| ![]() ![]() ![]() ![]() AFFRANCHI, IE, part. passé, adj. et subst. I.− Part. passé de affranchir1*. II.− Adj. et subst. A.− [En parlant d'une pers.] 1. DR. [En parlant d'un esclave] (Celui) à qui on a donné la liberté. a) Emploi adj. : 1. Tout homme libre, originaire d'un pays allié, et retenu injustement dans l'esclavage, fut déclaré affranchi. À l'instant, huit cents esclaves se présentèrent au préteur de Sicile, et furent rendus à la liberté...
J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831, p. 164. b) Emploi subst. Esclave libéré : 2. Un préteur sollicitait les suffrages pour son fils. Il apprend qu'il est proscrit, se sauve dans la maison d'un de ses cliens, et son fils y conduit les assassins. Thoranius atteint par les meurtriers, se réclame de son fils, ami d'Antoine : mais c'est ton fils, lui dirent-ils, qui t'a dénoncé. Velleius Paterculus a dit sur ces proscriptions un mot qui fait horreur : « il y eut beaucoup de fidélité dans les femmes, assez dans les affranchis, quelque peu chez les esclaves, aucune dans les fils; ...
J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831p. 296. 2. (Celui) qui est libéré (des préjugés, des traditions, etc.). a) Emploi adj. : 3. ...dans les grandes cités, l'individu est beaucoup plus affranchi du joug collectif; c'est un fait d'expérience qui ne peut être contesté. C'est que nous dépendons d'autant plus étroitement de l'opinion commune qu'elle surveille de plus près toutes nos démarches.
É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, pp. 283-284. b) Emploi subst. : 4. Aussi fit-il de ses élèves des citoyens de l'humanité, des affranchis, des initiés de la raison pure. C'est un état dont quelques hommes par siècle sont dignes. Gœthe fut cela, ...
M. Barrès, Les Déracinés,1897, p. 37. − En partic. Qui s'est libéré moralement, qui ignore les scrupules de conscience (en matière sexuelle notamment). ♦ Emploi adj. : 5. Toute cette belle jeunesse est « affranchie ». Ces ouvrières sont réputées pour être parmi les moins chastes d'Espagne.
H. de Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 600. ♦ Emploi subst. : 6. ... comme Thérèse protestait, elle ajouta : − Ah! tu l'as bien, toi, l'esprit de famille! tu poses pour l'affranchie... Mais depuis ton mariage, tu es devenue une femme de la famille...
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 230. Rem. S'emploie le plus souvent, dans ce sens, en parlant de femmes. 3. Arg. Qui vit en marge des lois, homme du milieu. a) Emploi adj. : 7. Bientôt après arrivent les cochers de chez Latouche, tous bons diables, mais gueulards! Les plus jeunes posent aux gars « affranchis » avec leur pantalon à patte d'éléphant, leur foulard tordu sur leur nuque rasée.
E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, pp. 49-50. b) Emploi subst. : 8. Affranchi : ..., grand voleur de rue. (ms Jacquinot, 1820-1840).
L. Larchey, Dict. historique d'argot,nouv. suppl., 1889, p. 3. 9. Le héros des Anges noirs, Gabriel Gradère, est le frère d'un affranchi de Carco. Vu par Carco, il ne paraîtrait nullement effroyable, il prendrait un aspect presque normal, parce que son cas n'engagerait pas l'éternité. Un trafiquant de coco, un souteneur, un maître chanteur, c'est l'art unique de « Monsieur Francis » de nous les rendre proches et familiers.
F. Mauriac, Journal 2,1937, p. 154. 10. Affranchi (fagot). Forçat libéré.
Ch.-L. Carabelli,[Langue de la pègre]. B.− Sens techn. 1. BÂT., subst. masc. ,,Dans un bloc équarri ou un morceau taillé utilisé en construction, excédent d'épaisseur sur les dimensions à obtenir, pour permettre une retaille ultérieure éventuelle sans descendre au-dessous desdites dimensions.`` (Lar. 3). 2. Pour les autres sens techn., cf. affranchir1II B. Prononc. : [afʀ
ɑ
̃
ʃi]. Enq. : /afʀã
ʃi/. STAT. − Fréq. abs. litt. : 622. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 141, b) 889; xxes. : a) 784, b) 723. |