| ALSACIEN, IENNE, adj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui habite l'Alsace ou en est originaire : 1. Au centre de la place Rapp submergée de drapeaux tricolores et de bannières étoilées, devant le front de nos troupes et de celles de nos alliés rangées fièrement côte à côte, sous les vivats de la foule alsacienne, la plus sensible qui soit aux spectacles militaires et la plus apte à saisir le sens des événements, je décorai d'abord le général de Lattre, vainqueur de Colmar.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 151. ♦ Alsacien-lorrain. Qui habite l'Alsace-Lorraine, ou en est originaire. B.− [En parlant d'une chose] Qui se rapporte, qui est relatif à l'Alsace. Costume alsacien, brasserie alsacienne : 2. La mère de M. le curé Christophe, une toute petite femme courbée et ratatinée, la jupe de toile rouge montant derrière jusqu'au milieu du dos, à la mode alsacienne, le bonnet en forme de coussin, sur le chignon, MmeMadeleine, alerte comme une souris, venait déjà d'allumer le feu.
Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 60. 3. À propos des Oberlé, le 16 novembre 1901, j'écrivais dans le Figaro mon admiration pour le livre de M. Bazin mais j'ajoutais : peut-être l'histoire qui ne considère que les résultats, saura-t-elle plus de gré aux Alsaciens qui maintinrent en Alsace le sang alsacien et, par suite, la culture française qu'à ceux qui se replièrent sur la France.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1902-1904, pp. 348-349. C.− LING. Dialecte alsacien. Nom générique des variétés de dialectes germaniques parlés en Alsace : 4. À entendre les femmes du peuple, on reconnaît immédiatement le langage des Brandt, des Murner, des Fischart, des Moscherosch, langage original, franc et naïf, mais en même temps ingénieux en créations de mots satiriques. L'ouvrage le plus remarquable, écrit au xixesiècle en dialecte alsacien, est la comédie de Reinhold, intitulée : Lundi de Pentecôte; Goethe en a fait le plus grand éloge.
Bach.-Dez.1882. ♦ Accent alsacien. Manière propre aux Alsaciens de prononcer une langue, notamment une langue autre que leur dialecte, et plus particulièrement le français : 5. ... le professeur d'allemand du lycée, MmeWeil, insinue de temps à autre que Françoise, excellente en grammaire, pèche par un mauvais accent « du type alsacien ou suisse », et elle feint de se demander à quoi cette particularité peut tenir, bien qu'elle ne manque pas de savoir que Françoise est entre les mains d'une institutrice alsacienne.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 53. − Emploi subst. L'alsacien. Dialecte alsacien : 6. Le vieux canonnier paraissait tout joyeux; (...) Ses yeux se plissaient quand on lui parlait alsacien, ses oreilles se dressaient, j'aurais pu tout lui demander en alsacien, il m'aurait tout donné s'il avait eu quelque chose; mais il n'avait que des poignées de main qui vous faisaient craquer les os.
Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, pp. 140-141. D.− Loc. adv., ART CULIN. À l'alsacienne. S'applique aux préparations qui comprennent une garniture composée pour l'essentiel de lard, jambon, saucisses de Strasbourg et pommes de terre (cf. Ac. Gastr. 1962, Mont. 1967, Lasnet 1970). Choucroute à l'alsacienne Prononc. : [alzasjε
̃], fém. [-jεn]. Fouché Prononc. 1959, p. 362 précise que le groupe ls se prononce [lz] dans alsacien, balsamine (et autres mots en balsam-), Alsace, Belsunce. Étymol. ET HIST. − 1752 ethnol. (Trév.).
Dér. du topon. Alsace; suff. -ien*.
− Alsacien-Lorrain. Nom donné de 1871 à 1918 aux habitants des territoires alsaciens et lorrains annexés par l'Allemagne. De l'expression Alsace-Lorraine, traduction française de la locution allemande Elsass-Lothringen, désignant les territoires annexés érigés en terre d'Empire. STAT. − Fréq. abs. litt. : 353. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 279, b) 531; xxes. : a) 777, b) 510. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Lasnet 1970. − Mont. 1967. |