| ANDAIN, subst. masc. A.− AGRICULTURE 1. Coup de faux d'un faucheur à chaque enjambée : 1. Au silence du prêtre la foule des fidèles ondula puis se courba dans un même mouvement comme les blés que l'habile faucheur couche d'un seul andain.
G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 94. 2. Étendue de pré qu'un faucheur, à chaque enjambée, peut faucher d'un seul coup de faux; la quantité d'herbe, de foin, de blé, etc. qu'un faucheur abat à chaque coup de faux : 2. Sans ajouter une parole, il se remit à la besogne, roulant sur ses hanches, abattant l'andain à chaque coup de faux, dans le grincement du fer qui cadençait sa marche...
É. Zola, La Terre,1887, p. 243. 3. Il [Philippe] s'efforce d'abattre l'herbe par coutelées régulières, de raser net le tapis, car le meilleur du foin c'est le pied de la tige, de faire des andains de la même largeur...
J. Renard, Nos frères farouches,1910, p. 184. − P. ext. Rangée d'herbe ainsi fauchée faite sur toute la largeur ou la longueur du pré : 4. Les premières politesses échangées, il exposa son système relativement aux fourrages; on retournait les andains sans les éparpiller; les meules devaient être coniques et les bottes faites immédiatement sur place, puis entassées par dizaines. Quant au râteleur anglais, la prairie était trop inégale pour un pareil instrument.
G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 26. 5. Lorsque la faucheuse a terminé son travail, elle laisse le fourrage régulièrement disposé en andain.
G. Passelègue, Les Machines agricoles,1930, p. 186. 6. Le foin tourbillonnait, voltigeait aux cris de la vieille. Il couvrait de nouveau toute l'aire lorsque ce vent follet retomba. Perrine, furieusement, jurait que ce foin était en andains, des andains qui ressemblaient aux vagues de la mer!
H. Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 123. Rem. Il existe une var. région. andon : ,,Ils travaillaient de compagnie à retourner les « andons » de seigle qu'on avait fauchés pour les donner au bétail.`` (É. Moselly, Terres lorraines, 1907, p. 129). B.− GÉOL. Rides solitaires, mobiles (dites de courant) que portent souvent les bancs de sable (d'apr. Baulig 1956, § 3) : 7. Tout ce sable (...) se dénude par larges bancs, laissant voir des andains parallèles comme une prairie fauchée (...) qui se sèche et se dore, et se brûle au soleil, poudreuse, dévorée de lumière, tremblante sous la vibration torride de l'espace.
M. Genevoix, La Boîte à pêche,1926, p. 103. Prononc. : [ɑ
̃dε
̃]. Étymol. ET HIST. − [844 lat. médiév. andainus (Cartulaire de Chartres ds FEW t. 1, p. 85); début xiieid. (Cartulaire de l'Abbaye de Saint Père de Chartres, éd. B. Guérard, 1840, t. 2, p. 583, LXXXVI)]; 1. fin xiies. « enjambée, pas (mesure) » (Renaut de Montauban, p. 233, Michelant ds Gdf. : Si vos tenes ensamble, le petit pas serré, Que li .I. ne past l'autre .I. andains mesuré); 1845 (Besch. : Andain. Enjambée, pas); cf. pic., mes., andan (J. Picoche, Un Vocab. Picard d'autrefois, A 16); 2. 1208 andaigs « étendue de pré large comme un coup de faux » (Cart. de Montiéramey, p. 247, ap. Lalore ds Gdf. Compl.); 1335 undains Compte de Odart de Laigny, Arch. KK 3a, fo254 vods Gdf. : Du prouffit des undains que madame a tout entour l'ille; 3. fin xvie-début xviies. endains « rangée d'herbe laissée le long d'un espace fait par le faucheur » (Perrin, Poés., fo63 vo, ibid. : [...] L'herbe par les vallons en beaux endains versee [...]), et andain « id. » (Chassignet, Ps., XIX ds Gdf. Compl.).
L'hyp. la plus vraisemblable est celle d'un étymon *ambitanus dér. du lat. ambitus attesté au sens de « mouvement circulaire » dep. Varro (Ling., 5, 153 ds TLL s.v., 1858, 19). Ambitus désigne ds Paulus Festus un chemin circulaire d'environ un pas de large (p. 5, ibid., 1858, 79 : ambitus proprie dicitur circuitus aedificiorum patens in latitudinem pedes duos et semissem, in longitudinem idem quod aedificium) d'où il apparaît que le dér. *ambitanus a pu, dans la terminologie agraire, désigner l'espace parcouru par le paysan lorsqu'il avance en travaillant − la longueur d'un pas − puis l'étendue de pré que l'on fauche d'un coup de faux puis la surface de pré de cette même largeur s'étendant sur toute la longueur du champ (A. Horning, Lat. Ambitus im Romanischen ds Z. rom. Philol., t. 29, pp. 513-551; Romania, t. 35, p. 323; FEW t. 1 s.v. ambitus; REW3, no410). L'ext. faite par Malkiel (The Romance word family of Latin ambāgō, Word, 1947, t. 3, pp. 59-72) au fr. andain de l'explication par *andagine (altération du lat. ambagine d'apr. l'esp. andar) de l'esp. andén « galerie, balustrade, chemin de ronde... chemin de halage », n'est pas justifiée et ne peut expliquer le sens de « pas ». Pour la même raison, l'étymon lat. indaginem, de indagare « suivre à la trace » (G. Paris ds Romania, t. 19, pp. 449-55 [1890]), bien que satisfaisante du point de vue phonét., ne semble pas à retenir. L'hyp. d'une orig. celtique *ande-dalgin (EWFS2) ne semble pas reposer sur des arguments solides. STAT. − Fréq. abs. litt. : 21. BBG. − Baulig 1956. − Forest. 1946. − Horning (A.). Lat. ambitus im Romanischen. Z. rom. Philol. 1905, t. 29, pp. 514-528. − Malkiel (Y.). The Romance word family of Latin ambāgō. Word. 1947, t. 3, pp. 59-72. − Pierreh. 1926. |