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ANÉMONE, subst. fém.
A.− BOT. Plante vivace de la famille des renonculacées, dont la fleur est remarquable par l'éclat et la richesse de ses couleurs :
1. Selon la Fable, l'anémone était née du mélange du sang d'Adonis et des larmes de Vénus. Bouillet1859.
2. On était vers la fin du mois d'avril. La terre alors est parsemée d'anémones rouges, qui sont probablement ces « lis des champs » dont Jésus aimait à tirer ses comparaisons. E. Renan, Hist. des origines du Christianisme,Les Apôtres, 1866, pp. 29-30.
3. ... partout, en Europe, l'anémone est l'herbe au vent, la fleur ou la rose du vent ... R. de Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 202.
4. Sur le piano, les anémones noires du lac d'Armaille, couleur de sang séché, tendaient vers moi leur cœur bleu mauve, comme des fleurs de mort. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 250.
Rem. Autres syntagmes anémone blanche, mauve, noire, pourpre, rouge; anémone pulsatille (anémone violette, autrefois utilisée contre les paralysies, les rhumatismes, les maladies de la peau); feuilles d'anémone; champ d'anémones; confiture d'anémone.
ZOOL. Anémone de mer. Synon. actinie, étoile de mer :
5. On trouve, collées à nos rochers, des anémones de mer, espèce de fleur vivante ou animale, qui s'ouvre et se ferme comme une bourse, et lance un jet d'eau si on vient à la toucher. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 194.
B.− Emplois métaph., LITT. Emblème de la fragilité et de la tristesse :
6. L'anémone et l'ancolie Ont poussé dans le jardin Où dort la mélancolie Entre l'amour et le dédain G. Apollinaire, Alcools,Clotilde, 1913, p. 73.
7. Il régnait un clair d'anémone Qui donnait la pâleur du plomb À ces vieux palais noirs et blonds Dont les courbes de violon Disaient qu'on était à Crémone L. Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 137.
Rem. 1. Syntagmes anémone frêle, grêle; anémone triste, tragique; fleur des sorciers. 2. L'euphonie du mot, la beauté et le symbolisme de l'anémone ont suggéré aux poètes des inventions telles que teint d'anémone, heure d'anémone (le crépuscule).
Prononc. : [anemɔn]. L'ensemble des dict. transcrivent le mot, avec [ɔ] ouvert (cf. aussi Grammont Prononc. 1958, p. 20). Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 font observer que la 3esyllabe est longue.
Étymol. ET HIST. − 1. xives. bot. « plante herbacée, à fleurs sans corolle de diverses couleurs » (Recettes médicales, Romania, XVIII, 576 ds R. Hist. litt. Fr. t. 2, p. 113 : Bon bevrage pour quasseüre : prenez consire ... consoude ... anemoine et garence); 2. 1814 zool. anémone de mer, supra. Empr. au lat. anemōnē, au sens 1 ds Pline, Nat., 25, 102 ds TLL s.v., 40, 30. Le lat. est empr. au gr. α ̓ ν ε μ ω ́ ν η − soit d'orig. sémit. (de Naaman, surnom d'Adonis, refait sur α ́ ν ε μ ο ς « le vent », par étymol. pop., André Bot. 1956, p. 31; sur la légende d'Adonis − de son sang répandu, Vénus aurait fait naître une fleur − voir Ovide, Mét., 10, 728 ds TLL s.v., 40, 32; voir aussi adonis*); − soit directement de α ́ ν ε μ ο ς (parce que la fleur s'ouvre au moindre vent, Bailly; cf. Pline, Nat., 165 ds TLL s.v., 40, 27) ou s'effeuille facilement (?) (P. Chantraine, Dict. étymol. de la lang. gr., Paris, Klincksieck, t. 1, 1968).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 132.
BBG. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Chass. 1970. − Dheilly 1964. − Divin. 1964. − Duval 1959. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mont. 1967. − Nysten 1824. − Pomm. 1969. − Privat-Foc. 1870. − Rolland (E.). Flore pop. 1. Paris, 1967, p. 15.