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ANCIENNETÉ, subst. fém.
A.− Caractère ou état de ce qui est ancien. (Correspond aux sens A et B de l'adj.) :
1. Le temps, cette image mobile de l'immobile éternité, mesuré ici-bas par la succession des êtres, qui sans cesse changent et se renouvellent, se voit, se sent, se compte, existe. Plus haut, il n'y a point de changement ni de succession, de nouveauté ni d'ancienneté, d'hier ni de lendemain : tout y paraît, et tout y est constamment le même. J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 330.
2. Que n'ai-je écrit jour par jour, au début de ma carrière, ce rude et horrible débat contre l'anonyme, toutes ces stations dans l'indifférence ou l'injure, ce public cherché et vous échappant, cet avenir vers lequel je marchais résigné, mais souvent désespéré, cette lutte de la volonté impatiente et fiévreuse contre le temps et l'ancienneté, un des grands privilèges de la littérature? E. et J. de Goncourt, Ch. Demailly,1876, p. 87.
− Loc. adv. De toute ancienneté. Depuis l'époque la plus reculée, de tout temps :
3. Les papes ont excommunié, déposé des rois de toute ancienneté; ... G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française,t. 2, 1817, p. 443.
B.− Temps passé dans une fonction ou un grade depuis le jour où on y a été nommé. Ancienneté de services :
4. ...M. Larrey reçut le soir même, de la part de Napoléon, son portrait enrichi de diamants, six mille francs en or et une pension sur l'état, de trois mille francs, sans exclusion, est-il dit au décret, de toute autre récompense méritée par ses grades, son ancienneté et ses services futurs. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 208.
− ADMIN. À l'ancienneté (p. oppos. à au choix). Au bout du temps qui ouvre obligatoirement droit à l'avancement :
5. ...c'était comme une rivalité qui se posait entre les deux agents, le jeune favorisé par la chance, le vieux arrivé à l'ancienneté, ancien fondé de pouvoirs à qui des commanditaires avaient enfin permis d'acheter la charge de son patron, ... É. Zola, L'Argent,1891, p. 91.
6. ...sans parler des fonctionnaires de tous grades qui, à l'abri des contingences mais bien arrosés, ont eu, eux, le temps de se multiplier à l'infini, de faire carrière, d'avoir de l'avancement à l'ancienneté et prendre enfin leur retraite méritée pour avoir su défendre les prérogatives de l'administration... B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 305.
Rem. Autres syntagmes années, prime, degré, titre, droit d'ancienneté; par rang d'ancienneté.
Prononc. : [ɑ ̃sjεnte]. Gattel 1841 est le seul dict. à noter la 2esyllabe de ce mot avec [e] fermé : an-cié-ne-té. Enq. : /ɑ ̃sjente/.
Étymol. ET HIST. − 1174 par ancïeneté « depuis les temps reculés » (G. de Pont-Ste-Maxence, Vie de St Thomas, éd. Hippeau, 4324 ds T.-L.); fin xiie-1ertiers xiiies. « caractère de ce qui existe depuis longtemps » (trad. des Moralia in Job, éd. Förster, 337, 15, ibid. : Mais chascuns ... nekedent li naist encor de la ancieneteit de vie ce ke il soffret). Dér. de ancien*; suff. -eté*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 142.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Gall. 1955, p. 160. − Le Clère 1960.