| AMORTISSEMENT, subst. masc. A.− [Aspect non perf. : l'amortissement est un affaiblissement qui n'entraîne pas suppression] 1. [Le compl., quand il existe, désigne un inanimé concr. et plus particulièrement un choc, un mouvement, un bruit excessif] a) Action d'amortir ou de s'amortir. Synon. affaiblissement, atténuation : 1. Enfin, les matières plastiques sont un secteur croissant : − Feuilles plastiques pour vêtements, housses, rideaux, conditionnement.
− Plastiques cellulaires pour flottabilité, climatisation, isolation, amortissement des chocs, etc.
L'Industrie française du caoutchouc,1965, p. 40. − P. ext., rare. [Le compl. désigne un état pathol.] :
2. La saignée produit souvent l'amortissement de la fièvre.
Nouv. Lar. ill.1898. b) Emplois techn. − Terme commun à plusieurs sciences ou techniques : 3. Le frein hydraulique répond à merveille à la question de l'amortissement des percussions et de la limitation du recul...
J. Paloque, L'Artillerie de campagne,1909, p. 149. 4. L'amortissement que l'air impose à la vibration d'une corde, est toujours trop petit pour influer notablement sur la fréquence.
H. Bouasse, Cordes et membranes,1926, p. 118. 5. Tonndorf et D. Weiss ont schématisé la fonction phonique en ces termes : le vibrateur laryngien constitue un oscillateur entretenu, donc, à amortissement nul, couplé à un résonateur pharyngo-buccal fortement amorti.
Arts et littératures dans la Société contemporaine,t. 1, 1935, p. 3605. 6. Les sanguins (nEAP) offrent le contraste d'un facteur d'amortissement, leur inémotivité, et d'un facteur de rebondissement, leur primarité.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 249. 7. L'avantage essentiel des ressorts à lames est de créer un amortissement des oscillations grâce à l'existence du frottement de leurs lames les unes sur les autres. Ceci évite, dans certains cas, l'amplification du mouvement oscillatoire des véhicules qui, sous l'action de perturbations répétées telles qu'il s'en rencontre au cours de la marche, pourrait se traduire par des amplitudes dangereuses allant jusqu'à entraîner le déraillement.
M. Bailleul, Notions de matériel roulant des chemins de fer,1951, pp. 17-18. − En partic. B.-A. : 8. Enfin la musique concrète utilisera des chocs, c'est-à-dire des notes théoriquement réduites à une attaque, et dont l'amortissement exclut toute prolongation, naturelle ou artificielle, par résonance.
P. Schaeffer, À la recherche d'une musique concrète,1952, p. 214. ♦ ART CULIN. Amortissement de la viande. Action de la rendre moins dure. ♦ DR. ANC. (cf. étymol.). Droit d'amortissement. Redevance payée par les mainmortables au seigneur puis également au roi de France quand ils acquéraient un bien immeuble, ,,pour indemniser le seigneur des droits de mutation dont ce dernier se trouverait privé à l'avenir, les gens de mainmorte ne mourant pas et aliénant peu.`` (Lep. 1948). ♦ IMPR. ANC. Amortissement du cuir. Action de le faire macérer pour le rendre moins dur. ♦ MAR. Amortissement d'un bateau. Diminution de la vitesse d'un bâtiment. − P. méton., ARCHIT. ♦ Élément varié qui termine le comble d'un bâtiment ou d'un ouvrage décoratif, parfois pour en adoucir certaines lignes et allant le plus souvent en diminuant depuis sa base jusqu'à son sommet. Mettre un vase, une figure en amortissement (Ac. 1798-1932) : 9. On en voit [des créneaux] dont l'amortissement est en ogive, ou décrit par une courbe quelconque...
P. Mérimée, Étude sur les arts au Moyen-Âge,1870, p. 243. ♦ Amortissement d'une porte, d'une fenêtre. ,,Cavet renversé qui amortit la violence de la pluie.`` (DG). 2. Au fig. [Le compl., quand il existe, désigne un inanimé abstr.] Amortissement des haines, des passions (Ac. t. 1 1932) : 10. Si l'influence immédiate de la révolution républicaine de la Grèce, fut retardée par toutes les causes que nous venons d'assigner, il est à croire que la révolution françoise, dégagée de ces obstacles, aura un effet encore plus rapide en cas qu'il ne se trouve point d'autres forces d'amortissement, plus puissantes que la vélocité de son action.
F.-R. de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 58. 11. ... Bernard ne retournait pas avenue Mozart, où sans doute, pensait-il, ils se disaient tous que le moment le plus dur était loin qu'après un amortissement ambigu des passions, la vie recommencerait.
P. Nizan, La Conspiration,1938, p. 186. B.− [Aspect perf. : l'amortissement est un affaiblissement progressif qui conduit à la suppression de l'obj. amorti] 1. Dans divers domaines techn. a) FINANCES − Amortissement financier. [Le compl., quand il existe, désigne une rente, une pension, une redevance, une dette, un emprunt, un titre, une obligation, une action, etc.] Extinction par des remboursements successifs : 12. Mon père (...) avait vendu ses bois et une portion de ses terres; mais (...) n'en avait consacré qu'une faible part à l'amortissement de sa dette...
O. Feuillet, Le Roman d'un jeune homme pauvre,1858, p. 19. ♦ Amortissement de la dette publique (Ac. 1835-1932). ♦ Emploi abs. : 13. M. Necker, afin d'assurer l'intérêt et le fonds d'amortissement nécessaires à la garantie des payements, attachait une réforme à chaque emprunt; ...
G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française,t. 1, 1817, p. 58. 14. Le Ministre des Finances signala les vœux exprimés par le rapporteur. Pour la première fois, la Chambre avait des velléités de critique. Ainsi, le rapporteur souhaitait voir l'amortissement fonctionner d'une façon normale et le gouvernement se contenter des crédits votés, sans recourir toujours à des demandes de crédits supplémentaires.
É. Zola, Son Excellence Eugène Rougon,1876, pp. 279-280. 15. En 1926, pour rétablir la confiance du public dans le crédit de l'État, une revision constitutionnelle disposa que certaines ressources fiscales seraient affectées « ne varietur » à une Caisse d'amortissement chargée de gérer et d'éteindre la dette publique.
G. Vedel, Manuel élémentaire de droit constitutionnel,1949, p. 88. − ,,Opération qui permet la reconstitution d'un capital, quelle que soit la nature de celui-ci : capital-espèces, capital-outil, capital-mobilier, immobilier, foncier...`` (Romeuf t. 1 1956) : 16. Il [le préposé de l'Octroi] dévore l'Humanité, le journal s'entend, et économise sur sa maigre solde, l'amortissement de son terrain...
A. Arnoux, Les Gentilshommes de Ceinture,1928, p. 42. 17. Aussi la manutention mécanique de ces produits est-elle une condition essentielle de l'abaissement des frais de fabrication. Or, pour permettre l'amortissement raisonnable du matériel de manutention mécanique et de la cave continue qui doit lui être associée, une capacité annuelle de 100 000 tonnes au minimum paraît être opportune.
L'Industrie française des engrais chimiques, 1. Engrais phosphatés et engrais azotés, 1954, p. 12. − Amortissement industriel ou comptable. ,,Opération de comptabilité constatant la dépréciation subie par un élément d'actif d'une entreprise, soit par vétusté, soit par l'usage, en vue d'en assurer éventuellement la reconstitution.`` (Cap. 1936). b) MAR. [En parlant de la mer] État de la mer pendant les mortes-eaux. ♦ [En parlant d'un bateau] Situation d'un bâtiment échoué pendant les mortes-eaux. 2. Au fig. ou par métaph. : 18. C'était l'aveu de la volonté droite, que l'amortissement des sens peut seul, comme une expérimentation, nous ouvrir une vie supérieure; que rien de sensible ne doit nous séduire dans ce que nous voulons de l'être; que, pour recevoir celui que nous attendons, il faut nous exterminer en quelque façon nous-mêmes.
M. Blondel, L'Action,1893, p. 393. Prononc. :[amɔ
ʀtismɑ
̃. Étymol. ET HIST. − 1. 1263 anc. dr. « action d'amortir, de convertir en bien de mainmorte » (Cart. de N.-D. de Voisins ds Delboulle, Recueil de notes lexicol. : Et gie... vouls esloe cert devant dist don [ces deux derniers mots étaient difficilement lisibles] et l'amortissement et octroie); 1604 amortissement des rentes (Henri iv, Harangue, prononcée à Paris le 28 février ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888 : Je me suis résolu, pour prévenir tels inconvénients, d'entrer au rachat et amortissement des rentes); 2. xives. « action d'affaiblir » (Tignonv., Dis. mor. des philos., Ars 2212, fo8 vods Gdf. Compl. : Amortissement de tous maulx); 3. 1400-1402 spéc. archit. « ce qui termine le comble d'un bâtiment » (Compt. de Girart Goussart, Fortification, XLVI, A. mun. Orl., ibid. : Pour faire l'amortissement de la plomberie de la tour).
Dér. du rad. du part. prés. de amortir* : au sens 1 de amortir 2 b, au sens 2 de amortir 2 a, au sens 3 de amortir 2 c; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 65. BBG. − Arnaud 1966. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969. − Banque 1963. − Barb.-Cad. 1963. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Bél. 1957. − Birou 1966. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Cap. 1936. − Chabat t. 1 1875. − Comm. t. 1 1837. − Dupin-Lab. 1846. − Électron. 1963-64. − Jossier 1881. − Kuhn 1931, p. 145. − Lar. comm. 1930. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Piéron 1963. − Pir. 1964. − Pol. 1868. − Privat-Foc. 1870. − Pujol 1970. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956. − Sc. 1962. − Sill. 1965. − Siz. 1968. − St-Edme t. 1 1824. − Suavet 1963. − Uv.-Chapman 1956. − Viollet 1875. − Will. 1831. |