| ALLIANCE, subst. fém. Action d'allier, de s'allier; résultat de cette action. A.− Union par mariage; sorte de parenté ainsi établie entre deux familles. Cousin par alliance, parent par alliance : 1. Ils élevaient leurs filles (...) pour le service de Dieu ou de la famille. Le couvent ou une alliance honorable et profitable, tel était l'avenir.
A. France, La Vie littéraire,t. 2, 1890, p. 248. 2. Il enrichit sa famille, il lui prépare les plus flatteuses alliances, mais il s'oppose magnifiquement à la plus noble d'entre elles, empêche Louis XIV d'épouser sa nièce Marie Mancini, et assiste aux fêtes splendides qu'il organise pour le mariage du Roi et de l'Infante d'Espagne.
R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 378. − P. ext. Anneau d'alliance, absol. alliance. Anneau qui symbolise l'alliance entre époux et qui se porte à l'annulaire; anneau de mariage. Porter une alliance : 3. ... c'est une bague, une simple alliance d'or, usée au doigt de madame Charles, qui est fée...
A. France, La Vie littéraire,t. 1, 1888, p. 234. ♦ Arg. ,,Alliances. Poucettes`` (Esn. 1966). − DR. CIVIL. Lien juridique existant entre un conjoint et la famille de l'autre conjoint. Synon. affinité : 4. L'alliance n'engendre de rapports qu'entre chaque époux et les parents de l'autre. Les parents de l'un ne deviennent pas les alliés des parents de l'autre. − L'alliance se modèle sur la parenté en ce qui concerne les lignes et les degrés. − En principe, la dissolution du mariage par le décès de l'un des conjoints ne fait pas cesser l'alliance, alors même qu'il n'existe pas d'enfants nés du mariage. Il est vrai, toutefois, que le législateur fait cesser certains effets de l'alliance lorsqu'il n'y a pas de descendants vivants : en pareil cas, il est mis fin à l'obligation alimentaire entre gendre et bru d'une part, et beau-père ou belle-mère d'autre part, à partir de la dissolution du mariage.
Réau-Rond.1951. B.− DR. INTERNAT. Pacte d'intérêt commun établi par traité entre deux ou plusieurs états souverains. Alliance générale, alliance militaire : 5. Augmentons le livre d'or, inscrivons-y ceux de la noblesse de terre ferme qui le méritent; dès ce moment, plus de division, plus d'opposition parmi nous. Armons nos places, équipons nos flottes, levons cinquante mille hommes, et courons au-devant du général français lui offrir une alliance offensive et défensive.
E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 688. Rem. Syntagmes fréq. alliance offensive, défensive; alliance tacite; traité, pacte d'alliance; nouer, dénouer, contracter des alliances; réaliser, fonder, resserrer une alliance; signer une alliance; renversement des alliances; rompre une alliance. − HIST. Triple alliance, quadruple alliance, sainte alliance; triple alliance ou Triplice 1882. C.− Accord entre des personnes ou des collectivités que rapproche une communauté de sentiments, d'idées, d'intérêts ... : 6. Il faut maintenant faire ton succès toi-même, c'est plus sûr. Tu iras conclure des alliances avec les coteries, conquérir des prôneurs.
H. de Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 112. 7. Alors elle chercha Antoine des yeux; et, malgré l'insensible distance qu'avait mise entre eux la fin de leur précédent entretien, ce fut vers cette figure sombre et loyale que son impulsion la porta. Lui-même, depuis qu'elle était entrée, il avait senti qu'une sorte d'alliance existait entre eux.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 598. Rem. Syntagmes fréq. l'alliance de deux personnes, d'une personne et d'une autre, entre deux personnes, d'une personne avec une autre; faire alliance avec; une alliance étroite, secrète, intime; en signe d'alliance. D.− RELIGION 1. Alliance spirituelle. Synon. affinité spirituelle : 8. L'Église catholique reconnaît des affinités ou alliances spirituelles, qui résultent de l'administration du baptême. Ainsi, il ne peut y avoir mariage entre le parrain et sa filleule, ou le filleul et sa marraine, ni entre le parrain et la mère de l'enfant, ou entre la marraine et le père de l'enfant, ni entre la personne qui a conféré le baptême et l'enfant ou ses parents. Le pape, ou l'évêque, s'il a possession, peut accorder une dispense.
Bach.-Dez.1882. 2. Pacte entre Dieu et les hommes. − Ancienne alliance. Pacte entre Dieu et Adam, renouvelé avec Noé, avec Abraham et ses descendants puis avec le peuple hébreu, par l'intermédiaire de Moïse, sur le Sinaï; judaïsme. Terre de l'Alliance. Terre de Chanaan. Livre de l'Alliance. Décalogue. Arche d'alliance. Coffre dans lequel furent enfermées les tables de la loi remises à Moïse sur le mont Sinaï. − Nouvelle alliance. Pacte, scellé par le sang du Christ, entre Dieu et tous les chrétiens; christianisme : 9. Les pensées s'y [dans l'épître aux Hébreux] expriment davantage en termes liturgiques (...). Elles développent les rapports existant entre l'alliance du Sinaï et la nouvelle alliance du Christ, en montrant la différence de valeur entre le sacerdoce et le culte sacrificiel de l'alliance du Sinaï et le sacerdoce et le sacrifice sanglant du Christ. Et ce parallèle est fondé sur le fait que le Christ, dans le sacrifice sacerdotal qu'il fait de lui-même, est devenu le « garant » (...) et le « médiateur » de la nouvelle alliance (...) et que l'efficacité de son sacrifice sanglant fait partie intégrante de cette alliance (...). En conséquence, il apporte pour toujours la véritable rémission des péchés, même de ceux de l'ancienne alliance (...). Il nous sanctifie (...), nous permet d'entrer dans l'héritage éternel des promesses, (...). Il est donc (...) l'alliance éternelle (...).
Fries t. 1 1965. 3. Filles de l'alliance. ,,Nom que les chrétiens de Syrie donnaient aux religieuses.`` (Ac. Compl. 1842) Rem. Également ds Besch. 1845 et Lar. 19e. E.− P. ext. Union, association, mélange d'éléments qui paraissent d'abord incompatibles : 10. Maintenant les philosophes se réfugient dans la religion pour trouver en elle la source des conceptions hautes et des sentiments désintéressés; à cette époque, préparée par les siècles, l'alliance de la philosophie et de la religion peut être intime et sincère.
G. de Staël, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 395. 11. Outre que le modèle est très beau et très bien choisi, et très bien ajusté, il y a, dans la couleur même et l'alliance de ces tons verts, roses et rouges, un peu douloureux à l'œil, une certaine mysticité qui s'accorde avec le reste.
Ch. Baudelaire, Salon de 1845,1845, p. 40. 12. Sont-ils si fréquents, dans notre littérature dramatique, ces instants de conte naïf, ces rodomontades presque burlesques, ces alliances inattendues de Dumas père et de Shakespeare?
R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 112. 13. Je sais qu'aux chutes des grands fleuves se nouent d'étranges alliances, entre le ciel et l'eau : de blanches noces de noctuelles, de blanches fêtes de phryganes.
Saint-John Perse, Exil,Neiges, 1942, p. 268. Rem. Syntagmes fréq. l'alliance de deux choses, d'une chose et d'une autre, d'une chose à une autre, d'une chose avec une autre; l'alliance des couleurs, des sentiments, des sensations; l'alliance des sons et du sens, de la poésie et de l'action... − Emplois spéc. 1. BOT. ,,Groupe d'associations végétales présentant entre elles des affinités floristiques et écologiques.`` (Lar. encyclop.). 2. LING. Alliances de langues. ,,N. S. Troubetzkoy a essayé... de distinguer deux types dans les groupements de langues : les alliances possédant des ressemblances remarquables dans leur structure syntaxique, morphologique ou phonologique et les familles caractérisées avant tout par un fond commun de morphèmes grammaticaux et de mots usuels.`` (Vachek1960). 3. PÉDOL. Alliance de sols. Classification des sols suivant la nature chimique de la partie minérale du « filtre » que constitue le sol (cf. Plais.-Caill. 1958). 4. STYL. Alliance de mots (ou oxymore). Rapprochement de deux termes contradictoires qui donne à la pensée un tour saisissant : 14. Le tout est à la fois joli et austère : bizarre alliance de mots, mais telle est cette nature.
J. Michelet, Journal,juin 1844, p. 568. 5. TECHNOL. ,,Pièce en cuir ou en fer torsadé, servant dans un licol à relier le tour de tête à la muserolle.`` (Lar. encyclop.). Prononc. ET ORTH. : [aljɑ
̃:s]. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit : alliance ou aliance avec un seul l. Étymol. ET HIST. − 1. Apr. 1160 aliance « union, alliance » (Rou, éd. Andresen, II, 1602 ds T.-L. : A Henri l'Alemant... Par brief e par message manda li reis de France, Qu'il viegne prendre od lui amur e aliance); 2. 1680 orfèvr. (Rich. t. 1. Aliance [...] Bague ou jonc où il y a un fil d'or, et un fil d'argent).
Dér. de allier*; suff. -ance*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 894. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 752, b) 1 913; xxes. : a) 1 597, b) 2 867. BBG. − Allmen 1956. − Aquist. 1966. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Blanche 1857. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Bouillet 1859. − Bouyer 1963. − Cap. 1936. − Chesn. 1857. − Coornaert (É.). Alliances. In : [Mélanges Halphen (L.)]. Paris, 1951, pp. 131-136 [Cr. Roques (M.). Romania. 1951, t. 72, p. 277]. − Daire 1759. − Dheilly 1964. − Dup. 1961. − Esn. 1966. − France 1907. − Fries t. 1 1965. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 248. − Guizot 1864. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Lar. comm. 1930. − Larch. Suppl. 1880. − Lav. Diffic. 1846. − Lavedan 1964. − Leloir 1961. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Michel 1856. − Plais.-Caill. 1958. − Prév. 1755. − Réau-Rond. 1951. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Spr. 1967. − Springh. 1962. − Synon. 1818. − Théol. bibl. 1970. − Vachek 1960. |