| ![]() ![]() ![]() ![]() AIGUILLETTE2, subst. fém. I.− TECHNOL. DIVERSES A.− MAR. Petit cordage destiné à lier ensemble deux objets, c'est-à-dire à faire un aiguilletage (cf. aiguilletage) : 1. Gilliatt avait à sa disposition, dans la réserve du gréement de la panse, un assez grand prélart goudronné pourvu de longues aiguillettes à ses quatre coins. Il prit ce prélart, en amarra deux coins par les aiguillettes aux deux anneaux des chaînes de la cheminée du côté de la voie d'eau, et jeta le prélart par-dessus le bord.
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 387. B. PASSEMENTERIE. Cordon, tresse ou ruban ferré aux deux extrémités. 1. Servant anciennement à lacer un vêtement et plus particulièrement le haut-de-chausses au pourpoint. Aiguillette de fil, de soie : 2. Un justaucorps jaune, bombé en cuirasse, agrémenté de vert et tailladé de crevés à l'espagnole disposés dans le sens des côtes, une godille empesée soutenue de fils de fer et de carton, large comme la table ronde et où les douze pairs eussent pu prendre leur repas, des hauts-de-chausses bouillonnés et rattachés d'aiguillettes, (...) formaient l'accoutrement du drôle, ...
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, pp. 30-31. − Vieilli, pop. Lâcher, dénouer l'aiguillette (des chausses). Satisfaire un besoin naturel (cf. Boiste 1834, Besch. 1845, Littré). 2. Utilisé plus récemment comme ornement. a) Sur des costumes civils ou militaires. Synon. fourragère (de l'uniforme militaire) : 3. Cette partie, appelée passementerie d'or et d'argent, comprenait les épaulettes, les dragonnes, les aiguillettes, enfin cette immense quantité de choses brillantes qui scintillaient sur les riches uniformes de l'armée française...
H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 29. − Aiguillettes d'or. Marques distinctives des officiers d'État-major. b) Sur l'équipement de parade d'un cheval : 4. ... il faut le voir vêtu de ses housses éclatantes, relevées d'or et de broderies de perles; la tête couverte d'un réseau de soie bleue ou rouge, tissé d'or ou d'argent, avec des aiguillettes sonores et flottantes qui tombent de son front sur ses naseaux, ...
A. de Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, pp. 248-249. II.− Emplois fig. Courir l'aiguillette. [En parlant des femmes] Mener une vie dissolue. − Jouer à l'aiguillette : 5. Jouer ou ronfler à l'aiguillette, paillarder, vieille expression qui signifiait défaire les férets des braguettes ou les lacets des robes.
G. Delesalle, Dict. argot-français et français-argot,1896, p. 7. − Nouer l'aiguillette. ♦ MAGIE. Nouer un cordon ou un lacet en prononçant certaines formules, dans le but de frapper les hommes d'impuissance; empêcher par une formule magique la consommation d'un mariage : 6. ... mais pour le menu peuple napolitain, comme durant tout le moyen âge, Virgile, le poète, est resté un magicien et les voisins de son tombeau se plaignent des diableries qui s'y perpétuent et des visiteurs inquiétants, sorciers, mages, rebouteux, chercheurs de trésor, jeteurs de mauvais sort, noueurs d'aiguillette qu'une telle renommée y attire encore aujourd'hui.
B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 138. ♦ MAN. ,,Se dit fig., du (cheval) sauteur quand il (...) rue entièrement du train de derrière, en allongeant les jambes dans toute leur étendue.`` (Ac. Compl. 1842). Rem. Ces expr. sont plus ou moins vieillies ou littér. Prononc. : [egɥijεt]. Warn. 1968 signale également, pour la 1resyllabe, une prononc. avec [ε] ouvert, dans le lang. soutenu. Pour l'hist. de la prononc., cf. aiguille. Étymol. ET HIST. − 1. a) 1180-1210 « petite aiguille aimantée de la boussole » d'où « boussole » (Gaut. d'Espin., Chans., XXIII ds Gdf. Compl. : Tot altresi com l'aymans deçoit L'aguillette par force de vertu), attest. isolée; b) ca 1225 « petite aiguille » (Dit du besant, Richel. 19525, fo102 vods Gdf. : Que un chameil trespassereit Par la chasse d'une aguillette), seul Besch. 1845 note : Ce mot a signifié Petite aiguille; p. anal. 1393 « sorte de poisson » (Ménagier II, 190, Biblioph. fr. ds Gdf. : Aiguillettes fresches); 1877 (Littré Suppl. : Nom en Bretagne d'un poisson de mer de forme allongée et très long); 1392 « morceau, langue de peau » (Inv. de meubl. de la mair. de Dijon, A. Côte-d'Or ds Gdf. Compl. : .XIIII. .XIInes. d'esguletes de mouton et de dain); 1548 fig. « tranche de chair (ou de peau?) très mince » (Du Fail, Contes d'Eutrapel, 13 ds Hug. : Comme ... il se fait en toutes races et sortes d'hommes, qui volontiers ne prennent plaisir d'ouir louanger et bien dire de leurs voisins et compagnons, ains d'un ris de chien et deloial, je parle des envieux formez, tirent ordinairement une esguillette de l'honneur aux galans hommes : mais pour tout ce ne l'arrachent ils pas); au sens propre, se dit surtout des volailles, 1718 (Ac. [...] Couper un canard, un oiseau de rivière par aiguillettes); 2. 1376 « cordon ferré par les deux bouts » (9 janv. 1376, Mand. de Charles V, p. 684 ds Gdf. Compl. : Pour vint quatre gans a esguillette, au pris de deux sous parisis pour le gant et l'aguillette, trois frans); 1534 « cordon servant à attacher les chausses (au plur.) » (Rabelais, II, 18 ds Hug. : Ainsi passa la nuict Panurge à chopiner avecques les paiges, et jouer toutes les aigueillettes de ses chausses à primus et secundus, et à la vergette); xvies. milit. « ornement porté sur l'uniforme, qui varie selon le grade » (Carloix, Mém. de la vie de Fr. de Scepeaux [éd. 1757], IV, 31 ds Littré 1863 : Si Me la maréchale eust bien des esplingues des esmoluments de l'armée, son mary ne faillit pas d'avoir encores plus richement ses esguillettes); 1808 mar. (Boiste : Aiguillette [...] cordage pour aiguilleter [c.-à-d. lier avec un cordage deux objets qui ne se croisent pas]); 3. 1838 pêche (Ac. Compl. 1842), supra aiguillette1.
Dér. de aiguille* étymol. II pour les sens 1 a, 2 et 3, de aiguille* étymol. I pour le sens 1 b; suff. -ette*. Pour la prononc. de ul̮, devenu uil̮, au xvies. et de a- devenu ai-, voir aiguille.* STAT. − Fréq. abs. litt. : 47. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Baudr. Pêches 1827. − Bél. 1957. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Cost. 1899. − Fér. 1768. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Lar mén. 1926. − Lasnet 1970. − Le Clère 1960. − Leloir 1961. − Le Roux 1752. − Mont. 1967. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Soé.-Dup. 1906. − St-Edme t. 1 1824. − Tondr.-Vill. 1968. − Will. 1831. |