| ANCOLIE, subst. fém. A.− BOT. Plante herbacée et vivace de la famille des renonculacées à fleurs de couleurs variées caractérisées par cinq pétales, chacun prolongé à sa base en un cornet enroulé : 1. À gauche, c'était une longue rue d'ancolies, toutes les variétés de l'ancolie, les blanches, les roses pâles, les violettes sombres, ces dernières presque noires, d'une tristesse de deuil, laissant pendre d'un bouquet de hautes tiges leurs pétales plissés et gaufrés comme un crêpe.
É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1349. 2. Sur le bord d'un chemin poudreux, je rencontre une plante dont la fleur à la fois éclatante et sombre semble faite pour s'associer aux deuils les plus nobles et les plus purs. C'est une ancolie. Nos pères la nommaient le gant de Notre-Dame. Une Notre-Dame qui se ferait toute petite, pour apparaître à des enfants, pourrait seule glisser ses doigts mignons dans les étroites capsules de cette fleur.
A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 470. 3. Les petites clairières de son voisinage offrent quelques ressources au botaniste. Je conserve encore des plantes cueillies par Geneviève : quelques ancolies des Alpes, deux ou trois valérianelles, et un plant de cette calaminthe odorante qu'on appelle chez nous le grand basilic sauvage.
H. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 69. Rem. 1. Syntagmes (espèces cultivées) : ancolie vulgaire (encore nommée aiglantine, colombine et gants de Notre-Dame), ancolie des Alpes, ancolie de Sibérie et ancolie du Canada. 2. En poésie, l'ancolie est symbole de tristesse. B.− HÉRALD. Fleur de fantaisie à trois pétales, tige et feuilles stylisées. Prononc. : [ɑ
̃kɔli]. Passy 1914 : [ɑ
̃
ˑ-]. Étymol. ET HIST. − 1325 « fleur appelée gant de Notre-Dame, cloche, etc... » (Comtesse Mahaut, 349, cité ap. J. Richard, Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 112 : Gaunir le dit dortoir, les bancs, les traversains, et les montans du dit dortoir roseter et semer d'ancolies).
Du b. lat. aquileia, prob. ives. (Pseudo Th. Priscien, Add., p. 300, 28 ds André Bot., p. 37), dér. soit de aquilegus « qui rassemble l'eau », attesté dep. Tertullien (Anim., 33 ds TLL s.v., 374, 59 : de pistrinis et aquilegis rotis), cf. forme aquileius ds les Notes tironiennes (73, 54, ibid., 47), à cause des cavités de la fleur qui recueillent l'eau, soit de aquila, voir aigle, à cause de l'éperon en forme de crochet que présentent les feuilles d'ancolie (FEW t. 252, s.v. aquileia); la nasalisation de l'initiale est gén. expliquée par un rapprochement avec mélancolie (cf. ancolie empl. comme symbole de la mélancolie au xves., L'amant rendu Cordelier, p. 563 ds La Curne t. 1 : L'Amant, en ung oratoire, Estoit là, tendu de soye noire, Ouvré à grans fleurs d'ancolies Puis sur lui avoit ung suaire Tout couvert de mélancolies). STAT. − Fréq. abs. litt. : 19. BBG. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Colonna (P.). Spleen et bot. Vie Lang. 1953, no11, p. 96. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Laborde 1872. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870. − Rolland (E.). Flore pop. ou Hist. nat. des plantes dans leurs rapp. avec la ling. et le folkl. 1. Paris, 1967, p. 114. |