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ANVOT, ANGOT, ANVAIN, subst. masc.
Région. Orvet :
Et il [Touraille] contait : − Tous les ans, au 13 de mai, les coleuvres, les anvots (...) s'en vont rampant vers une étang des bois (...) Alors ils bavent tertous, une bave brillante comme la rosée, qui se forme en-dessour de leur langue. Genevoix, Raboliot,1925, p. 129.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1765 anvoye (Encyclop. t. 11, s.v. orvet : Orvet, orvet, anvoye, serpent aveugle); 1807 anvoie (C. Duméril, Traité élémentaire d'histoire naturelle, Paris, Deterville, t. 2, p. 196 : L'espèce la plus commune [d'orvets] en France est nommée vulgairement anvoie ou anguille de haie); différentes formes dial., entre autres : ang. anvain (Verr.-On. : Anvain, petit reptile inoffensif ... Dans quelques provinces on l'appelle anoeil sans doute à cause de la petitesse de ses yeux), solognot anvot et angot (Genevoix, supra et Simon, Gloss. solognot ms. 1942), poit. aneuil (Lalanne), blésois anveu (A. Thibault, Glossaire du pays blaisois), tourang. anvou (J. Rougé, Le parler tourang.); voir aussi Rolland, Faune pop. t. 3, pp. 17-22. Orig. obsc. La base du mot a été rapprochée par Gamillscheg (ds Z. rom. Philol., t. 43, 1923, p. 527 et EWFS2s.v. orvet) du b. lat. anabulio, qui au ves., désigne un serpent dans le Laterculus de Polemius Silvius (cité par Thomas ds Romania t. 35, p. 167), par l'intermédiaire des formes *anabulium, *anevoil, avec contamination de oculus (cf. anoeil, aneuil, supra et, notamment l'a. prov. aneduel [xiies., P. Cardinal ds Raynouard], prov. mod. anadiuel, nanduel [Mistral, s.v. nadiuel], altération populaire d'apr. n'ad-olh, n'a d'olh « n'a pas d'œil » [EWFS2]). L'extension géogr. du mot sous ses multiples formes (Narbonnaise, Garonne, Massif Central; Rhône d'où nord du Massif Central et Ouest, Alpes, Suisse romande, Piémont d'apr. Dauzat ds Romania t. 44, 1915-1917, pp. 238-244) suggère à Aebischer ds Pat. Suisse rom., s.v. anvoué l'hypothèse d'une orig. gauloise pour anabulio; hypothèse écartée par EWFS2. L'étymon lat. anguīlla (pour anguĭlla) (Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol., t. 24, 1900, pp. 400-403) peut peut-être expliquer les formes du type anvoye dans la mesure où celles-ci procèdent de *anwoye; cf. wallon anwèye « anguille » (Haust); en ce cas les formes angot, anvot, anv(a)in seraient dérivées du radical du lat. anguis « serpent » (voir aussi Horning ds Z. rom. Philol., t. 9, 1885, pp. 509-510) avec suff. -ot, in (altéré en ain); il est cependant surprenant que les dial. du Nord (picard, wallon) où peut s'expliquer le traitement groupe [gw] devenu [w] derrière consonne (voir Gossen, Gramm. de l'ancien picard, 1970, p. 103) ne connaissent pas anvoye, anvot « orvet ». L'hyp. selon laquelle le mot remonterait à un composé hybride α ́ ν ξ υ (θ) « sans » + lat. oculis (Dauzat, loc. cit.) n'est guère vraisemblable; la notion d'« aveugle » n'est intervenue qu'en étym. seconde comme on l'a vu plus haut.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 7.