| AMÉTHYSTE, subst. fém. A.− Emploi subst. − MINÉR. et JOAILL. Pierre précieuse, variété de quartz transparent, de couleur violet foncé, relativement répandue en Occident, appelée parfois pierre d'évêque parce qu'elle orne l'anneau épiscopal. Tailler une améthyste (Ac. 1835-1932) : 1. De l'art de Pyrgotèle élève ingénieux,
Dont, à l'aide du tour, le fer industrieux
Aux veines des cailloux du Gange ou de Syrie
Sait confier les traits de la jeune Marie,
Grave sur l'améthyste ou l'onyx étoilé
Ce que d'elle aujourd'hui les dieux m'ont révélé.
A. Chénier, Élégies,Les Amours, Marie Cosway, 1794, p. 87. 2. Prenons donc cette coupe...; elle est faite, voyez, d'une seule améthyste.
A. Dumas Père, L'Alchimiste,1839, p. 215. 3. Enfin il a, de son côté, admis de nouvelles acceptions. Pour lui, l'améthyste guérit bien l'ivresse, mais surtout l'ivresse morale, l'orgueil...
J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 216. 4. Elle portait une longue jupe de soie aux reflets violets, et à ses oreilles des grappes d'améthystes.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 31. ♦ Améthyste orientale. Variété violette de saphir, provenant le plus souvent d'Orient ou d'Extrême-Orient, réputée pour sa pureté, sa dureté et son extrême rareté. − Par métaph. : 5. Des rougeurs violentes et des plaques apoplectiques marbraient la trogne du Pédant; les rubis de son nez s'étaient changés en améthystes, et sur ses lèvres épaisses s'épanouissait la fleur bleue du vin.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 37. − P. méton. Couleur de l'améthyste : 6. Quant à la couleur de la surface de la mer, toutes les teintes possibles y passaient, chatoyaient, se dégradaient de l'une sur l'autre, se fondaient ensemble, depuis le chocolat jusqu'à l'améthyste, depuis le rose jusqu'au lapis-lazuli et du vert le plus pâle.
G. Flaubert, Correspondance,1850, p. 210. B.− Emploi adj. a) BOT. Se dit d'une plante à feuilles dures appelée communément chardon, ainsi qualifiée à cause de la couleur de ses fleurs : 7. Vous l'eussiez vu rapportant avec joie une branche de sureau à grappes, sambucus racemosa, dont le fruit contraste admirablement avec son feuillage. − Tenez, nous disait-il, voici le superbe panicaud-améthyste, eryngium amethisteum, que je n'ai jamais vu qu'aux environs de Barège.
J. Dusaulx, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées,t. 1, 1796, p. 296. b) CHIM. Violet améthyste. ,,Matière colorante qui est le dérivé tétraéthylé à l'azote de la safranine.`` (Duval 1959). c) ZOOL. Se dit d'un genre d'oiseau-mouche ou colibri, répandu en Guyane, ainsi qualifié à cause de la couleur de son plumage : 8. Telles sont celles [les plumes] de la tête et de la gorge du rubis topaze, de la tête et du ventre de l'oiseau mouche émeraude améthiste. Elles ont un éclat supérieur à celui des précédentes, et qui imite les pierres précieuses.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805, p. 610. Rem. 1. Les dict. présentent, dans ce cas, améthyste comme un subst. 2. Selon Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., ce mot désigne en outre un serpent du genre python. 3. Dér. Améthysté, ée, vx adj. et subst. fém. a) adj. De couleur violette ou violacée. b) subst. fém., bot., améthystée. ,,Plante de la famille des labiées, qui croît dans toute l'Asie centrale, et qui est cultivée dans nos parterres`` (Nouv. Lar. ill.; n'est pas attesté ds les dict. gén. du xxes.). Améthystin, ine, adj. De couleur violette (Nouv. Lar. ill. enregistre le subst. fém. améthystine : ,,Corps d'un violet améthyste, qu'on obtient en traitant par un réducteur la cocothéline, produit jaune de la réaction de l'acide azotique sur la brucine``; n'est pas attesté ds les dict. gén. du xxes.). Prononc. − 1. Forme phon. : [ametist]. 2. Forme graph. − Orthographié parfois améthiste (cf. ex. 8), voire amétiste. − Dér. Améthysté. Seule transcription ds Land. 1834 : a-mé-tice-té. Étymol. ET HIST. − Ca 1100 « pierre précieuse de couleur violette » (Rol., éd. Bédier, 1500 : Pierres i ad, ametistes e topazes); 1125 (Marbode, Lapidaire, trad., éd. Beckmann, 113 ds T.-L. : Ametiste a culur purprin O tel[e] cume gute de vin).
Empr. au lat. amethystos (-us) -i, fém., attesté dep. Ovide, Ars, 3, 181 ds TLL s.v., 1887, 77.
− Améthysté, améthystin, 1838 (Ac. Compl. 1842). STAT. − Fréq. abs. litt. : 85. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Brard 1838 (s.v. améthiste). − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Cost. 1899. − Delorme 1962. − Duval 1959. − Fér. 1768. − Fromh.-King 1968. − Hanse 1949. − Laborde 1872. − Lar. comm. 1930. − Lar. mén. 1926. − Marcel 1938. − Nysten 1814-20. − Pough 1969. − Prév. 1755 (s.v. amethyste). − Privat-Foc. 1870. − Thomas 1956. − Uv.-Chapman 1956. |