| AGENDA, subst. masc. A.− Petit carnet, réservant chaque page à un ou plusieurs jours de l'année dans l'ordre du calendrier pour inscrire ce que l'on a à faire ou ce qu'on a fait, et qui comprend éventuellement un répertoire d'adresses et divers renseignements pratiques. Tenir un agenda, consulter son agenda : 1. En consultant son agenda de l'année passée, il pouvait toujours savoir ce qu'il avait fait au mois, au jour et à l'heure où il se trouvait dans l'année courante.
H. de Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 196. 2. Il était (...) vêtu d'un pantalon de velours marron et d'une jaquette de même étoffe, dont les poches innombrables semblaient bourrées de calepins, d'agendas, de carnets, de portefeuilles, et de mille objets aussi embarrassants qu'inutiles, sans parler d'une longue-vue qu'il portait en bandoulière.
J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,1868, p. 49. 3. Tenir un agenda; écrire pour chaque jour ce que je devrai faire dans la semaine, c'est diriger sagement ses heures. On décide ses actions soi-même; on est sûr, les ayant résolues d'avance et sans gêne, de ne point dépendre chaque matin de l'atmosphère. Dans mon agenda je puise le sentiment du devoir; ...
A. Gide, Paludes,1895, p. 95. 4. Non, vraiment, n'insistez pas, mon chéri. Qu'y verriez-vous d'ailleurs? c'est un carnet, cela doit suffire, un classeur, moitié agenda, moitié fichier. Avec les éphémérides. (Elle rit). C'est mon pense-bête, quoi!
A. Camus, L'État de siège,1948, p. 268. 5. Guère le temps d'écrire aujourd'hui. Trop d'observations à consigner dans l'agenda noir. M'aperçois que je l'ai un peu négligé, l'agenda, depuis l'achat du carnet. Me suis contenté de notations trop abrégées. Pourtant, c'est l'agenda qui mérite effort, qui doit passer avant. Faire deux parts : le carnet, pour les « spectres »; et l'agenda, pour tout ce qui est santé, température, traitements, ... Sans m'exagérer leur valeur, je crois que ces prévisions quotidiennes prises depuis le premier jour, par un gazé qui est en même temps un médecin, pourront constituer, en l'état actuel de la science, un ensemble d'observations cliniques d'une incontestable utilité.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 922. Rem. 1. Ac. 1798 donne encore ,,Mémoire des choses qu'on a à faire. Il fait tous les matins un agenda des choses qu'il se propose de faire le reste du jour.`` 2. Syntagmes rencontrés : petit agenda (J. Renard, Journal, 1910, p. 706), un agenda de poche (G. Sand, Histoire de ma vie, 1855, p. 21), chercher sur son agenda un numéro de téléphone (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 311), écrire sur son agenda (G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, La Petite Roque, 1883, p. 209), feuilleter son agenda (R. Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 482), inscrire sur son agenda au jour le jour (Ch. Du Bos, Journal, 1923, p. 364), marquer sur son agenda le jour précis où (F. Mauriac, Journal, 1945, p. 63). B.− Au fig., fam., rare. [En parlant d'une pers.] :
6. ... comme mes rendez-vous sont souvent pris huit, dix jours à l'avance, comme j'en ai huit à douze par jour, je suis devenu un agenda vivant. Comment encore avoir des idées? Voilà deux ans que je n'ai plus que des dates et des lieux dans la tête...
R. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 55. 7. Le pouvoir qui m'était donné n'a servi qu'à m'abstraire encore un peu plus au genre humain. « Pas de domestique, pas d'amis, pas de maîtresse, pas de loisirs, pas de « vie personnelle », même pas de soucis d'argent : je ne suis pas un homme, rien qu'un conspirateur, c'est-à-dire un agenda. »
R. Vailland, Drôle de jeu,1945p. 56. Rem. Dans l'ex. 7, l'agenda est considéré comme une mécanique imposant un emploi du temps impersonnel soigneusement prévu et ne laissant aucune place aux rapports humains. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʒ
ε
̃da]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent pour [ε
̃] une demi-longueur. En ce qui concerne le groupe orth. en, Kamm. 1964, p. 165 précise que : ,,Les mots savants, entrés dans la langue plus récemment, se prononcent généralement par ẽ : agenda, pensum, memento, compendium, in extenso, modus vivendi, hendécasyllabe, pentagone, pentamètre, Pentateuque, Penthésilée, mentor, menthol, rhododendron, placenta. Et aussi appendice, sempiternel, quoique anciens.`` On peut ajouter qq. mots apportés par la liste de Nyrop Phonét. 1951, p. 163 : bengali, benjoin, benzine (cf. aussi Grammont Prononc. 1958, p. 56 et Rouss.-Lacl. 1927, p. 111). Enq. : /aʒẽda/. 2. Dér. et composés : agende. − Rem. Besch. 1845 : ,,Ce mot prend-il la marque du pluriel? C'est ce que l'Académie a oublié de nous dire. Or, comme le fréquent usage d'un mot étranger suffit pour l'assimiler aux autres mots de la langue, agenda doit subir la règle grammaticale et prendre l's au pluriel.`` Étymol. ET HIST. − 1535 « livre où sont consignés les comptes (d'une ville) » (Coutumes de la Salle et Chastellenie d'Ipre, 142, 3 ds Nouveau Coutumier Général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg I, 848 a : il est ordonné que chaque Amman donnera caution suffisante jusques à la somme de XXX florins carolus ès mains de la Loy, pour recouvrer sur ladite caution tels dommages que les parties pourroient avoir, laquelle caution sera inserée dans l'agenda de la Chambre pour la conservation d'un chacun) d'où p. ext. 1662 « carnet sur lequel on note ce que l'on a à faire » (J. Loret, La Muze hist. ou Recueil des Lettres en vers, 13 mai 1662 v. 13-15, ds Brunot t. 4, p. 595 : Mais je n'ay ni billet, ny mémoire Et, depuis long-temps, je n'ay vû Mon Agenda si mal pourvû).
Empr. au b. lat. agenda plur. neutre de l'adj. verbal de agere « faire » (agende*); cf. lat. médiév. agenda neutre plur. « ordre du jour » (mil. xiies., Otto Frising, G. Friderici, lib. 1, col. 61, éd. Waitz-Simson, p. 87 ds Nierm. t. 1 1954-58 s.v. : Haec pauca ex multis de illius concilii agenda dixisse sufficiat); sans doute aussi influence du lat. médiév. agenda diei « office liturg. du jour » (Bened. Reg., c. 12, ibid. : Agenda matutina vel vespertina non transeat). STAT. − Fréq. abs. litt. : 89. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Comm. t. 1 1837. − Delorme 1962. − Fér. 1768. − Hanse 1949. − Jeanjaquet (J.). Le Livre liturgique des ayndes dans le diocèse de Lausanne. In : [Mélanges Jud (J.)]. Genève-Zürich, 1943, pp. 374-377 [Cr. Roques (M). Romania. 1942/1943, t. 67, p. 534]. − Jossier 1881. − Kuhn 1931, p. 169, 221, 231, 234. − Lar. comm. 1930. − Prév. 1755. − Thomas 1956. |