Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AILÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de ailer*.
II.− Adjectif
A.− Littér. [Se dit d'un oiseau, d'un insecte] Qui est pourvu d'ailes :
1. Une abeille étourdie arrive en bourdonnant. Au secours! Au secours! crie aussitôt la dame : Venez, Lise, Marton, accourez promptement; Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment Aux lèvres de Chloé se pose. Chloé s'évanouit, et Marton en fureur Saisit l'abeille et se dispose À l'écraser. J.-P.-C. de Florian, Fables,La Coquette et l'abeille, 1792, pp. 53-54.
2. Dans ce point bleu, royalement, un petit oiseau d'aile immense nage à dix mille pieds de haut. Goëland? Non : l'aile est noire. Aigle? Non : l'oiseau est petit. C'est le petit aigle de mer, le premier de la race ailée, l'audacieux navigateur qui ne ploie jamais la voile, le prince de la tempête, contempteur de tous les dangers : le guerrier ou la frégate. Nous avons atteint le terme de la série commencée par l'oiseau sans aile. Voici l'oiseau qui n'est plus qu'aile. J. Michelet, L'Oiseau,1856, pp. 48-49.
3. ... les oiseaux de proie, chasseurs ailés qui ont tant de ressources, chassent leurs enfants de bonne heure, y voient des concurrents gloutons et les forcent à coups de bec d'habiter hors du domaine qu'ils se réservent en propre, ... J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 220.
4. Nous les [nos porteurs] avons vus également se jeter sur les termites ailés qu'attire par essaims notre lampe-phare, et les croquer aussitôt sans même les plumer de leurs énormes ailes. A. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 755.
5. Des vols de moucherons, de fourmis ailées vous frappaient au visage, et il y avait des jours où le sol d'une route était couvert d'un pollen d'insectes morts que le vent soulevait. P. Nizan, La Conspiration,1938, p. 130.
HÉRALD ,,Ailé se dit de toutes les pièces qui ont des ailes contre nature, comme un cerf ailé, un lion ailé, et des animaux volatils dont les ailes sont d'autres couleurs que le corps.`` (Grandm. 1852) :
6. Parmi un grand nombre d'objets curieux ou magnifiques, ce que l'évêque de Tours considéra avec le plus d'attention, (...) ce furent de grands médaillons d'or portant sur une face, la tête de l'empereur avec cette légende : Tibère Constantin toujours auguste, et sur l'autre, un char à quatre chevaux monté par une figure ailée avec ces mots : Gloire des Romains. A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 1, 1840, p. 314.
MYTH. [En parlant d'un être mythique, d'un animal fabuleux, d'une représentation allégorique, etc.] Le messager ailé (Mercure), le petit dieu ailé (l'Amour), le cheval ailé (Pégase) :
7. Satan siffla, et deux chevaux ailés se présentèrent, leur dos était long et se pliait comme un serpent, leur large queue noire battait la terre, leur crinière flottait et sifflait au vent, leurs ailes se déployaient comme des ailes de chauve-souris, et quand ils [Smarh et Satan] furent emportés par eux, on n'entendait que le bruit des vagues d'air que remuait leur vol, ... G. Flaubert, Smarh,1839, p. 89.
8. Hélas! un monstre ailé qui plane dans les airs, Et dont la lourde faux va sarclant l'univers, La mort, incessamment coupe toutes ces choses; Et femmes et bosquets, oiseaux, touffes de roses, Belles dames, seigneurs, princes, ducs et marquis, Elle met tout à bas, ... A. Barbier, Iambes et poèmes,Il pianto, le campo santo, 1840, p. 110.
B.− Emplois sc. ou techn., p. anal. de forme et/ou de disposition.
1. SC. BIOL.
a) ANAT. HUM.
[Se dit du nez] :
9. Le nez, droit, finement ailé, semblait modelé dans une matière fine, transparente, précieuse. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 43.
[Se dit de certaines régions du cerveau qui comportent des parties latérales appelées ailes] :
10. Extrémité céphalique parfois ailée. Ralliet, (Brumpt, Précis de parasitologie,1910, p. 389).
MÉD. ,,On dit quelquefois, en séméiotique, épaules ailées, omoplates ailées, pour indiquer les saillies que ces os forment chez les personnes qui ont le corps grêle et fluet, et la poitrine étroite, et qui sont disposées à la phtisie pulmonaire constitutionnelle.`` (Nysten 1814-20).
Rem. Également attesté ds Nouv. Lar. ill.
b) BOT. [Se dit de diverses parties des plantes] Pourvu d'expansions latérales dont la forme rappelle celle d'une aile. Fleur ailée, clochette ailée. Feuille ailée :
11. Alors il s'aperçut qu'un nom restait encore sur sa liste. Le Cattleya de la Nouvelle-Grenade; on lui désigna une clochette ailée d'un lilas effacé, d'un mauve presque éteint; il s'approcha, mit son nez dessus et recula brusquement; elle exhalait une odeur de sapin verni, de boîte à jouets, évoquait les horreurs d'un jour de l'an. Il pensa qu'il ferait bien de se défier d'elle, regretta presque d'avoir admis parmi les plantes inodores qu'il possédait, cette orchidée qui fleurait les plus désagréables des souvenirs. J.-K. Huysmans, À rebours,1884, p. 123.
12. Les branches [de l'acacia robinier] sont armées d'épines fortes et courtes et garnies de feuilles ailées d'un vert gai. J.-J. Baudrillart, Nouveau manuel forestier,trad. de Burgsdorf, 1808, p. 239.
Fruit ailé. ,,On donne le nom de fruits ailés à ceux dont le péricarpe développe, sur l'une ou l'autre de ses parties, des sortes d'expansions plus ou moins saillantes : érable, paliure, halésia.`` (É.-A. Carrière, Encyclopédie horticole, 1862, p. 13) :
13. ... il [le fruit] est ailé dans l'Angélique (Angelica sylvestris) ... Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 412.
Graine ailée. ,,... on désigne par le nom de graines ailées toutes celles dont le testa s'élargit ou s'allonge plus ou moins en une sorte de membrane : Thuia, Cyprès. Dans certaines graines de Conifères l'aile, à la maturité des graines, est complètement indépendante du testa, dont elle se sépare alors avec facilité. Dans certaine circonstance l'aile est un véritable péricarpe étalé sur lequel est placée une graine nue.`` (É.-A. Carrière, loc. cit.) :
14. Graines ailées, aigrettées, duvetées, enveloppées de gourmandise et en appelant à l'oiseau! De quelle ingéniosité fait preuve chaque plante pour éparpiller le plus loin possible d'elle sa descendance! A. Gide, Journal,1910, p. 302.
Tige ailée. ,,... on appelle tige ailée celle sur laquelle, soit le limbe d'une feuille lorsqu'elle est sessile, soit au contraire le pétiole, lorsqu'elle en est pourvue, se prolonge en formant une arête (aile, / Dioscorca alata, Passiflora alata, Consoude, plusieurs espèces de Chardons, l'Ammobium alatam).`` (É.-A. Carrière, loc. cit.).
c) ICHTYOL. [Se dit des poissons] Dont les nageoires pectorales sont assimilables à des ailes :
15. Un même lieu voit l'aigle et la mouche légère, Les oiseaux du climat, la caille passagère, (...) Les peuples casaniers, les races vagabondes; L'équivoque habitant de la terre et des ondes, Et les oiseaux rameurs, et les poissons ailés. J. Delille, L'Homme des champs,1800, pp. 118-119.
2. TECH. DIVERSES
a) AÉRON. [Se dit d'un appareil volant] Pourvu d'ailes artificielles :
16. − Avec la collaboration de M. Louis du Temple, son frère, il fabriquait un canot ailé, dont le modèle en petit, mû par un ressort, a fonctionné avec succès. La Landelle, Rapport de 1864,p. 27 (Guilb. Aviat. 1965).
b) ARCHIT. [Se dit d'un bâtiment] Pourvu d'ailes latérales :
17. Dans le corps du château ailé qui domine et la ville et l'océan, et les hommes et l'univers, il a gardé une chrysalide de chaumière pour s'y blottir seul dans le plus grand des repos. G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 71.
c) ASTRONAUT. ,,... se dit des satellites artificiels et des astronefs munis de surfaces portantes − comparables aux ailes des avions, quoique beaucoup plus petites − permettant le vol plané dans l'atmosphère lors du retour à la Terre ou l'atterrissage dans tout autre astre pourvu d'atmosphère.`` (Galiana Astronaut. 1963).
d) MÉCAN. Vis ailée. Vis pourvue d'expansions conçues pour donner de la prise aux doigts. (Attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e).
e) P. ET CH. Pont ailé. Pont où des ailes ont été aménagées :
18. ... et, soudain, s'ouvrit aux yeux, récompense délicieuse, féerie, magie, mirage, le cœur, le milieu, le sanctuaire de la ville par excellence, une plaisante et noble assemblée de tours, de temples, de palais, de ponts ailés, de maisons doctes, d'hôtels austères, de bâtisses folles, de toits fumeurs, d'arbres captifs, de jardins et de statues, un sublime concert d'eau, de ciel et d'œuvres humaines qui toutes avaient une histoire, un sens, une destinée, enfin Paris, bien sûr, ... G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la terre promise, 1934, pp. 40-41.
3. MODES. Bonnet ailé. Coiffe agrémentée d'ailes :
19. Entre les moulins à vent, les bonnets ailés et les sabots bleus, elle vit qu'il était déjà minuit et demi. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 283.
C.− Emplois métaph., littér. [Par métaph., des ailes sont attribuées à ce qui ressemble à l'oiseau, à l'insecte, par sa rapidité, sa légèreté, etc.] Qui semble avoir des ailes.
1. [En parlant d'une chose] :
20. ... elle l'attira jusqu'au fauteuil, le força à s'asseoir dedans, s'assit elle-même sur sa jambe droite, et baisant d'un petit baiser léger, d'un baiser rapide, ailé, le bout frisé de sa moustache : « Si vous ne me dites rien, nous serons fâchés pour toujours. » G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Confession, 1884, p. 953.
21. Une chaleur légère, une chaleur ailée, nous caressait la peau. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Mohammed-Fripouille, 1884, p. 268.
22. À deux ou trois reprises il [Alain] crut qu'il s'éveillait et reprenait conscience du lieu où il reposait, mais chaque fois il fut détrompé par l'expression des parois de sa chambre, hargneuses et guettant un œil ailé qui voletait. Colette, La Chatte,1933, p. 183.
Rem. Dans l'ex. 22, les ailes sont attribuées, p. méton., à l' œil au lieu de l'être au regard.
2. [En parlant d'une réalité spirituelle ou abstraite] Un esprit ailé, une pensée ailée :
23. Rien ne plaît davantage à certains esprits français, raisonnables, peu ailés, esprits poitrinaires à gilet de flanelle, que cette régularité tout extérieure qui indigne si fort les gens d'imagination. G. Flaubert, Correspondance,1852, pp. 58-59.
24. Dans une satire de Juvénal, je crois, il y a les mots qui s'envolaient, il y a bien des siècles, de la bouche de la jouissance : c'était le mot grec, le mot aérien, le mot ailé, « mon âme ». E. et J. de Goncourt, Journal,nov. 1859, p. 642.
25. Le matin, les yeux fermés, la tête sur l'oreiller, j'attends pour savoir quelle est la première idée ailée et chantante qui, se détachant des taillis sombres du sommeil, viendra passer dans mon ciel. Sera-ce chagrin ou plaisir? Quelque heureux apport à mon travail? M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juill. 1921-janv. 1922, pp. 186-187.
3. [En parlant d'une pers.] :
26. En s'envolant, Cosette, ailée et transfigurée, laissait derrière elle à terre, vide et hideuse, sa chrysalide, Jean Valjean. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 680.
27. ... Sylla vit alors cet esclave, ce simple gardien, lire couramment le texte hermétique [d'Aristote] (...). Cette besogne le transfigurait, faisait de lui un être libre, presque ailé, comme doté d'un rémige par le génie d'Aristote. L. Daudet, Sylla et son destin,1922, p. 60.
Lang. pop. Bigorneau ailé. ,,Imbécile rare`` (Ch.-L. Carabelli, [Langue populaire]).
Rem. Bigorneau est un terme d'arg. pour « sergent de ville » ou « fantassin », synon. de imbécile et mollusque (Esn. 1966). Pour ailé, cf. infra III.
III.− Subst. fém. plur. Ailées. Famille de mollusques :
28. Les ailées. Rostellaire, ptérocère, strombe. J.-B. Lamarck, Philosophie zoologique,t. 1, 1809, p. 322.
Rem. Attest. isolée ds Besch. 1845.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [εle] ou [ele]. Passy 1914 et Harrap's 1963 transcrivent la 1resyllabe avec [ε] ouvert; Pt Rob. : [e] fermé. Warn. 1968 donne les 2 possibilités de prononc.; d'apr. Warn. 1968 la prononc. en [ε] relève du lang. soutenu, la prononc. en [e] du lang. cour. (cf. aussi Grammont Prononc. 1958, p. 143 pour cette dernière prononc.). 2. Homon. : ailé [ele] et héler (verbe). 3. Hist. − Fér. 1768, Land. 1834, Nod. 1844, DG transcrivent la 1resyllabe avec è (= [ε]). Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Besch. 1845 notent é fermé. Littré donne les 2 possibilités de prononc. Fér. 1768 précise que pour le fém. ,,é fermé [est] long`` : lé-e.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 574. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 637, b) 1619; xxes. : a) 826, b) 531.