| AGNÈS, subst. fém. [Par réf. au personnage de l'École des femmes de Molière] Jeune fille innocente et ingénue, ou qui affecte de l'être. C'est une Agnès (Ac. 1798-1878) : ... personnification de l'ingénuité, de la pureté féminine, qui, sans songer à mal et par le fait de cette pureté même, fait les récits les plus étonnants et hasarde des réflexions que dans une autre bouche on trouverait singulièrement aventureuses. Ce type d'Agnès a servi pendant bien longtemps à caractériser les ingénues de théâtre, et d'un de ces rôles de jeune fille qui joignent la grâce à la naïveté, le charme à la pudeur, qui sont un modèle de candide innocence et de chaste modestie, ...
Gde Encyclop.1885-1902. Rem. 1. Attesté ds Ac. 1798, Ac. 1835, Besch. 1845 avec les expr. c'est une Agnès, elle fait l'Agnès, il est dit familier; il est présent également ds Lar. 19e(qui ajoute le trait ignorante et affirme qu'il s'agit d'une expression moqueuse), Littré (qui préfère timide à ingénue), et Ac. 1878. 2. Besch. 1845 et Lar. 19ementionnent l'emploi au théâtre de l'expr. rôles d'Agnès au sens de « rôles d'ingénues ». 3. Du fait qu'il est orthographié avec A majuscule, le mot est resté très proche du nom propre, et représente un type plutôt qu'une espèce; son emploi est en net recul. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aɳ
εs]. Fél. 1851, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Harrap's 1963 indiquent pour [ε] une longueur. Mots à finale en -ès dont le s se prononce : aloès, cacatoès, cortès, faciès, florès, hermès, londrès, palmarès, pataquès, Agnès, Agathoclès... (cf. Kamm. 1964, p. 198). 2. Forme graph. − Le mot s'écrit régulièrement avec A majuscule (cf. supra rem. 3). Étymol. ET HIST. − 1680, 25 mai « jeune ingénue » (Mmede Sévigné, Lettres ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884 : Nous fûmes dîner l'autre jour à La Seilleraye... Mon Agnès fut ravie d'être de cette partie... elle a dix neuf ans, mon Agnès, et n'est pas si simple que je pensois). Défini par Ac. 1740 ,,jeune fille qui n'a aucun usage du monde``.
De Agnès (lui-même du gr. α
̔
γ
ν
ο
́
ς « chaste »), nom d'un personnage de l'École des femmes de Molière, 1662, devenu le type de l'ingénue. BBG. − Boiss.8. − Gottsch. Redens. 1930, p. 457. − Lav. Diffic. 1846. |