| AMBULATOIRE, adj. et subst. masc. I.− Emploi adj. [Se rapporte à un inanimé concr. ou abstr.] A.− Qui concerne le fait ou la possibilité de marcher. 1. Caractérisé par le fait que quelqu'un ou quelque chose se déplace : 1. Éverard ne me laissa pas respirer davantage. À peine fus-je reposée de ma course, que je reçus à mon réveil une lettre enflammée du même souffle de prosélytisme qu'il semblait avoir épuisé dans notre veillée ambulatoire à travers les grands édifices blanchis par la lune et sur le pavé retentissant de la vieille cité endormie.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 324. 2. Il [le vitrier] acheva de briser sous son dos toute sa pauvre fortune ambulatoire qui rendit le bruit éclatant d'un palais de cristal crevé par la foudre.
Ch. Baudelaire, Petits poèmes en prose,Le Mauvais vitrier, 1867, p. 45. 3. C'était un talent de l'ordre; un acteur, un mime (...) dont l'éloquence gesticulante et ambulatoire arpentait l'estrade, et dont le feu dramatique brûlait les planches de sa chaire.
E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 170. Rem. Est souvent proche de ambulant (ex. 2, 3). − Emplois techn. a) DR. ANC. Parlement ambulatoire. Qui se déplace, qui n'a pas de siège fixe : 4. D'ambulatoire qu'il étoit, le parlement devint permanent à Paris, en vertu de l'ordonnance de Philippe-le-Bel, du 18 mars 1303.
F.-R. de Chateaubriand, Discours et opinions,1826, p. 45. b) MÉD., PSYCH. Automatisme ambulatoire. Maladie se traduisant par une attirance irrésistible pour les voyages ou les déplacements, avec perte de mémoire, trouble du comportement, etc. : 5. Les aliénistes ont décrit et classé depuis longtemps cette folie ambulatoire, qui n'est, comme toutes les folies, que le développement anormal d'une tendance naturelle.
A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature,1936, p. 161. 6. ... elle [Julie] s'en fut éveiller Lucie Albert, qu'elle emmena pâle de fatigue, les yeux béants et comme en proie à une hypnose ambulatoire.
Colette, Julie de Carneilhan,1941, p. 168. 7. Le somnambulisme, la fugue épileptique sont des phénomènes d'automatisme ambulatoire.
Piéron1963. ♦ Maladie ambulatoire ou erratique. Dont le siège est inconstant ou la marche irrégulière : 8. ... des albuminuries tardives qui (...) semblent apparaître plutôt au cours des scarlatines ambulatoires et méconnues...
P.-J. Teissier, Duvoir ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 2, 1920-1924, p. 59). ♦ Troubles ambulatoires. Troubles de la marche : 9. [Le docteur à MmeParis] − Je crois que ce doit être une attaque de myélite.
− Qu'est-ce que cela?
− Une maladie (...) qui produit des troubles ambulatoires.
P. Vialar, La Chasse aux hommes,Les Brisées hautes, 1952, p. 98. c) PÉDAG., vx. École ambulatoire. Enseignement temporaire et mobile regroupant autour d'un instituteur ambulant les enfants de différentes communes disséminées dans les grandes régions d'Europe : 10. En France, il n'y a plus rien de tel; mais l'école ambulatoire a longtemps existé dans nos pays de montagnes, de landes et de bruyères. Elle subsiste en Corse, là où la population se déplace en de certaines saisons.
Gde Encyclop.,t. 2, 1885-1902, p. 641. 2. Qui permet ou n'empêche pas de marcher : 11. Je meus mes jambes non pas en tant qu'elles sont dans l'espace à quatre-vingts centimètres de ma tête, mais en tant que leur puissance ambulatoire prolonge vers le bas mon intention motrice.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 171. a) MÉD. Azotémie ambulatoire. ,,Augmentation notable du taux de l'urée sanguine, accompagnée de symptômes faibles ou nuls et n'empêchant pas le malade de mener sa vie habituelle.`` (Garnier-Del. 1958). Méthode ambulatoire ou appareil de marche. ,,Appareil destiné au traitement des fractures du membre inférieur et permettant au blessé de marcher en s'appuyant sur la jambe brisée.`` (Garnier-Del. 1958. Pneumothorax artificiel ambulatoire ou en cure libre. Application du pneumothorax artificiel à des malades non hospitalisés. Traitement ambulatoire. Qui permet au malade de poursuivre une activité normale sans hospitalisation. Typhoïde ambulatoire. Forme de fièvre typhoïde d'apparence bénigne et dans laquelle le malade souvent inconscient de son état continue à exercer une activité normale. b) ZOOL. Pattes ambulatoires. Qui sont propres à la locomotion, en particulier chez des animaux dépourvus de pattes véritables : 12. Je n'osais m'approcher de cette colonne immobile; et, quand même j'aurais eu à ma disposition les pattes ambulatoires de plus de trois mille crabes (je ne parle même pas de celles qui servent à la préhension et à la mastication des aliments), je serais encore resté à la même place...
Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 289. ♦ Antennes ambulatoires : 13. Le microscope nous montre (Paul Vignon, Introduction à la biologie) chez l'être le plus rudimentaire, chez l'amibe qui n'est qu'une capsule semi-fluide, la faculté de pousser, de créer à son gré toutes sortes d'antennes ambulatoires, tactiles ou préhensiles, adaptées à l'humble tâche qu'il poursuit, de s'improviser à l'égard de tout ce qui l'entoure à l'état de trousse.
P. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 111. B.− Au fig. [Se rapporte à un inanimé abstr.] 1. Littér. Qui est susceptible de changer souvent. Synon. mobile, variable : 14. Une seule pensée creusée avec sincérité doit toujours écraser notre raison ambulatoire, et je ne crois pas que cette pensée, quelque dissolvante qu'elle soit, puisse détruire aucune des idées religieuses dont le monde s'est nourri...
H. de Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 561. 2. Proverbial. La volonté de l'homme est ambulatoire. Elle est sujette à de nombreuses variations : 15. ... Il n'y a rien d'ambulatoire comme la volonté d'un chef de bureau.
J.-F.-A. Bayard, Ma place et ma femme,1830, II, 1, p. 242. II.− Emploi subst. masc. A.− ARCHIT., vx. ,,Partie d'un cloître réservée à la promenade.`` (Guérin 1892). Synon. promenoir. B.− ENTOMOL., au plur. Section de l'ordre des orthoptères qui renferme la famille des phasmidés. (Attesté ds Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.). Prononc. : [ɑ
̃bylatwa:ʀ]. Étymol. ET HIST. − 1. 1497, 2 août dr. « (d'une assemblée) dont le siège n'est pas fixe » (Ord., XXI, 4 ds Gdf. Compl. : En nostredit grand conseil, qui souventes fois est ambulatoire, ont esté introduictes les plus grandes matieres et affaires de notre royaume); 2. 1690 dr. emploi fig. volonté ambulatoire (Fur. : On dit aussi au Palais, que la volonté des hommes est ambulatoire jusqu'à la mort, en parlant des testamens, qu'on est toujours en liberté de revoquer); 1698 volonté ambulatoire emploi dans un cont. gén. (Regnard, le Distrait, V, sc. dern. ds Littré : La volonté de l'homme est bien ambulatoire).
Empr. au lat. ambulatorius (attesté dep. Bell. Alex., 2, 5 ds TLL s.v., 1870, 48 au sens de « qui se meut [d'un inanimé] » : turres ambulatorias), terme jur. dans le syntagme ambulatoria voluntas, cf. avec 2 : Ulpien, Dig., 23, 1, 32, ibid., 1870, 60 : ut sit ambulatoria voluntas eius usque ad vitam extremam. STAT. − Fréq. abs. litt. : 14. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Husson 1970. − Lar. méd. 1970. − Lav. Diffic. 1846. − Lep. 1948. − Littré-Robin 1865. − Piéron 1963. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 345. − Séguy 1967. |