. 1. [Le suj. est le bénéficiaire de l'enseign.; l'obj. indique la matière enseignée] Recevoir un enseignement. Apprendre qqc., à faire qqc. a) Acquérir la connaissance d'une chose par l'exercice de l'intelligence, de la mémoire, des mécanismes gestuels appropriés, etc. − [L'obj. désigne une matière d'enseign., une discipline, un contenu figurant dans un programme ou dans un livre, etc.] Apprendre la trigonométrie, le dessin : 1. Je veux commencer à apprendre le suédois, et mon premier essai sera pour vous témoigner dans une nouvelle langue les sentiments distingués que vous, monsieur, vous m'avez inspirés. Agréez-en l'assurance inviolable.
Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 95. 2. Ce fut de cette manière, à force de l'entendre, qu'elle apprit le catéchisme, ...
Flaubert, Trois contes,Un Cœur simple, 1877, p. 27. ♦ En partic. Apprendre (par cœur) (une leçon, un texte, un morceau de musique, etc.) : 3. Sérénité souriante et tendre; équilibre dans la puissance; possession de soi; perfection. Et les concertos de Mozart (Hummel). Quel que soit le morceau, mon seul moyen de le travailler, c'est de l'apprendre par cœur.
Gide, Journal,1927, p. 853. 4. − Vous êtes bien pressée, Suzanne. Vous voulez apprendre le rôle?
− Croyez bien que je le sais. Comment vous dire sans vanité que je sais toujours par cœur Ophélie et Monime, Marguerite et Mélisande, Portia et Kitty Bell. Cinquante rôles pour le moins.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 36. ♦ Emploi abs. : 5. D'ailleurs, quand j'étais en âge d'apprendre, il n'y avait pas même de curés dans les paroisses ni de cloches dans les clochers.
Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 422. 6. Je suppose que déjà sur les bancs de l'école on trouve des fanatiques, qui ont buté une fois, et qui sont offensés pour toujours; ils ont juré d'apprendre sans comprendre. Ils ont dit une fois ce qu'ils pensaient; et cela n'avait pas de sens. Ils ne s'y frottent plus. C'est pourquoi la méthode si simple d'apparence, et qui veut toujours éveiller le jugement, n'est pas sans périls.
Alain, Propos,1931, p. 992. ♦ Loc., domaine des ét. élémentaires.Il apprend bien (Ac.). Il a des facilités pour les études. − [L'obj. désigne une pratique] Acquérir par l'entraînement la maîtrise des procédés ou des mécanismes permettant de se livrer à une activité déterminée générale ou professionnelle. Apprendre une technique, un métier, un savoir faire : 7. Quel bonheur, par exemple, pour le fils d'un pauvre émigrant, qui dans son ancienne patrie a mené une vie inutile, désœuvrée, de pouvoir apprendre un métier, avec lequel, s'il est sage, il sera sûr de faire sa fortune, sur-tout dans un pays comme celui-ci, où les ouvriers sont si rares et si chers, vû son accroissement rapide?
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 171. 8. La culture de l'intelligence est une arme. La question est de savoir si les bourgeois mettront cette arme dans un coin où elle rouillera, ou bien si elle sera reprise et maniée. Dans les universités, dans les écoles, dans les lycées, des jeunes gens sont en train d'apprendre le maniement académique de cette arme : ne feront-ils point un autre usage de cette connaissance? À l'heure où la civilisation de leurs pères est exposée au danger final, accepteront-ils de la défendre contre les hommes? Ou bien trahiront-ils leurs pères?
Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 234. Rem. La limite entre les 2 emplois sous 1 a est délicate : apprendre le dessin, le piano, etc. relèvent des 2 emplois. b) P. ext. [L'obj. désigne ce qui touche la condition hum.] Acquérir par l'expérience, le contact des hommes, etc., la connaissance de ce qui sert pour la conduite de la vie. Apprendre les usages de la société, apprendre le monde : 9. Les domestiques apprennent le vice chez leurs maîtres ... entrés purs et naïfs − il y en a − dans le métier, ils sont vite pourris, au contact des habitudes dépravantes.
Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 260. − [Le compl. est un adv. de quantité] :
10. Ils n'ont rien appris, rien oublié.
Lar. 19e, 1866. Rem. Propos attribué à Talleyrand parlant de l'état d'esprit des émigrés à leur retour en France. 11. Ayant encore beaucoup à apprendre, j'aurais tort de retourner à elles et de contrarier mon adaptation par des fréquentations inopportunes. Car, − ne l'ai-je pas déjà signalé? − nous autres gens de Ménilmontant, nous proférons un langage spécial et nous nous entretenons de sujets spéciaux.
Frapié, La Maternelle,1904, p. 63. Rem. 1. Dans les 2 emplois apprendre se construit avec la prép. à + inf. Apprendre à lire, à raboter; à maîtriser ses passions : 12. Lorsqu'un enfant apprend à nager dans une rivière, la crainte de se noyer et la seule froidure de l'eau l'empêchent de se livrer au courant.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 134. 13. Aimé restait là à réfléchir. Il apprenait à voir de près les choses. Comment chaque oiseau a son nid; comment la taupe fait son trou, et le renard fait son terrier, ménageant deux ou trois entrées, comment l'écureuil grimpe aux écorces lisses (grâce à ses griffes recourbées); comment aussi l'eau du ruisseau est si luisante au creux des mares qu'on peut compter dedans les feuilles, ...
Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 28. − Avec une nuance de menace : 14. − Sacré nom de Dieu, Lantibout, jura-t-il, vous aurez deux jours de salle de police pour vous apprendre à me répondre avec une impertinence pareille! Ah vous rarrangerez peaudezébie?
Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 72. Rem. 2. Dans les 2 emplois également, apprendre peut se construire avec une prop. complétive conj. que. J'ai appris à l'école que deux et deux font quatre : 15. Elle n'avoit point été formée à cette école chrétienne où, dès le berceau, l'homme apprend qu'il est né pour souffrir.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 3, 1810, p. 158. Rem. 3. Apprendre peut se construire avec un compl. prép. de indiquant la pers. de qui on tient un enseignement (avec une nuance d'information) : 16. Nous aimons mieux apprendre de nos semblables ce que nous sommes que de l'étudier en nous-mêmes. Je vais tous les jours demandant à ce qui m'entoure, si je suis un être bon, aimable, bien ordonné, digne de louange ou de blâme. Pourquoi ne le cherché-je pas uniquement en moi-même?
Maine de Biran, Journal,1816, p. 236. − La prép. sur indique la matière : 17. − Nous avons encore beaucoup à apprendre sur l'être humain, mon vieux. Tu as vu dans quel état ils étaient; dans les cas « d'extrême abaissement du moral », comme dit le colonel, il se trouve toujours un type pour trahir.
Malraux, L'Espoir,1937, p. 770. Rem. 4. L'emploi passif est rare. Être appris. Accueillir comme il faut un enseignement (sur la vie) : 18. Elle [Ragotte] dit à propos des leçons que la vie nous donne :
− Il faut être pris pour être appris.
Renard, Nos frères farouches,1910, p. 62. 2. Emploi factitif. [Avec un obj. premier indiquant la matière enseignée et un obj. second. indiquant le bénéficiaire de l'enseign.] Faire apprendre, enseigner quelque chose à quelqu'un, donner un enseignement. Apprendre qqc. à qqn. a) [Le suj. désigne la pers. enseignante] :
19. Allez apprendre aux Romains à mourir, mais d'une tout autre façon qu'en répandant votre sang dans leurs fêtes : assez long-temps ils ont étudié la leçon, faites-la leur pratiquer.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 75. 20. Une de ses manies était qu'on n'instruisait pas assez les enfants. − Qu'est-ce qu'on leur apprend à l'école? ... On ne leur apprend rien... Quand on les interroge sur des questions capitales... C'est une vraie pitié... Ils ne savent jamais quoi répondre...
Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 217. 21. MlleCourtaud est vieille parce qu'elle est ennuyeuse, parce qu'elle s'habille mal, parce qu'elle a toujours l'air de gémir en dedans, parce qu'elle vous apprend le piano comme si c'était une des punitions de l'existence.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 54. 22. Apprends à repousser l'amitié, ou plutôt le rêve de l'amitié. Désirer l'amitié est une grande faute. L'amitié doit être une joie gratuite comme celles que donne l'art, ou la vie. Il faut la refuser pour être digne de la recevoir; elle est de l'ordre de la grâce (« Mon Dieu, éloignez-vous de moi ... »). Elle est de ces choses qui sont données par surcroît.
S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 72. − [Avec une nuance de menace] :
23. ... je puis le dire, car voilà dix ans que je le demande; mais ils s'en repentiront, ils apprendront à me connaître, et ces services qu'ils n'ont pas voulu acheter, je les vendrai à d'autres.
Scribe, Bertrand et Raton,1833, I, 1, p. 122. 24. − Zut! vous m'embêtez à la fin! Vraiment on n'a pas idée de ça! Vouloir me persuader que j'ai dit une chose quand je n'ai même pas ouvert la bouche, et me ficher des démentis parce que je rétablis les faits! ... Vous avez de la chance d'être une vieille bête, ce qui fait que je vous respecte; sans ça, vous verriez un peu! ... Je vous apprendrais les convenances, moi. Durant ce torrent d'indignation, Soupe pensa : « J'ai été trop loin ».
Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, 5etabl., 2, p. 179. − Loc. et proverbes. Apprendre à sa mère, à son père à faire des enfants. En parlant de ,,celui qui s'avise de donner des leçons à plus savant que lui.`` (Lar. 19e); ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces (Lar. 19e). b) P. méton. [Le suj. désigne une discipline, une doctrine ou un doc.] :
25. Cette préface nous apprend que les conteurs du livre, conteurs de tous les formats, l'élite de nos conteurs, s'étant un soir réunis en assemblée extraordinaire, se sont d'abord constitués pléiade de conteurs. Nous sommes les vrais conteurs et les seuls, ont-ils déclaré; nul ne fera des contes hors nous et nos amis.
Musset, Revue des Deux Mondes,1833, p. 332. 26. Les fossiles nous apprenent d'abord que la vie est très ancienne à la surface du globe, car on trouve des restes d'animaux ou de végétaux dans la plupart des roches sédimentaires. Ils nous apprennent de plus que les êtres d'autrefois représentent des formes différant d'autant plus des formes actuelles qu'elles sont plus anciennes; que ces êtres ont changé bien souvent avec le temps; qu'il y a eu des transformations successives des faunes et des flores.
M. Boule, Conf. de géol.,1907, p. 52. 27. La théorie des quanta nous apprend que l'intensité spécifique du rayonnement du corps noir est donnée par : (...) formule vérifiée expérimentalement de façon satisfaisante.
E. Schatzman, Astrophysique,1963, p. 10. c) P. ext. [Le suj. désigne une expérience ou une rencontre de la vie] :
28. − Aider Ernest! s'écria Gobseck. Non, non! Le malheur est notre plus grand maître, le malheur lui apprendra la valeur de l'argent, celle des hommes et celle des femmes.
Balzac, Gobseck,1830, p. 436. − Proverbe. Les bêtes nous apprennent à vivre. ,,Les hommes peuvent quelquefois tirer d'utiles instructions de ce qu'ils voient faire aux animaux.`` (Ac. 1835). Rem. Comme le montrent les ex., l'obj. premier et ses constr. sont les mêmes que dans les emplois A 1 (cf. supra rem. 1, 2, 3). B.− [L'idée dominante est celle d'une inform. indiquée dans l'obj. premier] 1. [Le suj. est le bénéficiaire de l'inform.] Recevoir communication de quelque chose. Apprendre qqc., apprendre une nouvelle : 29. ambroise. − Eh bien, qu'est-ce donc que j'apprends? Madame Évrard menace, et veut que Laure sorte! Oh! Je déclare...
Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, IV, 9, p. 108. 30. Les pêcheurs, qui venaient d'apprendre cette mort, la considéraient comme un mauvais présage. Jules, qui sortait de sa prostration, entendit le glas. Il eut le courage de plaisanter : « Ce n'est pas moi qui suis mort? » Avant qu'on ne lui eût répondu, il reprit conscience davantage et il regretta sa plaisanterie.
Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 135. − Loc. En apprendre de belles, de bonnes : 31. thomas. − Tatiguoi! j'en apprends de belles. Et vous, monsieur le domestique, êtes-vous marié?
le domestique. − Non.
Leclerq, Proverbes dramatiques,Le Savetier et le financier, 1835, 4, p. 216. Rem. 1. L'obj. est fréquemment une prop. compl. conj. que (cf. infra ex. 32). 2. La source de l'inform. s'exprime par un compl. prép. de ou par : 32. Il apprit d'eux que le roi de Pannonie ne se trouveroit point à la fête; sans témoigner ni dépit ni mécontentement, il avoit imaginé un prétexte pour s'éloigner tout le jour, en annonçant qu'il ne reviendroit que le lendemain.
Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 3, 1795, p. 347. 33. Thécla n'observe aucun des déguisements imposés à nos héroïnes; elle ne couvre d'aucun voile son amour profond, exclusif et pur; elle en parle sans réserve à son amant. « Où serait, lui dit-elle, la vérité sur la terre, si tu ne l'apprenais par ma bouche? »
Constant, Wallstein,1809, p. XLVI. 34. Tout à coup j'apprends par les papiers publics le retour de Mmede Montholon en Europe : elle avait été, ainsi que moi, repoussée d'Angleterre et débarquée à Ostende.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 644. 2. [Le suj. exprime la pers. qui donne l'inform.; un compl. obj. second. en indique le bénéficiaire] Donner communication de quelque chose. Apprendre qqc. à qqn, apprendre à qqn que... : 35. René ramenant ses regards dans l'intérieur de la caverne, et les fixant sur un squelette, dit tout à coup : « Mila, pourrois-tu m'apprendre son nom? »
− « Son nom! répéta l'Indienne épouvantée, je ne le sais pas : ces morts se ressemblent tous. »
Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 342. 36. Mais vous savez toutes ces choses et je ne vous apprends rien : peut-être aussi que cette brutalité vous irrite. Excusez-moi : j'en suis hanté.
Gide, Correspondance[avec P. Valéry], 1891, p. 87. II.− Emploi pronom. A.− [Avec l'idée dominante d'enseignement] 1. Emploi avec valeur réfl., rare. a) [Le pron. représente l'obj. premier] :
37. On peut même dire que l'enfant se découvre d'abord en autrui; il identifie le nez ou l'oreille sur sa mère ou sur ses poupées avant de les identifier sur son propre corps; il s'apprend lui-même dans des attitudes qui sont commandées par le regard d'autrui : parade ou embarras, avant de s'apprendre comme objet physique d'observation directe.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 469. b) [Le pron. représente l'obj. second.] :
38. [Janik, à son fiancé :] Aidez-moi donc à mettre là-dedans.
Ces plats (...)
Il faut s'apprendre à faire le ménage.
J. Richepin, Le Flibustier,1888, p. 52. 2. Emploi avec valeur passive : 39. Un secret instinct de la vérité m'avertissait qu'en toute chose la théorie n'est rien auprès de la pratique, et le grave et silencieux sourire des vieux capitaines me tenait en garde contre toute cette pauvre science qui s'apprend en quelques jours de lecture.
Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 25. 40. Elle secoua la tête : « J'ai trente-sept ans et je ne connais aucun métier. Je peux me faire chiffonnière; et encore!
− Ça s'apprend, un métier; rien ne t'empêche d'apprendre. »
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 283. 41. L'art de vivre avec son prochain ne s'apprend pas dans les nuages, ni dans les prières.
Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1034. Rem. Cet emploi est fréq. surtout au présent. B.− [Avec l'idée dominante d'inform.] Réfl. avec valeur passive, rare : 42. Rien ne s'apprend, si tôt que ce qu'on veut cacher.
Desforges(Lar. 19e). PRONONC. ET ORTH. : [apʀ
ɑ
̃:dʀ
̣], j'apprends [ʒapʀ
ɑ
̃]. Fér. Crit. t. 1 1787 admet la var. aprendre. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− 1. a) 950-1000 « étudier, acquérir une connaissance » (St Léger, 18 ds Gdf. Compl. : Rovat que litteras apresist); xies. (Alexis, éd. Storey 33-4 : Puis ad escole libons pedre le mist : Tant aprist letres que bien en fut guarnit); b) 1155 « s'habituer, s'accoutumer à (+ inf.) » (Wace, Brut, 3940 ds Keller, Etude sur le voc. de Wace, p. 87); c) fin xiies. « fixer dans sa mémoire » (La mort de Garin, 2288 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 469); 2. ca 1175 « entendre dire, être informé de » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 5258 ds T.-L. : Aloit por aprandre noveles Par les corz et par les päis).
B.− a) 1130-40 « donner la connaissance (de qqc.) » (Wace, Conception ND, 570 ds Keller, Etude sur le voc. de Wace, p. 83 : Marie cest nom li ont mis que li angeles lor ot apris); b) ca 1150 aprendre qqn « instruire qqn » (Wace, St Nicolas, 68, ibid., p. 87 : Par grant entente fut apris) − 1740 (Boissy, Les Dehors trompeurs ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 470); d'où 1174 apris part. passé adjectivé « instruit » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. G. Hippeau, 3251 ds T.-L. : sage humme et des lettres apris); ca 1175 bien apris (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 596, ibid.), voir aussi malappris; c) ca 1175 « enseigner + prop. complétive » (Chr. de Troyes, Cligès, 30, éd. W. Foerster).
Du lat. apprehendere « prendre, saisir » (voir appréhender); d'où en b. lat. le sens A 1 a) « saisir par l'esprit, apprendre, étudier » dep. le ves. (Prosper Tiro Aquitanus, Carm. de ingr., 856 ds TLL s.v., 308, 5); au sens B a) « informer », empr. au lat. médiév. (Chronicon Venetum, p. 164, 4 ds Mittellat. W. s.v., 810, 70). STAT. − Fréq. abs. littér. : 13 257. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 778, b) 18 615; xxes. : a) 17 323, b) 17 612. BBG. − Bonnaire 1835. − Dem. 1802. − Foulq-St-Jean 1962. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 12. − Gottsch. Redens. 1930, p. 157, 245, 403. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Le Roux 1752. − Martin (E.). Si l'on peut dire apprendre quelqu'un à. Courrier (Le) de Vaugelas. 1874-75, t. 5, p. 156. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Timm. 1892. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, no189, p. 681. |