| APPOINT, subst. masc. A.− COMM. Somme qui sert à solder un compte commercial : 1. Je suis trop heureux de pouvoir, à l'aide de cet appoint inattendu, solder intégralement les dettes de mon père ...
O. Feuillet, Le Roman d'un jeune homme pauvre,1858, p. 32. − P. ext., vx. Le dû : 2. Elle demanda dix louis sur cet objet; on lui en offrit quatre; elle se récria sur la modicité de la somme, sur la valeur du nantissement, et voulut en avoir au moins 140 francs, dont sa maîtresse avait, disait-elle, un besoin indispensable pour acheter un chapeau-casque que MlleDespaux ne voulait ni livrer à crédit ni vendre à meilleur marché. Cette raison ne fit pas même sourire le buraliste, et MlleMarton se vit obligée de détacher de son cou, avec un peu d'humeur, une chaîne d'or qui compléta l'appoint, et au moyen de laquelle on lui compta la somme indispensable.
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 160. B.− Cour. Complément d'une somme en petite monnaie. ♦ Faire l'appoint. Ajouter le complément en petite monnaie; p. ext. payer exactement la somme due, en sorte que le bénéficiaire ne soit pas obligé de rendre de la monnaie. − Fam. Gain qui s'ajoute aux ressources principales : 3. Quand ils avaient fait les huit heures sur les vignes du patron, ils avaient encore un moment, le matin et le soir, pour cultiver leur raisin. (...)
Ils faisaient du fruit, et même le vendaient à Loménie. Pas très cher évidemment, il n'avait pas besoin d'eux, enfin. Tout de même un ménage trouvait comme ça une pièce de 400 francs la récolte, et comme avec la saison morte l'un dans l'autre un bon journalier ne gagnait pas plus de quarante-deux, quarante-trois sous par jour, c'était un appoint pas négligeable pour la famille.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 91. − Au fig. Aide complémentaire : 4. Une recrudescence de centres habités signale le bord des plateaux de lœss en Alsace, entre Strasbourg et Saverne, comme en Autriche le bord des plateaux que longe la Morava au nord de Vienne; la vigne et les vergers ajoutent leur appoint aux cultures de céréales.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. humaine,1921, p. 177. 5. Brest est par terre aujourd'hui et j'ai peine à imaginer la masse énorme de ses décombres. Certains conserveront le souvenir du port de guerre, de l'arsenal, des tourelles géantes, des ponts blindés, des canons à longue portée des plus modernes cuirassés de sa flotte de haute mer qui était un bel appoint pour l'Angleterre en juin 1940.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 57. − P. ext. Toute espèce de complément : 6. Par ces divers moyens, quarante-deux voix sûres m'étaient acquises : il ne restait plus qu'à agir vivement sur les quatorze qui formaient l'appoint de la majorité.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 322. 7. Notre dernier Courrier a dit au monde toute la transformation qu'a déjà subie ou que subira, cet automne, la Mode, et expliqué le changement de décor de la Saison; il ne nous restait plus qu'à décrire les mille riens charmants, appoint indispensable d'une toilette du jour : quand nous nous sommes aperçue que, pour avoir tiré trop de choses de notre propre observation, nous avions comme négligé certains traits un peu banals, certes, connus, oui, mais à Paris (or, nous n'écrivons pas seulement pour Paris).
Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 745. PRONONC. ET ORTH. : [apwε
̃]. Fér. Crit. t. 1 1787 admet la var. graph. apoint. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1150 apoint « occasion favorable » (Voy. de Charlemagne, p. 46, Koschwitz ds Gdf. : Au besoing se couvient il aidier, sire, fait il, et de paiens, se mout en y a, ne se couvient si non par apoint effrayer) − 1611, Cotgr.; 1930 attendre l'appoint de la marée, du vent, « attendre la marée, un vent favorable » (Canada); 2. 1452 « somme qui solde un compte » (A. Greban, Passion, 2192 ds Gdf. Compl. : Faictes l'apoint : je m'y oppose Et vous deffens de disposer Quelque bien sans moy exposer Le fait), attest. isolée, repris dep. Ac. 1740; av. 1750 « qui complète (au fig.) » (Mmede Staël, Considérations sur la révol. fr., IV, c. 4 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 447 : La curiosité pour les nouvelles ne peut se satisfaire qu'en recevant un appoint de mensonges).
Déverbal de appointer1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 123. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Colas-Cab. 1968. − Comm. t. 1 1837. − Lar. comm. 1930. − Le Breton Suppl. 1960. |